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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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venant des
logements des alentours, mais ils ne virent personne. Ceux qui avaient entendu
le coup de feu n’avaient aucune envie de sortir, d’être interpellés, questionnés,
et peut-être suspectés.
    Il n’y avait pas de vent et, en haut, Poulain
renifla l’odeur de la poudre. Il fut alors certain que c’était de là qu’on
avait tiré.
    — Tu sens ?
    — Oui, renifla Olivier. Le coup est parti
d’ici ?
    — Sans doute. (Il se pencha sur la
rambarde.) Ou de ce toit… Le tireur était en embuscade et doit être loin à l’heure
qu’il est. C’était bien Mme Sardini qu’il visait. Mais pourquoi ? Rentrons,
il n’y a plus rien à découvrir ici.
    Une cavalcade se fit entendre dans la rue. Ils
se penchèrent mais on n’y voyait pas grand-chose. Puis un autre flambeau fut
allumé devant la maison de Mme Sardini et ils distinguèrent quelques
cavaliers.
    Ils redescendirent. En chemin, Olivier fit
part à son ami de ce qui le taraudait depuis qu’ils avaient emprunté l’escalier.
    — Tu sais… Cela n’a peut-être aucun
rapport… Je ne veux accuser personne, mais j’ai vu un des Gelosi, avant-hier
dans la rue, et je l’ai revu hier dans cet escalier.
    — Qui ?
    —  Il Magnifichino .
    Poulain resta silencieux. Il avait plusieurs
fois observé le comédien italien durant des assauts d’escrime. C’était un bon
bretteur. Où avait-il appris ? Savait-il aussi utiliser un mousquet ?
C’était probable. Mais pourquoi aurait-il tiré sur Mme Sardini ? Vengeance ?
Jalousie ? Il pencha pour une vengeance. À travers Mme de Limeuil
c’était peut-être son mari qu’on avait voulu atteindre. Pourquoi pas une
intrigue des Guise ? C’étaient bien leurs méthodes… On avait tué ainsi l’amiral
de Coligny. Il se promit d’interroger Il Magnifichino dès qu’il aurait
rejoint le convoi. Finalement, malgré sa réputation, ce comédien n’était
peut-être qu’un assassin, un spadassino.
    Arrivés devant la maison au porc-épic, ils
virent trois chevaux et un petit poney. Aux montures, Poulain comprit
immédiatement qui était là. Ils entrèrent. Trois hommes d’armes attendaient
avec le valet. Ils passèrent dans la chambre. M. de Bezon était au
pied du lit.
    Le nain se retourna en entendant leurs pas.
    — Où étiez-vous, monsieur Poulain ? demanda-t-il
autoritairement, comme pour lui reprocher son absence.
    — Dans la rue, monsieur de Bezon, dans
une maison en face. J’ai trouvé d’où on avait tiré…
    — Si vite ?
    — Oui, monsieur. Comment va-t-elle ?
    Le médecin avait un visage ravagé.
    — Elle vit encore, mais il n’y a rien à
faire, murmura-t-il.
    — Il y a toujours à faire ! répliqua
sèchement Bezon. Il faut extraire la balle.
    — Elle mourra ! répliqua le médecin,
en haussant les épaules.
    — Elle mourra dans tous les cas ! Connaissez-vous
un chirurgien ?
    — Il y en a un dans la rue, dit le médecin.
Mais je ne sais pas…
    — Allez le chercher ! l’interrompit
autoritairement Bezon. Qu’il n’oublie pas ses instruments !
    Même si la tête du nain arrivait à peine au
niveau du lit, personne n’osait discuter son autorité.
    — Faites chauffer de l’eau, qu’elle soit
brûlante, beaucoup d’eau, plusieurs bassines, ordonna-t-il à la servante. Apportez-moi
aussi des récipients vides et du linge propre. Quelles herbes avez-vous aux
cuisines ?
    — Je… Je ne sais pas, monsieur… Je ne
crois pas qu’on en ait beaucoup, la maison était inoccupée avant notre arrivée…
Je vais demander au concierge.
    — Trouvez-moi du vin, alors, et du
vinaigre. Qu’un de mes hommes aille chez l’herboriste et ramène du
mille-feuille et de la belladone. Je veux des feuilles et des baies.
    Elle sortit avec le médecin pendant que Bezon
se tournait vers Olivier.
    — Apportez-moi ce tabouret, je suis trop
petit.
    Olivier s’exécuta et le nain monta sur le
petit siège.
    — Monsieur Poulain, faisons fi de la
décence, vous serez plus rapide que moi, déshabillez-la !
    Poulain regarda Olivier, gêné, puis il s’approcha
et commença à défaire le laçage du corsage. Le médecin avait juste découpé un
morceau de la robe et de la chemise pour dégager la plaie.
    La robe s’ouvrait devant, Olivier défit
ensuite un gilet, puis la chemise. Il ne restait que la brassière. Il n’osait
la défaire.
    — Ça ira ! dit le nain, baissez sa
robe plus bas.
    La plaie, toute petite, boursouflée, était
maintenant

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