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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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talents.
    — Imaginons, fit le roi, qu’une personne
tente… quelque chose contre monseigneur de Navarre.
    — Un attentat, monseigneur ? s’étonna
l’Italien, en écarquillant les yeux comme s’il jouait la comédie.
    — Seriez-vous capable de le déjouer à
temps ?
    — Peut-être, monseigneur. Je serai
vigilant, je vous le promets.
    Il prit une posture avantageuse que n’aurait
pas rejetée le capitaine Spavento.
    — Supposons que vous découvriez celui ou
celle qui veut s’en prendre au roi de Navarre. Sauriez-vous l’écarter ? demanda
O.
    — Oui, monsieur, répondit Il
Magnifichino , après une brève hésitation qui n’échappa pas au marquis.
    Le roi fit un geste de la main, comme si tout
cela le fatiguait.
    — Le grand prévôt vous informera de ma
décision.
    Il lui fit signe de se retirer et l’homme
sortit par le même chemin.
    — Pouvons-nous lui faire confiance ?
demanda-t-il alors à Richelieu.
    — Je le pense, sire. Tant que je le paie
suffisamment.
    — Votre avis, O ?
    — Il nous faudrait un autre homme, sire. Ce
serait plus de sécurité, l’un pourrait surveiller l’autre.
    — Certainement, mais où trouver le second ?
    — Savez-vous déjà qui accompagnera madame
votre mère, sire, si l’entrevue a lieu ?
    — Non, mais elle emmènera certainement
Gondi [38] , sa créature. Peut-être Nevers, qui balance toujours entre Guise et
moi. Je demanderai qu’il y ait un Bourbon dans sa suite, ce sera donc M. de Montpensier
qui me reste fidèle, même s’il penche un peu trop pour Navarre en ce moment. Ensuite,
elle aura sa maison et ses fidèles, son haras de putains aussi. Mme de Sauves
sans doute, si elle n’accompagne pas Guise qui m’a annoncé son prochain départ
pour Châlons.
    Le duc de Guise était à Paris depuis le début
du mois de mars. Châlons était une des villes de sûreté que le duc avait
exigées après le traité de Nemours.
    — Croyez-vous vraiment que votre mère
demandera à Mme de Sauves de l’accompagner ? Elle est tout de
même la maîtresse du duc de Guise…
    — Du duc de Guise et de son frère, ricana
le roi. Oui, elle le fera, car Charlotte de Sauves a aussi été la maîtresse de
Navarre quand il était prisonnier ici. Sans doute ma mère pense-t-elle qu’il
aura encore envie d’y goûter. Vous savez bien ce qui se chante dans Paris…
    Il se saisit d’un luth qui se trouvait sur un
coffre et entonna, en pinçant les cordes de l’instrument :
    Mme de Sauves y est bonne,
    Son con est toujours pour la paix !
    Ils pouffèrent, ce qui détendit un peu la
tension.
    — Votre bateleur ne m’inspire guère
confiance, il est jeune et prétentieux et n’apprendra rien, fit le roi à
Richelieu en posant son luth. Il pourra quand même être utile…
    Il s’adressa à O :
    — Tu le sais, François, je n’ai guère de
talents, mais j’ai une certaine intuition des choses… Et ma mère est très
prévisible. Il y aura dans sa maison une personne – une femme, certainement – qu’elle
chargera d’approcher et de séduire, mon beau-frère. Cette femme, il faut que
votre Lorenzo Venetianelli la découvre.
    — Mais supposons que cette femme
parvienne à séduire Navarre, suggéra Richelieu. En quoi cela pose-t-il problème ?
    Le roi considéra un instant Richelieu, toujours
aussi impassible.
    — Ne faites pas le sot, monsieur le Grand
Prévôt. Vous avez parfaitement compris que ma mère ne chargera pas seulement
cette femme de séduire mon beau-frère…
    Richelieu hocha lentement du chef.
    — Imaginons maintenant que Il
Magnifichino découvre cette femme, et qu’il… l’écarte. Que se passera-t-il
s’il est pris ? s’enquit O. Torturé, il parlera… de nous.
    Richelieu renchérit :
    — Imaginons aussi que cette femme soit Mme de Sauves.
Quelle sera la réaction de Guise s’il découvre que nous sommes derrière la
disparition de sa maîtresse ?
    Le roi ne répondit pas et resta immobile un
long moment avant de finalement lâcher :
    — Il nous faut un autre homme. Trouvez
une solution, O !
    À cheval, suivi de
deux valets d’armes, Michel de Montaigne remontait la rue Saint-Martin, cherchant
du regard une tourelle hexagonale à l’angle d’une cour couverte. Mlle de Mornay
lui avait dit qu’elle se situait à une cinquantaine de toises de l’hôtellerie
du Fer à Cheval, elle-même, entre le cul-de-sac Claivaux et l’impasse du
More, du côté de la rue de Venise, à peu

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