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La Guerre Du Feu

La Guerre Du Feu

Titel: La Guerre Du Feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J.H. Rosny aîné
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contre une pierre, trébuchait dans un creux, heurtait une saillie de la muraille, car il fallait porter les armes, les provisions, et ces cages à feu que Naoh ne pouvait abandonner. Comme les flammes rampaient toutes menues au fond des cavités, elles n’éclairaient point la route : leur faible lueur rougeâtre se perdait vers le haut et indiquait à peine les inflexions de la muraille. En revanche, elle signalait confusément les silhouettes fugitives...
    – Vite ! Vite ! cria le chef.
    Nam et Gaw ne pouvaient prendre une course franche. Et les bêtes géantes approchaient. À chaque pas, on percevait mieux leur souffle. Comme leur fureur s’accroissait à mesure qu’elles sentaient l’ennemi plus proche, tantôt l’une, tantôt l’autre poussait un grondement. Leurs vastes voix se répercutaient sur les pierres. Naoh en concevait mieux l’énormité des structures, la formidable étreinte, le broiement irrésistible des mâchoires...
    Bientôt les ours ne furent plus qu’à quelques pas. Le sol vibrait sous Naoh, un poids immense allait s’abattre sur ses vertèbres...
    Il fit face à la mort ; inclinant brusquement la cage, il dirigea la maigre lueur sur une masse oscillante. L’ours s’arrêta net. Toute surprise éveillait sa prudence. Il considéra la petite flamme, il vibra sur ses pattes, avec un appel sourd à sa femelle. Puis, sa fureur l’emportant, il se jeta sur l’homme... Naoh avait reculé et, de toutes ses forces, il lança la cage. L’ours, atteint à la narine, une paupière brûlée, poussa un rugissement douloureux, et, tandis qu’il se tâtait, le Nomade gagnait du terrain.
    Une clarté grise filtrait dans les galeries. Les Oulhamr apercevaient maintenant le sol : ils ne trébuchaient plus, ils filaient à grande allure... Mais la poursuite reprenait, les fauves aussi redoublaient de vitesse et, tandis que la lumière s’accroissait, le fils du Léopard songea que, à l’air libre, le danger deviendrait pire.
    De nouveau, l’ours géant fut proche. La cuisson de la paupière avivait sa rage, toute prudence l’avait quitté ; la tête gonflée de sang, rien ne pouvait plus arrêter son élan. Naoh le devinait au souffle plus caverneux, à des grondements brefs et rauques.
    Il allait se retourner pour combattre, lorsque Nam poussa un cri d’appel. Le chef vit une haute saillie qui rétrécissait le couloir. Nam l’avait déjà dépassée, Gaw la contournait. La gueule de l’ours rauquait à trois pas, lorsque Naoh, à son tour, se glissa par l’hiatus en effaçant les épaules. Emportée par son élan, la bête se buta, et seul le mufle immense passa par l’ouverture. Il béait, il montrait les meules et les scies de ses dents, il poussait une grande clameur sinistre. Mais Naoh n’avait plus de crainte, il était soudain à une distance infranchissable : la pierre, plus puissante que cent mammouths, plus durable que la vie de mille générations, arrêtait l’ours aussi sûrement que la mort. Le Nomade ricana :
    – Naoh est maintenant plus fort que le grand ours. Car il a une massue, une hache et des sagaies. Il peut frapper l’ours, et l’ours ne peut lui rendre aucun de ses coups.
    Il avait levé sa massue. Déjà, l’ours reconnaissait les pièges du roc, contre lesquels il luttait depuis son enfance. Il retira sa tête avant que l’homme eût frappé, il s’effaça derrière la saillie. Sa colère demeurait, elle soulevait ses côtes et battait à grands coups ses tempes, elle le poussait à des actes impétueux. Pourtant, il ne lui céda pas. Car il était conduit par un instinct sagace, qui n’oubliait pas les circonstances. Depuis le matin, à deux reprises, il avait reconnu que l’homme savait faire souffrir par des coups étranges. Il commençait à accepter le sort, il se faisait en lui un travail chagrin qui, plus tard, devait lui faire ranger l’être vertical parmi les choses dangereuses : il le haïrait avec ténacité, il s’acharnerait à le détruire, mais il ne déploierait pas seulement contre lui la force et la prudence, il le guetterait, il se mettrait à l’affût et recourrait aux surprises.
    L’ourse grondait, moins instruite par l’événement, car aucune blessure n’avait accru sa sagesse. Comme le cri du mâle l’invitait à la prudence, elle cessa d’avancer, supposant quelque piège de la pierre ; car elle n’imaginait pas qu’un péril pût naître des créatures débiles cachées au tournant de la

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