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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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effrénée et, malgré le poids des ans, sa
grâce et ses rondeurs généreuses étaient toujours recherchées des hommes.
    — Ce n’est plaisant pour aucune des
filles de votre escadron, madame, ironisa la naine, en éclatant méchamment de
rire. Voulez-vous écouter…
    —  E bene, chante-moi donc ça !
Tu en meurs d’envie…
    La naine prit une minuscule viole et, s’asseyant
aux pieds de la reine, elle commença d’une voix perçante :
    Mme de Sauves
y est bonne,
    Son con est toujours pour la paix,
    Catin, vous estes fortunée,
    D’avoir un haras de putains ! [34]
    — Assez ! fit
Catherine, qui ne supportait pas qu’on traite ses filles d’honneur de putains.
    Vexée, la naine s’éloigna en se dandinant, faisant
rire toutes les filles d’honneur qui s’étaient avancées pour l’écouter.
    Ces rires fâchèrent encore plus Catherine qui
déclara, fort en colère :
    —  Basta ! Fuori ! Sortez
toutes, petites dindes, et laissez-moi seule !
    En un instant, la pièce se vida. C’est alors
qu’un laquais annonça la visite d’Antoinette de La Tour-Landry, une ancienne
dame d’honneur.
    Accompagnée d’un jeune homme au maintien
discret et aux habits modestes, elle venait porter ses vœux pour la nouvelle
année et fut surprise de découvrir la reine seule.
    — Majesté, je suis venue avec un comédien
fort réputé en ce moment à Paris, pensant qu’il pourrait vous présenter
quelques mimes pour vous délasser.
    — Pourquoi pas ? sourit sombrement
la reine. J’en ai bien besoin, je viens de chasser mes filles qui m’agaçaient.
    — Je tiens beaucoup à l’aider, Majesté, dit
Mme de La Tour-Landry en désignant le jeune homme, car il est presque
mon fils…
    — Votre fils ? Racontez-moi ça !
    — Ludovic ! Il se nomme Ludovic, Majesté.
En vérité, c’est le fils de mon ancien mari, le sire de Boisy.
    — Boisy ? Claude Gouffier ? Je
me souviens en effet de lui ! Le chambellan et grand écuyer de
François Ier, mon beau-père… C’était un gentilhomme accompli, fort subtil,
que j’appréciais beaucoup !
    — Je l’aimais aussi, soupira Mme de La
Tour-Landry. Il m’a quittée trop tôt.
    — Ainsi vous seriez son fils ? demanda
Catherine au jeune homme, avec une moue de scepticisme.
    — Je n’ai appris le nom de mon père qu’il
y a peu, madame, dit le nommé Ludovic, avec un léger accent italien. Ma mère, Vincenza
Armani, était comédienne bien qu’issue d’une noble famille de Venise, et avait
rejoint la troupe des Desiosi.
    — Les Desiosi ! Les désireux de
plaire ! Je me souviens de quelques-uns de leurs spectacles !
    — Mon père était, dit-on, très riche. Il
possédait un château à Oiron où il fit venir les Desiosi. Il tomba sous le
charme de ma mère.
    Comme son arrière-grand-père Laurent le
Magnifique, Catherine était dure, sans scrupules, sans morale et sans pitié. Mais
curieusement, elle adorait les romans de chevalerie et les récits d’amour
courtois. Rien ne la passionnait plus que les histoires d’amour.
    — Vous seriez le fruit de cet amour ?
    — Oui, Majesté. Les Desiosi sont
finalement rentrés en Italie. M. Gouffier n’a jamais revu ma mère.
    — Qui vous dit que c’est la vérité ?
    — Ces lettres qu’il lui a écrites à
Venise, et qu’elle m’a remises sur son lit de mort.
    Il sortit trois plis jaunis de son manteau et
les tendit à la reine en se mettant à genoux.
    C’étaient bien des lettres de Claude Gouffier,
il les avait d’ailleurs signées du titre italien que François Ier lui
avait offert et qu’il utilisait peu : celui de marquis de Caravaz [35] . Catherine de Médicis les lut attentivement avant de lui demander :
    — Vous êtes allé à l’abbaye ?
    — Oui, Majesté. Ce n’était plus qu’une
ruine. Le prieur et les moines… avaient été tués par des hérétiques.
    — Ensuite ?
    — Je suis venu à Paris, et comme je ne
savais que jouer la comédie, je suis resté comédien. On m’attribue un certain
talent, et j’ai acquis en quelques mois une honnête réputation. Je fais salle
comble quand je joue Scaramouche. Puis j’ai rencontré Mme de La
Tour-Landry qui a été bonne pour moi, mais sans preuve d’un don de mon père, elle
m’a dit que je ne pourrais rentrer dans mon bien.
    — En effet. C’est dommage pour vous. Votre
père était si riche que même après sa mort on n’a retrouvé qu’une partie de sa
fortune. On dit qu’il

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