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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ne souhaitait pas sa présence. Quelque chose se
trame que j’ignore, et je n’ai personne autour d’elle pour me renseigner, sauf
si vous êtes parvenu à placer quelqu’un dans sa maison…
    — J’ai essayé, et j’ai échoué, monseigneur.
Le lieutenant criminel M. Rapin, qui est aussi prévôt de l’hôtel de votre
mère, a plusieurs fois, à ma demande, essayé d’introduire des espions comme
femme de chambre, huissier, cuisinier, ou même conducteur de sa haquenée, en
vain. C’est M. de Bezon qui s’occupe de la police secrète de madame
la reine mère et personne n’est parvenu à le tromper. J’ai moi-même tenté de
corrompre des dames de compagnie, son secrétaire, son médecin, des chapelains, ou
même des nains, mais c’est impossible…
    Henri savait tout cela. Il soupira.
    — Pourtant, vous m’avez fait savoir que
vous aviez peut-être trouvé quelqu’un ?
    — En effet, mais ça restera une solution
fort boiteuse. Madame votre mère a fait venir d’Italie une troupe de théâtre, les
Gelosi, pour qu’ils jouent à Chenonceaux un spectacle exceptionnel devant Henri
de Navarre. Je suis parvenu à faire entrer un homme à moi dans leur troupe…
    Le roi leva un sourcil intéressé.
    — J’ai beaucoup aimé les Gelosi quand ils
étaient en France, se souvint-il, c’est moi qui les avais fait venir pour les
états généraux de Blois, en 76. Je me souviens encore de leurs représentations
à l’hôtel de Bourbon, c’était une grande fête ! Flavio dirige-t-il
toujours la troupe ?
    — Oui, monseigneur.
    — J’aurais plaisir à me rendre à une de
leurs représentations. Jouent-ils à l’hôtel de Bourbon ?
    — Non, sire, ils sont à l’hôtel des abbés
de Cluny. Mais il vaudrait mieux que vous ne les rencontriez pas, grimaça
Richelieu. La reine ne doit rien suspecter, et si vous les approchiez, elle
pourrait se méfier.
    — Vous avez raison. Qui est votre homme ?
    — Un comédien italien qui joue à l’hôtel
de Bourgogne. Flavio devait compléter sa troupe et, sur mes conseils, mon homme
s’est fait engager.
    — Je le connais ?
    — Il fait courir tout Paris en ce moment
dans le rôle de Scaramouche. Il dit se nommer Lorenzo Venetianelli, mais je
doute que ce soit son nom véritable. On le surnomme Il Magnifichino .
    — J’en ai entendu parler, approuva le roi
en hochant la tête. Êtes-vous sûr de lui ?
    — Je l’ai déjà utilisé à plusieurs
reprises. Il est parfois invité à jouer à l’hôtel de Guise et chaque fois qu’il
entend quelque chose là-bas, il me le transmet. C’est un comédien talentueux
qui ne craindrait pas d’utiliser le poignard si nécessaire. Je le juge hardi et
peu torturé par les scrupules. Il m’a accompagné et attend dans le petit
cabinet. Voulez-vous que je vous le présente ?
    À demi satisfait, le roi remua légèrement la
tête de haut en bas pour acquiescer et Richelieu se dirigea vers une porte
dissimulée dans la boiserie. Un homme de moins de trente ans attendait de l’autre
côté, surveillé par deux des quarante-cinq. Il lui demanda de le suivre.
    O et le roi examinèrent attentivement le
comédien quand il entra. Il portait un pourpoint de velours noir et une
élégante chemise en damas, ainsi qu’un bonnet sans plume et des souliers hauts
de qualité. Pas de bijoux, sinon une bague. Son visage fin et avenant, avec une
élégante barbe en pointe et une fine moustache faisait plus penser à un
séducteur prétentieux qu’à un coureur d’aventures.
    Venetianelli se mit à genoux devant le roi et
garda la tête baissée.
    — C’est vous Il Magnifichino  ?
    — Oui, sire.
    Henri III resta silencieux, dissimulant à
peine sa déception. Quelle aide pouvait lui apporter ce fat ?
    — M. le Grand Prévôt vous a-t-il dit
ce qu’il attendait de vous ?
    — Il me l’a dit, sire, dit l’Italien, d’une
voix grave et chaude. Votre mère envisage de rencontrer monseigneur Henri de
Navarre à Chenonceaux. Les Gelosi seront chargés des divertissements et je
devrai essayer d’apprendre ce qui se passe.
    — Comment comptez-vous faire ? demanda
le roi d’une voix sceptique où perçait l’ironie.
    — Je peux séduire ses servantes, les
dames de compagnie, sire, je sais crocheter une porte, ouvrir une serrure… écouter
discrètement et interroger habilement.
    Henri III grimaça. Sa mère était
certainement bien trop forte pour ce jolet trop imbu de ses

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