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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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S’il me paraît solide, je vous donnerai une lettre de change
sur une banque de ma famille. J’ai des serviteurs partout en Italie, vous
pourrez vous appuyer sur eux, mais en cas de trahison, je ne souhaite à
personne ce que je vous ferai subir…
    — Je ne vous trahirai pas, madame, promit-il.
    Elle lui fit signe qu’il pouvait se retirer.
    Après son départ, elle ressentit l’excitation
de l’action à venir. Elle avait deviné que ce jeune comédien ambitieux était
prêt à tout pour changer de vie. S’il parvenait à faire venir les Gelosi, elle
le garderait à son service. Elle devait maintenant s’occuper des autres aspects
de son projet.
    En ce qui concernait Isabeau de Limeuil, elle
savait qu’elle lui obéirait ; elle avait un moyen de pression infaillible
sur elle. Il restait donc seulement à convaincre Navarre d’accepter une
entrevue.
    Dès le lendemain, un de ses officiers partait
pour le château de Montaigne avec une forte escorte et des laissez-passer. Il
devrait ramener l’ancien maire de Bordeaux à Paris. Quant à Ludovic Gouffier, il
partit trois jours plus tard pour Milan, muni d’une lettre de change de cinq
mille florins sur la banque Carnesecchi, et aussi de quelques potions de
Catherine.

5.
    En ce mois de mai 1586, le septier de froment
fut vendu huit écus aux halles de Paris. Il y eut une si grande affluence de
mendiants par les rues qu’on fut contraint de lever une aumône pour leur
subsistance. Deux députés de chaque paroisse allèrent ainsi quêter par les
maisons, où chacun donnait ce que bon lui semblait.
    L’hiver n’en finissait pas et quand les
pauvres ne mouraient pas de faim ou de maladie, c’est le froid qui les tuait.
    Les Gelosi étaient arrivés au début du mois à
Paris. Catherine ne voulut pas les recevoir, pour que personne ne se doute que
c’était elle qui les avait fait venir, mais elle leur fit remettre deux cents
écus par l’intermédiaire de Ludovic Gouffier. Elle leur fit aussi connaître ce
qu’elle attendait d’eux. Ils l’accompagneraient dans un voyage à Chenonceaux. Il
y aurait de nombreuses fêtes et elle voulait que leurs divertissements soient d’une
exceptionnelle qualité afin d’adoucir les esprits et les caractères. Farces, ballets
à machines, tragédies et pastorales seraient au programme. Que Flavio lui fasse
parvenir un mémoire sur les dépenses qu’il engagerait.
    À cette occasion, Ludovic raconta à la reine
mère comment il avait fait accuser, puis évader Isabella à Mantoue. Catherine
de Médicis le complimenta et lui remit cinq cents écus. Il reprit ensuite son
rôle et sa place à l’hôtel de Bourbon pendant que Flavio recrutait quelques
acteurs supplémentaires, achetait du matériel et des toiles pour les décors, et
surtout cherchait une salle pour jouer.
    Il n’y avait alors qu’un théâtre à Paris, celui
des confrères de la Passion de Notre Sauveur qu’on appelait l’hôtel de
Bourgogne, car il avait été construit sur l’emplacement de l’ancien palais de
Jean sans Peur. Les troupes de passage représentaient donc leur spectacle dans
les grandes salles des hôtels abandonnés comme l’hôtel de Bourbon ou l’hôtel de
Reims. Mais elles étaient toutes occupées. Il ne restait que celle de l’hôtel
de Cluny, rue des Mathurins, qui avait déjà été utilisée par des comédiens
italiens. Les Gelosi obtinrent le droit de la remettre en état et d’y jouer, sous
la réserve de ne représenter aucun spectacle scabreux, ou contre la religion.
    Car malgré la pression de la Ligue et du
clergé, la plupart des troupes jouaient toujours des pièces paillardes et
ordurières. Un auteur de l’époque expliquait que les gens de bien, après
avoir assisté à ces représentations, en revenaient l’âme souillée et l’esprit
tourné à la luxure, car non seulement les images les plus obscènes, les mots
les plus crus, les maximes les plus honteuses émaillaient le dialogue des
farceurs, mais encore leur pantomime et leurs jeux de scène étaient d’horribles
provocations à la débauche.
    Le curé de Saint-Eustache, auteur de vigoureux
sermons pour défendre la foi, était perpétuellement en guerre avec les maîtres
de la Passion de Notre Sauveur. Cette confrérie louait l’hôtel de Bourgogne à
des comédiens qui se moquaient des prêtres dans des farces impudiques et impies.
Ainsi, celle qui avait le plus de succès représentait un abbé qui offrait un
bénéfice à un chapelain

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