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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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lui coûta trente jours de prison et une interdiction de séjour dans l’entier royaume de Bavière. Hanisch avait alors échoué à Vienne, où il végétait depuis un an, attendant une occasion de se refaire.
    À 19 h 30, le directeur de l’asile, suivi de l’ensemble du personnel, fit son entrée dans le foyer. Tous se levèrent et récitèrent une prière qui louait le Seigneur d’avoir guidé leurs pas jusqu’ici.
    – Braves gens, je vous le demande droit dans les yeux, qu’avez-vous fait pour mériter d’être ici ce soir ? Songez aux milliers de déshérités qui en cet instant même grelottent de froid dehors, et songez au règlement si vous ne voulez pas les rejoindre !
    Le sermon dura une demi-heure. D’après le peu qu’Adolf écouta, il était question du manteau de saint Martin. Le directeur s’élevait fermement contre les dénigreurs qui soutenaient que si saint Martin avait été en odeur de sainteté il aurait offert son manteau en entier et non pas la moitié.
    – Eh bien, figurez-vous qu’à l’époque saint Martin était un officier romain, et à ce titre il payait cinquante pour cent
de tout son équipement, aussi n’avait-il pas le droit d’offrir à ce miséreux la totalité de son manteau, puisqu’une moitié était propriété de l’État.
    Le directeur conclut en les adjurant de conserver intacte leur foi en Dieu et en tous ses saints, mais aussi de prendre leur avenir à bras-le-corps et de se précipiter vers un avenir radieux, serein, dépourvu de poux, de puces, de punaises, de morpions et autres vermines sataniques qu’il avait le plus grand mal à éradiquer de son établissement.

26
    « Dans la vie, celui qui ne veut pas être le marteau sera l’enclume. »
    Friedrich Nietzsche
    Obdachlosenasyl de Meidling.
    6 heures.

    – Debout là-dedans ! Tout le monde aux lavabos et gare aux traînards, gueula Peau de Vache en entrant dans le dortoir, allumant la lumière, flanquant des coups de pied dans les châlits.
    Adolf se leva et imita son voisin qui pliait son couchage. Autour d’eux, on se raclait la gorge, on s’étirait bruyamment, on grognait, on flatulait, on éructait, on se serait cru dans la ménagerie d’un cirque, l’odeur incluse.
    Après s’être lavés et rasés à l’eau froide, ils déjeunèrent d’une assiettée de soupe et un morceau de pain identiques, en goût et en quantité, à ceux de la veille.
    À 7 heures, une sonnerie stridente retentit dans l’asile.
    – Ça veut dire qu’on a dix minutes pour s’en aller, dit Reinhold Hanisch avec fatalisme.
    Tous les pensionnaires furent dans la rue dans les délais requis et les grilles de l’asile se refermèrent ; elles ne rouvriraient pas avant 18 heures.
    Il faisait encore nuit et une rafale de vent balaya la rue. Adolf frissonna en relevant le col de son veston. Et maintenant, que faire, et où aller en attendant 18 heures ?
    – Vivement l’été ! ironisa Hanisch dans son dos.
    Adolf lui envia son épais manteau. Comment avait-il pu être aussi irresponsable en vendant le sien ?
    – Si t’as rien de mieux à faire, viens avec moi chez Kathi, on y distribue une soupe gratuite.
    Prenant l’air préoccupé de l’homme d’affaires subitement confronté à plusieurs rendez-vous importants, Adolf fit mine d’hésiter :
    – C’est loin ?
    – Un peu, c’est près de la Westbahnhof. Mais comme ça ouvre entre 9 et 10 heures, il vaut mieux partir tout de suite si on veut qu’il nous en reste.
    Ils longèrent le mur du cimetière de Meidling, traversèrent la voie ferrée de la Südbahnhof et remontèrent jusqu’au canal, passant par la Lägenfeldgasse, marchant vite pour distancer le froid.
    – Comment ça se fait que t’as pas de manteau ? demanda Hanisch en l’entendant claquer des dents.
    – J’avais un besoin urgent d’argent, et comme je ne crains pas le froid, je l’ai mis au Dorotheum.
    Hanisch lui lança un regard sceptique qui enflamma le blanc-bec.
    – Il n’y a rien d’extraordinaire à cela. Je me suis intensivement entraîné à combattre les intempéries. J’ai suivi les méthodes d’endurcissement des Mescaleros du Rio Secos, il n’y a pas plus dur dans tout le Far West, vous pouvez vous renseigner.
    « C’est un maboul de première, je vais l’embobiner les doigts dans le nez », se dit Hanisch en frottant ses mains gantées.
    Une longue théorie de miséreux piétinait déjà devant les portes closes du couvent

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