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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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mon permis de colportage. Je leur ai dit que j’avais fait la demande, mais qu’il fallait bien que je gagne ma vie en attendant.
    Adolf haussa les épaules.
    – Combien les avez-vous vendues ?
    – Quinze Kronen .
    – C’est plus qu’hier ! s’exclama Adolf en se donnant une claque sur la cuisse.
    Hanisch afficha un air modeste. Il avait vendu vingt Kronen la Hofoper et douze la Hofburg.
    – Et toi, où est ton matériel ?
    – À quoi bon m’encombrer tant que je ne sais pas où je vais peindre ? J’ai seulement acheté ce carnet et ces crayons pour me refaire la main… Mais puisque nous sommes dans les comptes, je vous rappelle que ce matin vous êtes parti en oubliant de payer vos consommations. Vous me devez vingt et un Heller .
    Tout en lui comptant son argent, Hanisch le dévisagea, l’air dubitatif.
    – Dis donc, tu ne serais pas un peu juif par hasard ?
    ***
    Le lendemain matin, Reinhold Hanisch sélectionna une perspective de la Franz-Josefsplatz et une vue générale de Linz et du Danube (avec une tour de guet en premier plan).
    – Aujourd’hui, je vais essayer ces deux-là… mais je ne te garantis rien.
    Le Sudète écuma plusieurs Heurige dans le Prater avant de trouver un maraîcher linzois un peu soûl qui lui acheta la vue générale pour dix Kronen . Il refusa la perspective sous prétexte que ce n’était pas la Franz-Josefsplatz de Linz. Hanisch s’était étonné :
    – Pourquoi ? C’est pourtant bien Linz.
    – Il n’y a pas de statues sur cette place, il y a juste la colonne de la Trinité.
    Adolf reçut quatre Kronen ainsi qu’un reproche direct.
    – Tu m’as fait rater une vente avec ce tableau. Il m’a dit qu’il en voulait pas parce que c’était pas Linz.
    – C’est un crétin, puisque c’est la Franz-Josefsplatz de Linz.
    – Il a dit qu’il n’y avait pas ces deux statues sur cette place.
    Adolf, qui s’apprêtait à répliquer fermement, changea de sujet.
    – Avez-vous cette fois rencontré des problèmes avec la police ?
    Hanisch posa une paire de lunettes noires sur son nez.
    – Dès que j’en vois un, je joue à l’aveugle.
    Adolf approuva : il affectionnait ce genre de ruse de Sioux.
    – Bravo ! Mais tu devrais parfaire ton déguisement en y ajoutant une canne. Trouves-en une et je la peins en blanc… gratuitement bien sûr.
    – Tiens, on se tutoie maintenant ?
    Au moment du coucher, Adolf se débarrassa de sa carapace de papier journal, et son œil fut accroché par le titre d’un article vantant les mérites du Männerheim, un hôtel spécialement conçu pour accueillir tous les défavorisés souhaitant remonter la pente savonneuse de la déchéance.
    Il montra la feuille de journal à Hanisch.
    – Tu connais ?
    – J’en ai entendu parler… C’est à perpète, à l’autre bout de la ville, près de Leopoldstadt. Tout ce que je sais, c’est que c’est pas gratuit comme ici.
    – D’après l’article c’est un établissement d’avant-garde. Il y a une salle de lecture, une salle de jeu et une bibliothèque. Et puis il y a aussi un cordonnier, un coiffeur et une blanchisserie. Si tu te donnais la peine de le lire, tu verrais que le journaliste présente l’endroit comme le rêve magique d’un refuge céleste sur Terre… et aussi, un miracle d’élégance et de modicité des prix.
    Adolf tapota de l’index la page.
    – Pour deux Kronen et demie par semaine on a une chambrette individuelle avec un verrou.
    Moyennement impressionné, Hanisch demanda :
    – Y a pas de dortoir ?
    – Il y en a quatre.

27
    « Les rares témoignages concernant Hitler durant les années qu’il passa à Linz et à Vienne concordent sur un point : ses relations avec les femmes sont surtout faites de rêves, de blocages et de craintes. Dans la réalité il n’y a pas de femme. L’étrange est que l’on ne décèle aucune modification, en ce domaine, durant les six années qu’il passa à Vienne, c’est-à-dire entre dix-huit et vingt-quatre ans, pas la moindre expérience, même pas une passion non partagée. »
    Brigitte Hamann, La Vienne d’Hitler. Les années d’apprentissage d’un dictateur
    Männerheim, foyer pour hommes.
    Meldemannstrasse 27
    Quartier de Brigittenau.

    – C’est grand, s’ébaudit Adolf, agréablement surpris par les dimensions du bâtiment de six étages qui occupait la moitié d’un pâté de maisons.
    L’endroit pouvait accueillir jusqu’à cinq cent cinquante-quatre

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