Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
de les manger eux-mêmes s’ils ne les laissaient pas faire.

10.
    La cour de Catherine de Médicis s’installa à
Orléans au début du mois d’août. Son gouverneur, Charles de Balzac d’Entragues,
ligueur proche des Lorrains, était l’un des survivants du duel des mignons qui,
en 1578, avait opposé trois amis des Guise à trois partisans du roi. Il avait
épousé Marie Touchet, l’ancienne maîtresse de Charles IX.
    L’année précédente, le roi avait envoyé le duc
de Montpensier avec une troupe de gendarmes pour reprendre la ville qui s’était
déclarée pour la Ligue, mais Entragues l’avait repoussé en lui faisant tirer
dessus. Depuis, par le traité de Nemours imposé au roi par Guise en juillet
1585, Orléans était devenu place de sûreté pour la Ligue.
    La reine mère n’envisageait donc pas d’y
rester longtemps, cette ville n’étant qu’une étape. En revanche, la duchesse de
Montpensier, qui était arrivée bien avant le cortège royal, appréciait la cité
ligueuse. Installée dans sa maison de la rue de la Recouvrance, elle avait
rapidement été contactée par Maurevert.
    Le tueur des rois avait pris logis à l’hostellerie
de l’Escu de France et engagé deux hommes de main italiens qui se présentaient
eux-mêmes comme des spadaccini. Ils avaient fui de Rome après avoir battu un
cardinal, expliquèrent-ils à Maurevert, mais depuis qu’ils étaient en France, ils
vivaient dans la misère et recherchaient un protecteur. L’un, grand et maigre, était
maître escrimeur et se faisait appeler Maestro Jacopo, le second, petit et
rondouillard, était son valet et se nommait simplement Giovanni.
    Avant de les prendre à son service, Maurevert
avait voulu mesurer leur habileté dans la scienza cavalleresca [56] . Après quelques assauts en salle d’armes, puis en champ clos en dehors
de la ville, il avait été convaincu ; tous deux étaient d’une rare
virtuosité. De surcroît, les deux spadassins savaient aussi bien manier le
pistolet et le poignard que la rapière. Maurevert leur avait promis trois écus
par semaine avec le gîte et le couvert. Sans maître et sans passeport, les
Italiens, qui ne voyaient comme fin de leur misère que de devenir brigands de
grand chemin, avaient accepté.
    La cour de la reine mère était à Orléans
depuis trois jours quand un gamin vint déposer un billet chez la duchesse de
Montpensier. Maurevert souhaitait lui parler de toute urgence. Accompagné du
capitaine Cabasset, elle se rendit masquée à l’Escu de France, car il était
trop risqué que Maurevert vienne chez elle où un de ses gentilshommes aurait pu
le reconnaître.
    Dans l’hôtellerie, dont l’enseigne
représentait un écu fleurdelisé tenu par deux anges, une servante les conduisit
dans la chambre de Maurevert, puis leur porta à dîner. Après avoir été servi, Maurevert
fit sortir la servante et s’expliqua.
    — Madame, j’ai aperçu en ville un homme
que votre frère m’avait demandé de faire disparaître, l’année dernière à Paris.
    Il avait été convenu entre la duchesse et
Maurevert que Cabasset, homme de confiance de Mayenne, serait mis dans la
confidence du projet d’assassinat d’Henri de Navarre. Le capitaine, pourtant, n’avait
pas été informé de l’identité réelle de celui qu’on appelait uniquement M. Le
Vert.
    — De qui s’agit-il ? s’inquiéta la
duchesse.
    En quelques mots, Maurevert lui raconta ce qui
s’était passé au printemps 1585. Comment Mayenne était venu le chercher à
Arcueil, lui demandant de faire disparaître un contrôleur des tailles pouvant
causer du tort à la Ligue…
    — La difficulté, madame, était que cet
homme était protégé par un lieutenant du prévôt d’Île-de-France, un ligueur qui
ne devait être ni blessé ni tué. De surcroît, ce contrôleur trop curieux avait
un garde du corps…
    — Quel était le nom de ce lieutenant du
prévôt ? l’interrompit-elle, prise soudain d’un inquiétant pressentiment.
    — M. Poulain, madame. Nicolas
Poulain.
    À ce nom, la duchesse frémit. L’homme choisit
par son frère pour être prévôt de la Cour ! Qu’est-ce que cela signifiait ?
Puis elle se rassura : M. de Mayneville lui avait assuré qu’il
était aux Guise, elle pouvait lui faire confiance. D’ailleurs Maurevert venait
de dire qu’il était ligueur…
    — Continuez ! fit-elle.
    — J’engageai quelques truands et je
préparai l’attaque de la maison de

Weitere Kostenlose Bücher