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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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pour ne pas y aller en personne.
    Depuis sa première nuit à la belle étoile sur le banc du Prater, son aspect physique et vestimentaire avait empiré. Il ne voulait pas être vu aussi dépenaillé. Il avait honte.
    En attendant le retour de Hanisch et de ses ridicules moustaches en guidon de vélo, Adolf songea aux nombreuses fois où Gustl et lui, côte à côte, étaient passés devant ce même coin de rue. C’était dans une autre vie.
    Hanisch réapparut, le carton à dessins sous le bras. Adolf le lui arracha des mains.
    – J’espère que vous ne l’avez pas ouvert !
    – Non, je n’y ai pas touché, mais je dois les voir avant de les vendre, hein, tu comprends ça au moins ?…. Ah oui, elle m’a dit de te dire qu’elle avait choisi la vue de l’église de Leonding… Elle m’a dit que tu comprendrais.
    – Je vais vous les montrer, mais pas en pleine rue, il fait trop froid. Allons plutôt à la gare.
    À l’abri du vent, dans un coin du grand hall des arrivées, Adolf lui montra les dix premières aquarelles correspondant à sa première période viennoise. Le Parlement, la Hofoper, le château de Schönbrunn…
    Un simple coup d’œil suffit à Hanisch pour comprendre qu’il venait de trouver l’embellie tant souhaitée.
    – Viens, on va au buffet, on sera plus à l’aise pour les admirer et c’est moi qui régale.
    – Vous avez de l’argent tout à coup ?
    – J’en ai toujours quand il s’agit de célébrer un grand moment. Allez, viens, tu es bleu de froid et ce n’est pas le moment de tomber malade.
    Ils entrèrent dans la grande salle enfumée et bruyante. Un serveur les jaugea avec suspicion.
    – Vous avez de l’argent ? dit-il avec un regard appuyé sur le cocard d’Adolf qui entrait dans sa phase Coucher de soleil sur Dun Morogh.
    Hanisch montra une pièce de cinq  Kronen . Ils s’installèrent près d’une fenêtre donnant sur les quais animés.
Encouragé par le Sudète (Puisque je te dis que c’est moi qui paye !), Adolf commanda une tasse de bouillon et une portion de gâteau aux noix.
    – Je peux te garantir par écrit que je peux vendre facilement ces deux-là, affirma Hanisch en isolant une vue de la Karlskirche après l’orage et une perspective de la Gloriette de Schönbrunn, avec un banc au premier plan décoré d’une petite pancarte.
    La voix d’Adolf se fit sifflante.
    – Essayez-vous de me dire que les autres sont moins réussis ?
    Hanisch attendit que le serveur eût déposé leur commande et se fût éloigné pour répondre :
    – Ce que tu peux être susceptible ! Ce n’est pas une question de qualité ! Je choisis ces deux-là parce que ce sont des vues de Vienne. Si tu es à Vienne, tu ne vas pas acheter en souvenir des vues de Linz ou de Leonding ! Le temps de manger et je vais les vendre. Tu n’as qu’à m’attendre ici.
    – Longtemps ?
    – Deux à trois heures, guère plus.
    – Dans ce cas, vous payez nos consommations avant de partir, exigea Adolf en levant le bras pour attirer l’attention du serveur.
    – La confiance règne, dit Hanisch en sortant une pièce de cinq  Kronen .
    Il s’apprêtait à rempocher la monnaie quand Adolf tendit la main, paume en l’air.
    – Profitez-en pour me rendre les cinq Heller que vous m’avez empruntés sous le porche.
    Le Sudète parut trouver un goût saumâtre à cette réclamation.
    – Je te ferai remarquer que rien que ton gâteau m’a coûté douze Heller  !
    – Cela n’a strictement rien à voir. Ce gâteau vous me l’avez offert, tandis que les cinq Heller vous me les avez empruntés.
    Jetant cinq pièces de un  Heller sur la table, Hanisch se leva et sortit, les deux aquarelles sous le bras. Adolf commanda une deuxième portion de gâteau aux noix et commença à attendre. Il se pencha vers la fenêtre, frotta la vitre embuée et assista à l’entrée en gare d’un train express. La plupart des consommateurs quittèrent le buffet pour aller sur le quai… ce même quai où trois ans plus tôt il débarquait, l’amour-propre intact, la tête débordante d’espoirs, émerveillé par tout ce qu’il allait découvrir… si seulement il avait pu deviner !
    ***
    Il faisait nuit et plus de trois heures s’étaient écoulées quand Hanish réapparut.
    – Où sont mes aquarelles ? demanda Adolf en constatant que les mains du Sudète étaient vides.
    – Viens, partons maintenant sinon l’asile va être fermé. Je te raconterai en chemin.
    Adolf ne

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