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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ruban bleu.
    Richelieu songea avec tristesse combien son
maître avait changé depuis le siège de La Rochelle, treize ans plus tôt, quand
il était rentré à son service. Le jeune homme brillant et hardi qu’il avait
connu n’était plus qu’un vieillard usé, même si, par un lourd maquillage, il
tentait de faire croire qu’il était dans la fleur et la force de son âge, et
en pleine santé.
    Le roi fit deux pas vers son fauteuil tandis
que O et Richelieu restaient debout.
    Une fois assis, Henri III se tint un
instant immobile, ne parlant ni ne remuant pied ou main, avant de déclarer d’une
voix lente :
    — La maladie de Mayenne est la première
bonne nouvelle depuis longtemps. Le diable puisse l’emporter, ainsi que son
frère, et toute la Ligue ! Quand je songe à tout ce que j’ai fait pour lui !
    — Sa Majesté a appris ce matin que le duc
de Mayenne est au plus mal, expliqua le marquis d’O à Richelieu. Au cours du
siège de Montségur, les maladies se sont répandues dans son armée affaiblie par
les privations de nourriture. Lui-même a été atteint d’une fièvre tierce et
transporté en litière à Bordeaux. On dit qu’il pourrait avoir attrapé la peste…
    — Montségur est tout de même tombé, soupira
le roi.
    — C’est de peu d’importance, sire, le
rassura O. Songez qu’avec ses huit mille hommes, Mayenne n’a gagné que quatre
villes en quatre mois : Montignac, Castets, Sainte-Bazeille et Montségur. Combien
d’années lui faudra-t-il pour tenir toute la Gascogne ? En revanche, Henri
de Navarre a bien joué à cache-cache avec lui. Il s’est adroitement sorti du
piège de Nérac. On m’a dit qu’il se dirigerait vers Exoudun [36] qu’assiège depuis trois mois Agrippa d’Aubigné.
    — Ce ne sont que des coups de main !
remarqua Richelieu en haussant les épaules. Croyez-vous que Navarre reprendra
le Poitou avec quelques centaines d’arquebusiers et de gentilshommes ?
    — Non, bien sûr ! répliqua le roi, Navarre
a beau être un brillant capitaine, il ne peut que jouer à cache-cache… Au
demeurant les protestants n’ont jamais gagné sur un champ de bataille et si je
n’avais pas demandé à Biron et à Matignon de retenir leurs armées, mon cousin
ne serait plus rien… Mais gardez ça pour vous ! Si les ligueurs l’apprenaient,
ils auraient tôt fait de venir me saisir dans mon Louvre pour m’enfermer dans
quelque couvent ! Il doit être clair qu’aucune alliance entre mon
beau-frère et moi ne sera possible tant qu’il sera protestant, je veux juste qu’il
ne soit pas écrasé pour qu’il continue à gêner ce gros pourceau de Mayenne.
    — Votre mère parviendra peut-être à le
convaincre de se convertir, suggéra O.
    — Parlons-en, puisque c’est la raison
pour laquelle j’ai demandé à M. de Richelieu de venir.
    Il s’adressa au grand prévôt :
    — Ma mère pense avoir désormais le moyen
de convaincre Navarre d’accepter la conversion.
    — Elle en est bien capable, sire, fit
poliment Richelieu. Elle y est parvenue avec son père.
    — Henri n’est pas Antoine, monsieur de
Richelieu ! répliqua sèchement le roi. Je sais que mon cousin a déjà cinq
fois changé de religion, alors une fois de plus, me direz-vous ? Pourtant,
il ne le fera pas, car il sait que se convertir maintenant serait perdre le
soutien des protestants, ses seuls fidèles.
    — Mais madame votre mère sait tout cela, sire.
Pourquoi donc souhaite-t-elle cette rencontre ? interrogea Richelieu.
    Le roi ne répondit pas tout de suite, il garda
un visage figé. Henri aimait sa mère, mais il connaissait mieux que personne
son machiavélisme. Ne l’avait-elle pas entraîné dans l’assassinat de Coligny ?
N’avait-elle pas convaincu son frère Charles d’ordonner l’épouvantable massacre
de la Saint-Barthélemy ?
    — Je ne veux pas qu’elle tue mon
beau-frère, lâcha-t-il finalement.
    — Croyez-vous que c’est ce qu’elle
envisage ? demanda Richelieu, avec une expression d’horreur.
    — Franchement, je l’ignore encore, monsieur
le Grand Prévôt. Pour l’instant, Navarre n’a pas accepté de parler avec elle, et
rien ne dit qu’une entrevue aura lieu. Mais je dois m’y préparer. Ma mère
souhaite rencontrer mon beau-frère à Chenonceaux. Elle s’y rendra avec sa
maison et sa cour. Jusqu’à présent, Bellièvre [37] l’avait toujours accompagnée et me tenait informé, mais elle m’a fait
savoir que, cette fois, elle

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