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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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découvert
la tolérance et le doute. Je suis catholique, monsieur, j’avais approuvé la
Ligue, mais grâce à vous, j’ai appris à réfléchir par moi-même.
    — Qui est cet homme qui vous a envoyé mon
livre ? sourit Montaigne.
    — Un homme tolérant, lui aussi, bien que
je ne le connaisse guère. J’ai juste lu ce qu’il avait écrit. Il s’agit de M. de Mornay.
    Montaigne resta silencieux. Il commençait à
comprendre.
    — Le connaissez-vous, monsieur ? poursuivit
Olivier. Je sais que vous avez rencontré Henri de Navarre et qu’il est l’intendant
de sa maison.
    — Je le connais, mon garçon. J’étais avec
lui à Nérac il y a deux mois, ainsi qu’avec M. de Rosny et le roi de
Navarre…
    Il fouilla son pourpoint.
    — … Et voici une lettre de sa fille, dit-il
avec un sourire en coin.
    — Cassandre ? balbutia Olivier.
    — Oui, elle me l’a remise pour vous, mais
son père l’ignore, aussi ne la trahissez pas ! dit Montaigne, pince-sans-rire.
Songez-vous à l’épouser ?
    — Oui, monsieur, mais tout nous sépare :
je suis à Paris et elle à Montauban. Je suis catholique et elle protestante. Je
suis roturier et elle est noble.
    — Le mariage est une cage, mon ami. Les
oiseaux en dehors désespèrent d’y entrer, ceux dedans désespèrent d’en sortir, plaisanta
Montaigne. Vous êtes avocat, m’a dit Mlle de Mornay.
    — En effet, avocat assermenté à la
Chambre des comptes. J’étais d’abord avocat à la Cour des aides, mais le
président M. de Sully m’a fait radier. Grâce au soutien de M. Séguier,
j’ai été accepté à la Chambre des comptes.
    — Je repars demain, annonça Montaigne en
se levant. J’aurai l’occasion de passer par Montauban, un jour prochain. Si
vous voulez me donner une lettre, je loge à la Grande Nonnain qui ferre l’oie.
    —  Je le ferai,
monsieur.
    Montaigne s’arrêta alors et le regarda droit
dans les yeux.
    — Je suis curieux, monsieur Hauteville, c’est
un de mes défauts. Devant moi, Mgr de Navarre a remercié M. de Mornay
et sa fille pour lui avoir fait gagner neuf cent mille livres, or Mlle Cassandre
m’a assuré que c’est vous qui avez tout fait…
    Le visage d’Olivier s’assombrit.
    — Elle se gausse, monsieur, car c’est
bien son œuvre. Voici ce qui s’est passé : un receveur des tailles nommé
Salvancy détournait les impôts et remettait ses rapines à monseigneur de Guise
et à la Ligue parisienne. Mon père, qui était contrôleur des tailles, a
découvert cette fraude, aussi les ligueurs l’ont tué. J’ai repris son travail
et grâce à Mlle de Mornay, je suis parvenu à la fois à faire rendre
le fruit de son vol à M. Salvancy et à venger mon père. Ensuite, mais ce
serait trop long à vous raconter, M. de Mornay a repris cet argent
pour le donner à monseigneur de Navarre.
    Montaigne considéra un instant le jeune homme
avec un sourire narquois. Il ne lui disait pas tout, et c’était bien normal. Quelles
relations délicates y avait-il entre lui et M. de Mornay ?
    Olivier le raccompagna dans la cour avant de
revenir dans sa chambre en songeant, le cœur serré, qu’il ne reverrait pas
Cassandre avant des mois ou des années alors que M. de Montaigne, qui
passait son temps sur les chemins, la rencontrerait bientôt. Il se sentit
soudain envieux de cette vie d’aventures qu’il ne connaîtrait jamais.
    Il ouvrit la lettre. Cassandre lui racontait
sa vie, jour après jour. Ce n’étaient que des faits insignifiants, mais qui
pour lui comptaient beaucoup. Il la lut plusieurs fois avant de la ranger avec
deux autres lettres d’elle, une portée par M. de Rosny et l’autre par
Mme Sardini.
    Les trois missives rejoignirent un livre que
Cassandre lui avait aussi fait parvenir par l’intermédiaire de Mme Sardini.
C’était le nouveau testament traduit par M. de Bèze [40] . Sur la page de garde, Cassandre avait écrit : Pour toi
Olivier, mon époux devant Dieu.
    Brusquement, une idée folle lui traversa l’esprit.
Et s’il partait à Montauban la rejoindre ? Qu’est-ce qui le retenait à
Paris ? Rien ! Et si M. de Montaigne était capable, à son
âge, de traverser la France, pourquoi ne pourrait-il le faire ?

6.
    En ce dimanche de Pentecôte [41] , l’église de Saint-Merri était toute pavoisée, autant pour la grande
fête religieuse que pour la présence de la duchesse de Montpensier, Catherine
de Lorraine, sœur du duc de Guise et du duc de

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