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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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pourtant jamais abordé ouvertement leurs rôles respectifs, mais
une certaine complicité, pleine de sous-entendus, les avait rapprochés.
    À Blois, comme Olivier et ses domestiques ne
disposaient que d’une paillasse pour trois sous les combles du château, c’est
tout naturellement qu’elle leur avait proposé de loger dans une chambre vide de
son hôtel de la rue du Puy-Châtel. Une belle demeure de pierre avec un jardin
appelée la maison au porc-épic à cause de l’emblème de Louis XII gravé sur
le porche.
    Nicolas Poulain, invité à dîner, s’était
déclaré envieux des conditions de logement de son ami. Lui-même n’ayant, dans
le château, qu’un minuscule cabinet surchauffé et obscur.
    Après la prise de
Montagu, la reine reçut un nouveau négociateur du roi de Navarre et on commença
à murmurer que la Cour partait pour Chenonceaux.
    Tout au long du voyage, Lorenzino Venetianelli
avait laissé traîner ses oreilles, séduit quelques filles de cuisine et femmes
de chambre, et même livré quelques assauts à l’épée mouchetée avec des
gentilshommes – il jurait avoir été maître d’armes en Italie – dans le but de s’en
faire des amis. Malgré ses efforts, il n’avait rien appris des intentions de
Catherine de Médicis.
    Aussi, à Blois, dès qu’il avait su où habitait
Mme Sardini, il s’était rendu rue du Puy-Châtel pour examiner l’hôtel du
banquier et les maisons environnantes. Il avait aussi observé combien Mme Sardini
était proche de la reine qui lui demandait souvent de rester auprès d’elle. Catherine
de Médicis agissait d’ailleurs de même avec Isabella Andreani, ce qui intriguait
beaucoup le comédien qui aurait aimé être une mouche afin d’assister à leurs
entretiens. Il avait bien tenté de séduire les deux jeunes dames d’honneur, Hélène
et Cassandre, qui restaient toujours près de la reine, mais il avait découvert
qu’elles n’aimaient pas les hommes.
    Il se demandait si Mme Sardini obéirait à
l’ordre du roi. Que se passerait-il si elle en parlait à la reine ? Celle-ci
pourrait bien s’opposer à l’injonction de son fils.
    Un matin, Flavio lui annonça leur départ
prochain pour Chenonceaux. Le lendemain, Venetianelli fit porter à Mme Sardini
la lettre du roi par le valet d’une auberge proche. Il avait décidé que si la
veille du départ de la Cour, Mme Sardini ne partait pas pour Paris, ce
serait à lui d’agir, de l’écarter, comme le lui avait ordonné Richelieu, car il
n’aurait pas trop d’une journée pour y parvenir.
    Mme Sardini étant toujours escortée par
deux Suisses, il ne pouvait l’approcher pour lui donner un coup de dague ou un
coup de pistolet. Le moyen le plus simple était donc de lui tirer dessus avec
un mousquet. Même s’il ne la tuait pas, la blessure l’empêcherait de quitter
Blois.
    Mais une telle entreprise soulevait quantité
de difficultés. En premier lieu, il n’avait pas de mousquet. Il trouva un
armurier non loin des cordeliers à qui il expliqua qu’il partait en voyage et
qu’il désirait s’armer. La vente des armes à feu était surveillée par le
lieutenant civil mais, pour soixante écus, l’armurier accepta de lui vendre
discrètement un mousquet et de la poudre. Venetianelli promit de revenir le
lendemain et l’armurier lui assura qu’il pourrait essayer l’arme dans le verger
derrière son échoppe. Le comédien avait déjà tiré avec toutes sortes d’arquebuses,
mais il manquait d’entraînement. Cette proposition le rassura.
    Il restait encore à décider d’où tirer. Durant
le voyage jusqu’à Chenonceaux, ce serait impossible. Le mousquet avait une
portée d’une centaine de pas et il n’aurait jamais la possibilité de se
dissimuler en chemin. Qui plus est, Mme Sardini serait en général à l’intérieur
de son coche, sans doute invisible derrière des rideaux de cuir. Il en vint à
la conclusion qu’elle ne serait vulnérable qu’en sortant de chez elle pour
monter dans sa voiture. Mais d’où tirer dans cette étroite rue du Puy-Châtel ?
    Il la parcourut plusieurs fois. À moins de
cent pas, il n’avait guère de choix. Il y avait en face de l’hôtel Sardini, et
un peu en amont et en retrait des autres maisons, un escalier en colombage à
claire-voie conduisant à trois étages de galeries desservant des chambres et
des logis. S’il tirait de cette hauteur, il ne serait pas gêné, même si le
coche se trouvait devant le porche de

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