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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler
Autoren: Michel Folco
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je termine d’abord cet article très intéressant.
    Adolf se plaça dans la queue devant le distributeur et, comme la veille, il connut un plaisir enfantin quand le jeton
tomba dans la sébile. Il mangea de bon appétit en dressant mentalement la liste des achats prioritaires. D’abord, un manteau, ensuite des chaussures et plus tard une chemise, des chaussettes et un caleçon de rechange. La veste et le pantalon viendraient en dernier.
    Un remue-ménage éclata du côté du distributeur automatique. Adolf crut reconnaître la voix du Sudète s’écriant :
    – Puisque je vous jure sur la tête de mon père et de ma mère que je ne l’ai pas fait exprès ! C’est une simple erreur d’inattention, rien d’autre !
    Adolf se fraya un passage jusqu’au distributeur. Le mécanisme de la machine avait été mis à nu par un technicien aux manches de chemise retroussées jusqu’aux coudes. L’homme agitait un bouton de culotte sous le nez d’un Hanisch congestionné d’indignation.
    Le directeur de l’établissement ne tarda pas à apparaître.
    – Que se passe-t-il ?
    – Il l’a détraqué en essayant de payer avec ça, accusa le technicien en brandissant le bouton de culotte.
    Hanisch s’insurgea contre une version des faits qu’il estimait tendancieuse, voire diffamatoire.
    – Je répète que c’est une regrettable confusion. J’étais distrait et j’ai cru que c’était une pièce de vingt Heller .
    – Mais elles n’ont pas du tout le même format !
    Hanisch haussa les épaules.
    – Tout le monde peut se tromper, Herr Direktor .
    Avant que son embarrassant associé ne l’aperçoive et ne le cite comme témoin de moralité, Adolf alla se réfugier dans la salle de lecture, vide à cette heure. Quelques instants plus tard Hanisch le rejoignait :
    – Ah, te voilà, je te cherche partout ! Si tu savais ce qui vient de m’arriver…
    – Tu as perdu un bouton de culotte ?
    – Et tu te crois drôle ! J’ai failli être renvoyé, moi, et en plus je me suis cassé l’ongle, déplora-t-il en exhibant son
auriculaire mutilé. Tu n’aurais pas une lime, par hasard ? Je ne peux pas rester comme ça, je m’accroche partout.
    Le bouton de culotte s’étant coincé dans la fente, il avait tenté de l’extraire et s’était brisé l’ongle sans y parvenir.
    – Et toi, t’as fait quoi ?
    Adolf lui montra son aquarelle inachevée. Bien qu’il la jugeât réussie, Hanisch fit la moue.
    – Hum, hum… tu t’es pas foulé… J’ai l’impression que je vais pas en tirer lourd !
    Adolf allait lui répliquer vertement lorsqu’une voix douce à l’accent hongrois s’éleva derrière eux :
    – Je crois au contraire qu’une fois terminée, cette aquarelle se vendra sans difficulté. Le ciel est très réussi.
    Adolf reconnut le brun frisé qui peignait des fleurs sur du carton.
    – Chacun ses goûts, la merde a le sien, dit Hanisch en lançant un regard menaçant vers l’importun.
    – Je m’appelle Josef Neumann, fit celui-ci.
    – Je m’appelle Adolf Hitler, et voici mon associé Fritz Walter.
    – Je m’intéresse à la peinture, et quand je vous ai vu tout à l’heure j’ai été heureux que nous comptions un artiste de plus parmi nous.
    Il pointa son index absolument pas crochu sur la flèche de la Stephanskirche déjà peinte.
    – Je vois ici que vous affectionnez les bruns à la Van Alt, moi aussi.
    Conquis, Adolf ouvrit son carton et lui montra les aquarelles invendues d’Urfahr et de Leonding, lui confiant qu’il s’agissait là d’œuvres de jeunesse.
    – Ce que je vois confirme l’influence de Van Alt, avec toutefois, par-ci par-là, une touche de Makart.
    Neumann alarma Hanisch un peu plus en ajoutant :
    – Il est normal que je m’intéresse à la peinture puisque je suis marchand de tableaux à mes heures. Sans galerie
pour l’instant, hélas. La conjoncture actuelle est tellement contraire que j’en suis réduit à peindre des fleurs sur des cartes postales. Et vous, Herr Hitler, est-ce indiscret de vous demander comment vous survivez ?
    – Je peins, et lui, dit-il en désignant Hanisch, essaye de vendre.
    De plus en plus sur le qui-vive, Hanisch fit diversion, s’approchant de Neumann en le reniflant.
    – Neumann, Neumann, c’est pas un peu juif ça ?
    – Ça ne l’est pas qu’un peu, ça l’est complètement, rectifia Josef Neumann d’un ton égal que dénotait une grande habitude.
    – C’est bien ce qu’il me
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