Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
l’hôtel.
    Il explora les galeries. À leurs extrémités, elles
communiquaient par des échelles jusqu’à un sombre passage qui longeait une cour
avant de déboucher sur un petit jardin. De là, en se glissant entre deux
maisons, on arrivait en bas des marches conduisant à la rue des Papegaux. Il
lui serait donc facile de fuir. Restait à trouver un endroit pour tirer. Il
rechercha d’abord un logement vide, mais il n’y en avait pas. En revanche, en
haut de l’escalier à claire-voie, il était possible, en passant sur la rambarde,
d’atteindre le toit de la maison mitoyenne qui se trouvait un peu plus bas. Là,
il pourrait se placer contre une cheminée où il serait à l’abri du vent. C’était
chose facile pour un homme tel que lui, capable de toutes sortes de contorsions.
Il découvrit même, contre la cheminée, un corbeau de pierre qui lui permettrait
d’appuyer le mousquet.
    À l’heure du départ, il ferait nuit – il
espérerait au moins qu’il ne pleuvrait pas – mais la cour de Mme Sardini
serait certainement illuminée par des flambeaux.
    Par malchance, Olivier
Hauteville l’avait aperçu, tandis qu’il rêvait à Cassandre, devant la fenêtre
de sa chambre dans l’hôtel Sardini. La première fois, Olivier avait vu passer
le comédien qui paraissait examiner les maisons de la rue, comme s’il cherchait
une adresse. Il n’y avait pas prêté attention. En revanche, la seconde fois, c’était
le lendemain matin, il l’avait aperçu quand il grimpait l’escalier à
claire-voie. Olivier s’était dit alors que Scaramouche avait trouvé une bonne
fortune !
    Ce même jour, Mme Sardini avait reçu la
lettre du roi mais elle n’en prit connaissance que le soir, en rentrant du
château :
    Madame Sardini, dame
de Limeuil,
    Pour ce que j’ai en grande estime votre
fidélité et zélée dévotion à mon service, je vous ordonne et enjoins bien
expressément que sans délai ni excuse reveniez au plus tôt en mon château du
Louvre. Vous ferez chose qui me sera très agréable, et le contraire me
déplairait grandement.
    Priant Dieu, madame, qu’il vous ait en Sa
sainte garde.
    En lisant le pli, elle
resta stupéfaite. Que signifiait cet ordre ? Que lui voulait le roi ?
Le cœur battant, elle relut plusieurs fois la missive avant de demander à ses
laquais comment elle était arrivée, mais ils ne se souvenaient pas du porteur, sans
doute un quelconque valet. Alors elle s’interrogea : devait-elle montrer
cet ordre à la reine ? Et surtout, devait-elle se soumettre ?
    Elle choisit vite de ne pas obéir. La reine
savait où était son enfant, un enfant qu’elle avait cherché vingt ans. Elle ne
pouvait partir maintenant. Elle décida que si le roi lui reprochait son
indiscipline, elle affirmerait ne jamais avoir reçu de lettre. Après tout, celle-ci
avait été portée par un inconnu, et non par un notaire, un magistrat ou un
exempt.
    Malgré tout, elle ne dormit guère, cette
nuit-là.
    Le lendemain devait être la veille du départ. Le
château était devenu une ruche bourdonnante. Des centaines de domestiques
préparaient les malles, démontaient les meubles et les tentures, transportaient
caisses et coffres sur les charrettes et les chariots qui attendaient un peu
partout dans la cour. Aucun divertissement, aucun ballet, aucune comédie n’était
prévu.
    Après la messe, Mme Sardini rendit visite
à la reine et resta au château quelques heures. Rentrée chez elle, elle vérifia
que son intendant avait tout préparé pour son départ. Elle n’emporterait à
Chenonceaux que des matelas, du linge et des vêtements. Nicolas Poulain l’avait
avisée qu’elle serait logée au château où la reine avait déjà fait porter des
meubles et des lits, mais qu’elle serait particulièrement à l’étroit au deuxième
étage.
    Le soir, elle soupa avec Olivier, Nicolas, Hans
et Rudolf, ainsi que son médecin, un homme taciturne d’une cinquantaine d’années.
Ils n’échangèrent que des banalités et Isabeau resta absente de la conversation.
Que lui voulait le roi ? se demandait-elle inlassablement.
    Le départ était prévu à la pique du jour, aussi
se fit-elle habiller à la lueur des flambeaux et des lanternes. Les domestiques
étaient levés depuis deux heures déjà pour préparer le coche et atteler les
animaux. Elle avala une soupe dans la cuisine et mangea quelques fruits confits.
Olivier était déjà parti avec son équipage, car Nicolas Poulain voulait

Weitere Kostenlose Bücher