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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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éternua.
    – Attends-moi, je serai pas long, prévint Hanisch en traversant la rue et en entrant dans une Bierstube .
    – Tiens, prends-les, avec ça tu vas provisoirement t’économiser un manteau.
    Sans y toucher, Adolf regarda les exemplaires de l’ Arbeiterzeitung avec méfiance.
    – Que voulez-vous que je fasse de ce ramassis de bobards antigermains ?
    Hanisch rigola.
    – Tu es drôle de naissance ou c’est venu petit à petit ?
    Adolf lui lança un regard de basilic à qui on vient de marcher sur la queue. Le Sudète cessa de rire.
    – Glisse les feuilles sous ta chemise, tu vas voir, ça coupe bien le froid.
    À l’abri dans un couloir d’immeuble, le jeune homme se dévêtit et s’emmaillota avec les feuilles sociales-démocrates, aidé de Hanisch qui les attachaient avec de la ficelle autour des bras et des avant-bras. Il l’aida aussi à se tapisser le dos et la poitrine avec trois doubles pages de chaque côté. Il se
rhabilla et fut satisfait du résultat, déjà sa température corporelle se redressait. Seul inconvénient : un bruit de papier froissé à chaque mouvement.
    – Je te parie cinq contre un que tes Peaux-Rouges ils connaissaient pas cette combine, crut bon d’ironiser Hanisch en tortillant ses moustaches en guidon de vélo pour empêcher le givre de se déposer sur les poils.
    Adolf haussa les épaules.
    – Évidemment, puisqu’il n’y avait pas de journaux au Far West !
    Les mains dans les poches, le dos rond pour que glisse le vent, ils remontèrent la Mariahilferstrasse vers la vieille ville. Passant devant la devanture d’un marchand de tableaux, Hanisch examina l’une des huiles exposées en vitrine représentant la Stephanskirche.
    – J’aime bien la manière dont il a su restituer la lumière. Qu’en pense l’ancien élève des Beaux-Arts ?
    – Vous voulez dire qu’il l’a complètement ratée ! Vous avez déjà vu des couchers de soleil pareils ?
    – Possible, n’empêche que si tu étais capable d’en faire autant, tu ne serais peut-être pas dans la Scheisse où tu te trouves en ce moment, répliqua l’ancien graveur, piqué dans son amour-propre.
    – C’est une croûte ! N’importe quel étudiant de première année ferait mieux. Quant à ma situation présente, qui vous dit que je ne suis pas ici volontairement… Qui vous dit que je ne suis pas en train d’écrire une thèse sur les conditions d’existence des classes sociales défavorisées… Qui vous dit que je ne suis pas un journaliste en pleine activité ?
    Tel un gros chien qui se méfierait d’une souris, Hanisch secoua la tête, ne sachant que penser.
    – Ne te fâche pas ! Je disais ça parce que, si j’avais cette toile, j’en tirerais facilement vingt Kronen … minimum.
    Adolf redressa sa mèche.
    – Pour vingt Kronen , je vous peins le même avec mon pied gauche, les yeux fermés.
    – Tu es sérieux ?
    – Toujours.
    Hanisch sortit de son havresac un carnet écorné et un bout de crayon à l’extrémité mâchurée.
    – Tiens, gros malin, vas-y, montre ce que tu sais faire, et si t’es aussi bon que tu le prétends, je m’engage à t’acheter le matériel et à vendre tout ce que tu produiras… Et pour les bénéfices, normal, on partage cinquante-cinquante.
    Dédaignant le carnet et le crayon, Adolf se permit un petit ricanement, inhabituel chez lui.
    – Vous vous prenez pour un membre du jury, peut-être ? Prouvez-moi d’abord que vous êtes un aussi bon vendeur que vous le dites. Après, peut-être, nous aviserons.
    – D’accord, donne-moi quelque chose à vendre !
    Hanisch vit Adolf regarder autour de lui comme s’il cherchait à s’orienter, puis il accepta le carnet et le crayon et écrivit une page entière qu’il data et signa. Il détacha la page soigneusement et lui rendit le carnet.
    Sans un mot, il fit demi-tour et accéléra le pas. Hanisch fit de même.
    Après avoir contourné la Westbahnhof, ils arrivèrent dans la Felberstrasse. Adolf refusa de s’y engager plus avant.
    – J’ai mes raisons et elles ne vous regardent pas. Présentez ce billet à la patronne du restaurant Frieda d’Hambourg, il se trouve en bas de la rue sur la gauche, et revenez avec ce qu’elle va vous remettre.
    Hanisch se composa un air méfiant qui le faisait ressembler à un traître de comédie italienne.
    – Pourquoi t’y vas pas, toi ? Tu lui dois de l’argent ?
    – Non, il s’agit d’un simple dépôt et j’ai mes raisons

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