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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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Klara !
    Johanna cria si fort que les vaches interrompirent leur rumination.
    Klara se redressa, sans lâcher la poignée de cailloux qu’elle venait de déterrer. Pour que sa sœur hurle ainsi, il fallait que quelque chose de grave fût arrivé.
    – L’oncle Aloïs se marie ! Il vient de l’écrire à grand-père.
    Laissant échapper ses cailloux, Klara pleura à gros sanglots. Sa sœur la prit dans ses bras et la berça jusqu’à ce qu’elle fût calmée. Les vaches reprirent leur rumination.
    ***
    La nouvelle se répandit dans le village et les ragots fleurirent comme pâquerettes au printemps.
    – Il paraît que c’est la fille unique de l’un de ses supérieurs, un inspecteur du monopole impérial et royal des Tabacs…
    – Elle va bientôt fêter ses cinquante ans et ça lui en fait quatorze de plus que lui !
    – C’est qu’elle doit avoir une belle dot ! Ah, il est pas né de la dernière pluie le Schicklgruber !
    – Paraît aussi que c’est une souffreteuse qui pourra pas lui donner d’enfants.
    – À moi, on m’a dit qu’elle était si maigre que pour maigrir plus il faut qu’elle perde un os.
    – C’est le vieux Hiedler qui doit pas être content. Paraît qu’il a même pas été invité au mariage !
    – Mais non, tu n’y es pas, il a été invité mais la lettre est arrivée trop tard, c’est tout.
    –  Ach so !
    ***
    Cinq mois plus tard, une deuxième lettre arrivait à Spital annonçant la venue d’Aloïs. Nepomuk se reprit à espérer.
    ***
    Leur panier rempli de cèpes, les sœurs Pölzl sortaient du sous-bois lorsque Johanna aperçut le char de leur grand-père se profiler sur la route de Weitra : quelqu’un était assis à ses côtés, quelqu’un en uniforme. Elles coururent.
    Bien que plusieurs années se fussent écoulées, Klara reconnut son oncle, le trouvant plus impressionnant que jamais.
    Aloïs ôta sa pipe en écume de sa bouche et demanda :
    – Qui est cette belle enfant ?
    – C’est Klara, voyons ! La fille de Johanna. Remarque, c’est normal que tu la reconnaisses plus, elle a beaucoup forci depuis ta dernière visite.
    Se désintéressant de la bossue et de la petite Theresia, Aloïs toisa la jeune fille d’un air approbateur, lisant dans ses yeux bleus qu’il lui plaisait.
    – Approche, ma jolie, que je te voie mieux… Quel âge as-tu aujourd’hui ?
    – Je vais avoir seize ans… mon oncle.
    Aloïs nota la taille fine sous la robe, les hanches évasées, le teint frais, la bouche charnue, la chevelure brune qui mettait en valeur ses yeux azur ensoleillé. Il n’hésita plus.
    – Mon épouse est souffrante et j’ai besoin de quelqu’un
pour tenir mon ménage. Quelqu’un de sérieux en qui je puisse avoir une entière confiance. Cela te plairait-il de travailler chez moi ?
    – Oh oui, mon oncle !
    – Eh bien c’est réglé ! décréta-t-il en frappant de son sabre le plancher du char, tel un commissaire-priseur tapant de son marteau. Je passerai chez tes parents ce soir.
    Le lent véhicule s’éloignait en brinquebalant quand Klara entendit son oncle se féliciter de sa bonne fortune.
    – Vous voyez, tonton, je n’ai pas encore posé le pied dans le village et j’ai déjà trouvé ce que je cherchais. Veni vidi vici .
    – Mais tu n’es pas venu que pour ça ? s’inquiéta Nepomuk.
    – Si… Pourquoi cette question ?
    Il n’y eut pas de veillée ce soir-là, et quand sonna l’heure du coucher, Nepomuk lui lança en guise de bonne nuit :
    – Au cas où tu aurais décidé de filer comme la dernière fois, n’oublie pas d’éteindre la lampe… au prix où est le pétrole.
    ***
    Klara n’ayant jamais dépassé le marché de Weitra, le voyage jusqu’à Braunau fut une succession de premières fois. L’étape de Linz, soixante et une mille âmes et capitale de la Cisleithanie, l’épata à un point tel que son oncle consentit à mettre à profit les deux heures de changement d’attelage pour la visiter. Les trottoirs étant tous pavés, Klara s’étonna de marcher aussi longtemps sans fouler la terre ferme, sans même la voir.
    – Ne t’inquiète pas, ils l’ont mise en dessous, la rassura Aloïs.
    Arrivée sur la place Franz-Josef, elle tomba en admiration devant l’imposante Dreifaltigkeitssäule, la colonne de la Trinité, haute de vingt-quatre mètres.
    – Et ça, mon oncle, c’est quoi ?
    – Ça, ma jolie, c’est pour nous rappeler que la ville a échappé à la peste, à

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