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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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près en face de la rue des Ménétriers.
    Il venait de l’hôtel de la Reine, à côté de l’église
Saint-Eustache, où il avait rencontré Catherine de Médicis. Plus de deux mois
avaient été nécessaires pour venir de Nérac. D’abord, il avait dû patienter
trois semaines avant que les gens de Mayenne ne se retirent, puis il avait dû
se rendre à Bordeaux demander une escorte au maréchal de Matignon. Il avait
alors été terrassé par une terrible crise de goutte. La goutte ne le quittait
jamais, comme bien d’autres maux dont il souffrait, mais là, il avait été
immobilisé plus de deux semaines. Il n’était donc arrivé à Paris que la veille.
    Catherine de Médicis l’avait reçu dans la
matinée. Il lui avait fait part de l’accord d’Henri de Navarre sous la
condition d’une trêve. La reine souhaitait que la conférence ait lieu à Chenonceaux,
mais elle ne pouvait s’engager pour la trêve. Elle parviendrait certainement à
convaincre son fils de demander à Matignon et Biron de suspendre leurs
opérations, mais pour Mayenne, ce serait plus difficile. Il lui faudrait l’accord
du duc de Guise, à qui elle écrirait. Et bien sûr, en échange, il fallait que
Navarre s’engage aussi sur une trêve avec toutes les troupes protestantes.
    Montaigne songeait maintenant à son départ. Il
quitterait Paris le lendemain avec une escorte que Catherine mettait à sa
disposition. Ensuite il rencontrerait Henri de Navarre à La Rochelle et lui
transmettrait les propositions de la reine mère, mais il lui demanderait aussi
de trouver quelqu’un de plus jeune que lui pour poursuivre les négociations. Il
se sentait trop vieux pour ces voyages, et la goutte le faisait trop souffrir, quand
ce n’était pas la gravelle.
    Soudain, au milieu des maisons biscornues, il
aperçut la tourelle à six pans qui avançait sur la rue. Il y avait bien l’échoppe
d’un tailleur avec deux devantures voûtées en ogives au coin d’une courette
couverte. La maison de deux étages, avec de grands combles sous la haute
toiture pentue, paraissait en bon état. Celui qui l’habitait devait être un
bourgeois. Michel de Montaigne fit entrer son cheval dans la cour et descendit
de la selle lentement tant la goutte était douloureuse. Un de ses valets d’armes
attacha l’animal à un anneau avant d’aller frapper à la porte de la tour.
    De l’autre côté, une voix de femme demanda qui
il était.
    — Je me nomme Michel de Montaigne, j’ai
une lettre pour Olivier Hauteville.
    Il attendit quelque temps avant d’entendre un
bruit de ferraille, comme si on levait une herse. Puis on tira des verrous, à
moins que ce fût une clef, et la porte s’ouvrit. C’était un jeune homme d’une
vingtaine d’années au visage plaisant, portant un filet de barbe autour du
menton. Essoufflé d’être descendu au plus vite, il affichait une expression de
surprise.
    — Monsieur ? Vous… Vous êtes l’auteur…
des Essais ?
    —  En effet… répliqua
Montaigne, un peu étonné qu’on connaisse ici son livre publié six ans plus tôt.
    — Je viens de les lire, monsieur [39] . Mais ne restez pas là, j’aurais tant à vous dire !
    Montaigne se mit à rire devant l’enthousiasme
du jeune homme.
    — Je ne serai pas long, dit-il à ses
valets.
    — Perrine, ma servante, va leur servir à
boire dans la cuisine, et nous portera aussi un verre de vin, fit le jeune
homme en désignant la jeune femme dans son dos.
    Montaigne suivit son hôte jusqu’au premier
étage. Ils entrèrent dans une chambre donnant sur la rue. Le jeune homme
proposa le fauteuil tapissé, et Montaigne s’étant assis, lui-même prit une
escabelle.
    — Je n’aurais jamais imaginé vous
recevoir ici, monsieur.
    — À quelle occasion avez-vous lu mon
livre, jeune homme ? demanda Michel de Montaigne.
    — C’est… c’est un peu compliqué, monsieur.
Il s’agit d’une personne que j’ai rencontrée ici. Nous ne nous étions pas
quittés amis, et pourtant, il m’a fait parvenir ce livre par l’intermédiaire de
M. Sardini.
    — Le banquier ?
    — Oui, monsieur. L’ouvrage est là, vous
voyez, près de mon lit (il désigna une table). Cette personne en avait souligné
une partie, je l’ai aussi annoté.
    — Qu’en avez-vous retenu ?
    — Qu’une tête bien faite est meilleure
que bien pleine ! plaisanta Olivier.
    — C’est bien ! Mais c’est tout ?
ironisa Montaigne.
    — Non, monsieur… J’ai surtout

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