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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Hauteville ?
    — Je l’ignore, madame, mais elle a vécu
plusieurs jours chez lui.
    La duchesse sentit le feu brûlant de la jalousie
envahir son cœur. Elle ne put se retenir de serrer les poings.
    Ainsi cet Olivier Hauteville sur qui elle
avait daigné jeter un regard avait une maîtresse, et celle-ci était peut-être
la fille de Mornay. Une hérétique ! D’ailleurs, lui-même était peut-être
un huguenot… Non ! se raisonna-t-elle. Il allait tous les dimanches à
Saint-Merri, donc il était bon catholique. Mais il n’empêche qu’il avait vécu
avec une hérétique. Le savait-il ? Elle se jura qu’elle le sauverait de la
damnation à laquelle il n’échapperait pas s’il envisageait de la revoir.
    Elle manquait cruellement d’informations sur
ce qui s’était passé. Son frère Mayenne en savait certainement beaucoup plus. Devait-elle
lui écrire ? Lui envoyer Cabasset comme messager ? Mais ce serait se
séparer d’un homme qui pourrait lui être utile, et puis, son frère lui
répondrait-il ? Raconterait-il tout ce qu’il savait dans un courrier qui, même
chiffré, pouvait tomber entre les mains de Navarre ?
    — Savez-vous ce que fait M. Hauteville
ici ?
    — Non, mais je pourrai me renseigner, madame.
Il était avec un domestique que j’ai déjà vu chez lui, rue Saint-Martin, et
deux gardes suisses. Je pense qu’il est avec la cour de la reine.
    — C’est bien possible… Savez-vous que
monsieur Poulain est le prévôt de l’hôtel de la reine ?
    — Non… Je l’ignorais… Mais cela
expliquerait la présence de Hauteville, ces deux-là sont amis.
    — C’est tout de même étonnant :
M. Poulain est à la Ligue et M. Hauteville reçoit des hérétiques chez
lui…
    — Peut-être ne sont-ils pas vraiment des
amis, suggéra Maurevert. Peut-être Hauteville espionne-t-il Poulain, ou l’inverse…
    — Peut-être…
    Si Hauteville était avec Poulain, il irait
aussi à Chenonceaux, se dit-elle. Elle aurait alors l’occasion de le rencontrer,
de lui parler, et de découvrir ce qu’elle ignorait. Elle jugea finalement qu’elle
pouvait attendre avant d’écrire à son frère et de lui envoyer Cabasset.
    — Évitez de vous faire voir de ces deux
hommes, ce serait fâcheux qu’ils vous reconnaissent, prévint-elle Maurevert. Quand
nous quitterons Orléans, vous suivrez le convoi à bonne distance. À Blois, je
logerai au château ; vous pourrez me faire passer un billet.
    À la fin de la
première semaine d’août, la Cour partit pour Blois. Le déplacement devait durer
cinq jours et tout le monde ne se retrouvait pas aux étapes, car certains
logeaient dans les villages, d’autres dans des châteaux, d’autres encore dans
des hôtelleries ou des monastères.
    La duchesse fit le voyage en compagnie du duc
de Nevers qu’elle jugeait le plus proche de son parti, et qu’elle appréciait, car
tous deux partageaient la même haine envers le duc de Montpensier.
    L’interminable convoi avançait fort lentement
sur les chemins encombrés par des pèlerins à pied, des marchands en mule ou à
dos d’âne, et surtout des détachements d’hommes d’armes. Au milieu de tout ce
monde, Maurevert, son écuyer et les deux spadassins passaient inaperçus. D’ailleurs,
ils suivaient le convoi royal de très loin. La duchesse aperçut plusieurs fois
Hauteville, mais ne chercha pas à l’aborder. En revanche, Nicolas Poulain
venait chaque jour courtoisement la saluer, se gardant bien sûr de lui
rapporter ce que les gentilshommes de M. de Montpensier chantaient au
sujet de ses valets et de ses gardes qui affichaient la croix de Lorraine des
Guise sur leur livrée :
    Dites-moi ce que
signifie
    Que les ligueurs ont double croix ?
    C’est qu’en la Ligue on crucifie,
    Jésus-Christ encore une fois !
    Chaque jour, Poulain
veillait à ce que les gens de M. de Montpensier logent assez loin de
ceux de la duchesse. Sa plus grande crainte restait les duels ou une
échauffourée entre les deux troupes.
    Dans le château de Blois, la Cour fut logée
dans des conditions de promiscuité propices au désordre et aux dérèglements. Les
plus grandes salles avaient été cloisonnées pour recevoir gentilshommes et
dames, et la domesticité s’entassait sous les toitures surchauffées. Les rares
lits et paillasses étaient partagés à trois ou quatre et, avec la chaleur, la
vermine grouillait. Chaque jour, ceux qui voulaient rester propres devaient
passer beaucoup de temps à

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