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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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s’il consentait à lui livrer sa sœur.
    À l’hôtel de Bourbon, ce n’était guère mieux
puisqu’on jouait l’histoire de la pauvre villageoise qui aimait mieux avoir la
tête coupée par son père que d’être violée par son seigneur !
    Pour éloigner toute critique, Isabella proposa
aux Gelosi d’interpréter deux pièces qu’elle avait écrites : une comédie, celle
du médecin qui guérissait toutes les maladies, sauf la peur du capitaine
Spavento, et une tragédie.
    La vie du roi était
publique. Dès son réveil, les portes de sa chambre étaient ouvertes et une
cohorte de courtisans assistait à son lever et à ses besoins naturels. Un peu
plus tard, le conseil restreint qui suivait ne lui permettait pas plus de s’occuper
d’affaires personnelles, ni la messe qui lui succédait, ni la promenade et le
dîner, ni l’heure consacrée à recevoir les courtisans dans les deux grandes
salles du Louvre construites par Pierre Lescot. C’est seulement après ces
obligations que le monarque pouvait s’entretenir en privé avec ses familiers, avant
de se montrer à nouveau pour rencontrer bourgeois, officiers et gentilshommes
dans la salle des Cariatides – la grande salle basse du Louvre – ou dans les
appartements de la reine.
    Sauf durant le conseil, et bien sûr quand le
roi l’ordonnait, une douzaine de gentilshommes gascons commandés par François
de Montpezat, baron de Laugnac, entouraient Henri III. Quatre d’entre eux
devaient toujours rester au plus près de lui. Ce jour-là, il y avait M. de Sarriac,
M. de Saint-Félix, M. de Saint-Pol et M. de Joignac,
tous quatre d’une insolence rare envers les autres gentilshommes de la chambre.
Huit autres des quarante-cinq gardaient les portes, sous le commandement d’Eustache
de Cubsac.
    Le roi, sortant de la salle du conseil, située
au rez-de-chaussée, annonça qu’il se retirait dans le grand cabinet qui
jouxtait sa chambre de parade et dont les fenêtres donnaient sur la Seine. Suivi
du marquis d’O, il prit le grand escalier pour gagner ses appartements. À la
porte, O ordonna à Eustache de Cubsac de les attendre sans les suivre. M. du
Plessis, seigneur de Richelieu, qui avait été convoqué la veille, les attendait
dans le petit cabinet tendu de cuir doré.
    Richelieu était à la fois prévôt de l’Hôtel et
grand prévôt de France. Chargé de la police et de la justice des maisons
royales, c’est-à-dire de la Cour et des maisons de la reine et de la reine mère,
il avait toute autorité pour juger en dernier appel les traîtres, les rebelles
et les espions.
    Visage blême et émacié, yeux sombres
profondément enfoncés dans leurs orbites, justaucorps, mantelet et toque noire,
fine barbe de la même teinte, tout paraissait sinistre chez lui. Quand le roi
entra, il regardait la Seine, la main appuyée sur la poignée de sa lourde épée
à arceaux de bronze.
    Au bruit, il se retourna tandis que Génissac
et Saint-Pastour, les deux quarante-cinq présents avec lui dans le cabinet, portaient
la main à leur épée. D’un geste agacé, le marquis d’O leur fit signe de sortir.
Saint-Pastour hésita et, d’un regard, demanda confirmation au roi qui hocha la
tête. Alors seulement le Gascon obtempéra.
    — Ces chiens féroces doivent apprendre à
obéir ! gronda le marquis d’O qui détestait les quarante-cinq du duc d’Épernon,
sauf Cubsac bien sûr puisqu’il avait été à son service.
    Richelieu s’inclina en s’avançant vers le roi
et le marquis. Bien que tous deux aient à peu près le même âge, le contraste
était saisissant. Le marquis d’O avait un visage dur, nerveux, un regard vif et
inquisiteur, souvent féroce. Si les rides étaient maintenant nombreuses sur son
front et autour des yeux, il gardait un corps d’athlète. Sa chevelure noire
était très courte, ainsi que sa barbe taillée en pointe. Il portait un
pourpoint de soie noire brodé de perles et un collet à l’italienne. Une épée à
poignée d’argent et une miséricorde étaient serrées à sa taille.
    À côté, le roi, presque chauve, édenté, maladif,
marchait péniblement, souffrant d’abcès et de fistules. Sa cape flottait sur
ses maigres épaules. Sa pâleur était maquillée de poudre rose. Son crâne dénudé
était masqué par une toque aux plumes serties de diamant. À ses oreilles
pendaient des chapelets de lourdes perles. Un panier contenant trois minuscules
petits chiens était attaché à son cou par un large

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