La guerre des rats(1999)
000, le plus haut chiffre en pertes humaines dans les annales de la guerre. L’Armée rouge fit état de 750 000 morts, blessés et disparus, tandis que les pertes allemandes s’élevèrent à 400 000 hommes. Les Italiens perdirent 130 000 de leurs
200 000 soldats, les Hongrois eurent 120 000 tués, les Roumains 200 000. Sur une population de plus de 500 000 habitants avant la guerre, Stalingrad ne comptait que 1 500 civils survivants après la bataille.
Pour les deux camps, l’issue de la bataille de Stalingrad fut capitale. Jamais auparavant la totalité d’une armée allemande n’avait disparu corps et biens au combat. Le mythe de l’invincibilité nazie était brisé. Les Soviétiques avaient remporté une grande victoire ; résistant au punch le plus puissant de Hitler, la Russie avait riposté en lui portant un coup mortel. Les nazis avaient été stoppés à Stalingrad. Pendant le reste de la guerre, les Allemands menèrent un combat d’arrièregarde. Deux ans plus tard, les troupes soviétiques fêtaient la victoire dans les rues de Berlin.
Deux hommes se retrouvèrent au cœur du carnage : l’adjudant-chef russe Vassili Zaïtsev et le colonel de SS Heinz Thorvald.
Chacun d’eux avait la réputation d’être le meilleur tueur de son armée, un tireur d’élite aux capacités extraordinaires. Chacun d’eux reçut pour mission de trouver et d’éliminer l’autre. Chacun d’eux savait que sa némésis le cherchait dans le gigantesque dédale de ruines et de mort qu’était Stalingrad.
Trois des quatre principaux personnages de La Guerre des rats — Zaïtsev, Thorvald et la tireuse d’élite Tania Tchernova — combattirent effectivement à Stalingrad. Leurs exploits et ceux de plusieurs de leurs camarades ont été relatés dans un certain nombre d’ouvrages historiques dont ce roman est tiré. Si l’histoire de Zaïtsev et celle de sa famille sont rapportées fidèlement, j’ai ajouté aux biographies de Thorvald et Tania des détails imaginés ou modifiés à des fins romanesques. Mais les destins du tireur d’élite allemand et de la résistante russe n’ont subi aucun changement. Le quatrième personnage, le caporal Nikki Mond, est un soldat allemand composite dont l’expérience à Stalingrad est aussi proche de la réalité que possible.
Les dates, les mouvements de troupes, les principaux combats décrits dans La Guerre des rats sont des faits historiques. En outre, la plupart des scènes secondaires, les affrontements personnels sont également fondés sur les souvenirs de survivants que j’ai interviewés ou sur des témoignages écrits. Comme dans tout roman, cependant, la question de l’exactitude absolue se pose, notamment pour les scènes à caractère privé. Il est évidemment impossible de décrire les pensées de quelqu’un d’autre, les actes auxquels personne n’a assisté. On peut toutefois, à force de recherche et de compréhension, recréer ce qu’un individu a pu faire, ce qu’il a pu ressentir en le faisant, d’une manière qui, tout en relevant de la fiction, demeure véridique.
DLR,
Richmond, Virginie.
UN
Le caporal, le lièvre, la résistante et le professeur
1
De la tranchée, Nikki Mond leva les yeux vers une aube grise et sale.
En cette fin d’octobre, les premières lueurs du ciel demeuraient prises dans un poing de fumée et de poussière. Les feux des bombardements de la nuit murmuraient dans les gravats. Sur le front, à quatre cents mètres, des chars et des camions brûlaient en éructant une fumée grasse et noire. Des particules de briques et de béton donnaient à chaque inspiration un goût de craie.
Nikki posa son fusil pour étirer son dos et ses jambes, déboucha sa gourde. Il n’avala pas la première gorgée mais rinça sa bouche pour en ôter la poussière. Il n’avait rien bu de la nuit : la soif l’aidait à rester éveillé pendant la garde.
— File-m’en un coup, réclama le soldat Pfizer, qui s’approchait pour prendre la relève. J’ai l’impression d’avoir respiré de la merde sèche toute la nuit.
Nikki lui tendit la gourde.
À cinquante mètres d’eux, le lieutenant Hofstetter sortit du bunker des officiers et secoua sa capote grise. Il la boutonna nonchalamment en se dirigeant vers les deux hommes, qui se raidirent à son approche.
— Trop tôt pour le garde-à-vous, marmonna l’officier dans un bâillement.
— Oui, lieutenant, répondit Nikki.
— Rien à signaler, caporal ?
—
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