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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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répondit à sa place :
    — J’ai proposé à M. Hauteville de l’héberger
à l’hôtel Sardini. Nous ne sommes pas très nombreux, et il restait une chambre
libre.
    Impassible, la duchesse accusa le coup. Comment
se pouvait-il que Mme Sardini, cousine de la reine, petite-fille du
vicomte de Tonnerre, épouse d’un des plus riches financiers de Paris, ait
proposé à ce roturier, petit avocat à la Chambre des comptes, de loger chez elle ?
Était-elle sa maîtresse ?
    De nouveau la jalousie lui brûla le cœur et Mme Sardini,
pas plus qu’Hauteville, ne dirent mot pour la rassurer. Rapidement, Mme de Montpensier
abrégea la promenade pour rentrer au château, ne sachant comment assembler tout
ce qu’elle savait désormais sur Olivier Hauteville.
    Alors qu’elle avait ainsi l’esprit en désordre,
un fait la frappa. Pourquoi la reine avait-elle demandé à Mme Sardini de l’accompagner ?
Certes, Isabeau de Limeuil avait fait partie de l’escadron volant, vingt ans
plus tôt, certes elle avait été la maîtresse du père de l’actuel prince de
Condé, mais elle était désormais une femme fanée et sans attraits. Pourquoi
devait-elle être présente pour la venue d’Henri de Navarre ?
    Ce que la duchesse
ne pouvait savoir, c’est que Mme Sardini connaissait bien Olivier.
    La première fois qu’ils s’étaient rencontrés, c’était
dans la maison du banquier. Olivier était venu annoncer à Cassandre qu’il avait
envoyé M. de Cubsac demander de l’aide au marquis d’O, à Caen. Isabeau
de Limeuil, informée de toute l’opération contre le receveur Salvancy, avait
assisté à l’entretien.
    De retour à Montauban, Cassandre avait écrit à
Mme Sardini. Malgré la guerre, sa lettre était arrivée à l’hôtel du
banquier, au chemin du Fer-à-Moulin. Elle était accompagnée d’un paquet.
    Dans son courrier, Cassandre remerciait Mme Sardini
pour ses bontés lors de sa venue et la suppliait de faire parvenir le paquet à M. Olivier
Hauteville, rue Saint-Martin. Intriguée et curieuse, Isabeau de Limeuil l’avait
porté elle-même, escortée par les Suisses Hans et Rudolf.
    Olivier l’avait reçue dans un mélange d’inquiétude
et de méfiance. Cela faisait cinq mois que M. de Mornay et sa fille
lui avaient volé les quittances que lui-même avait pris au receveur félon. Depuis,
il avait appris que les quittances avaient été payées par la banque Sardini, et
comme il savait que Mme Sardini avait toujours été informée de l’entreprise,
il se doutait bien qu’elle était complice de M. de Mornay.
    Isabeau de Limeuil, en robe de drap noir
doublée de bougran noir et bordée d’un bourrelet de velours aux épaules, lui
avait expliqué d’une voix neutre que Cassandre de Mornay lui avait demandé de
lui apporter ce paquet. Il l’avait pris, hésitant à l’ouvrir devant elle, mais
comme elle ne faisait pas mine de se retirer, il avait brisé le sceau et
détaché les cordons.
    Le paquet contenait une lettre et deux petits
livres. Le premier, il l’avait reconnu : c’était le nouveau testament
traduit par M. de Bèze qu’il avait trouvé dans son lit, quand elle
habitait chez lui. Le second était les Essais de Michel de Montaigne, avec
un mot amical de M. de Mornay.
    Hésitant, il avait montré à Isabeau le livre
de M. de Bèze.
    — Mademoiselle de Mornay est une
hérétique ! avait-elle dit dans un sourire.
    — Je le sais, madame. Et je vous remercie
de m’avoir porté ce paquet.
    Évidemment, il ne lui avait pas fait lire le
contenu de la lettre, sinon l’histoire que nous racontons aurait connu son
épilogue à cet instant.
    Olivier n’avait plus revu Mme Sardini
jusqu’au jour du départ de la Cour, quand les véhicules s’étaient rangés le
long de la Seine. Son chariot était placé juste avant la litière de la femme du
banquier. Naturellement, il était donc allé la saluer.
    Par la suite, ils avaient fait le voyage
ensemble. Il n’y avait aucune attirance physique entre eux et, au début, ils
avaient surtout parlé de Cassandre. Les deux Suisses se mêlant parfois à leur
conversation, car ils étaient restés longtemps avec la fille de Mornay, lorsqu’ils
avaient fait route ensemble de Figeac à Paris.
    Au fil des rencontres, Olivier avait parlé de
son père assassiné par la Ligue. Il s’était vite aperçu que Mme Sardini
savait tout de l’entreprise de fraude sur les tailles à laquelle il avait mis
fin. Ils n’avaient

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