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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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l’ecclésiastique en montrant une ruche flambant neuve.
    – On dirait une Debeauvoys ?
    – Non, c’est une copie allemande bien supérieure.
    Soulevant le toit, le père montra les rayons amovibles.
    – Vous voyez, avec ce système, les ouvrières n’ont plus à reconstruire les rayons après chaque récolte, ils sont réutilisés tels quels, vous imaginez le gain de temps et de miel !
    Les avantages du procédé étaient si évidents qu’Aloïs comprenait mal la violente polémique que cette nouveauté suscitait dans le monde apicole, divisant les apiculteurs entre fixistes et mobilistes : les premiers invoquaient la sacro-sainte tradition, les seconds le simple bon sens.
    – J’ai l’intention de m’équiper entièrement, ajouta le père Raedecker qui n’avait aucun souci d’argent, lui.
    Aloïs rêvait de l’imiter, mais où trouver les fonds pour acheter six mobiles ? Comme il était exclu qu’il s’abaisse
à se rendre chez un prêteur sur gages, ses choix étaient limités.
    Sans une pensée pour Anna qui l’attendait, il accepta l’invitation du curé à partager son repas.
    Fasciné par son ingénieuse simplicité, Aloïs inspecta le mobile avec cette minutie qui le caractérisait chaque fois qu’il visait un passeport italien. Il avait beau faire et refaire ses comptes, rien n’en sortait. Sa solde annuelle de cent quatre-vingts florins faisait d’Aloïs l’un des fonctionnaires les mieux payés du bourg : mais ses dépenses excédaient ses gains et, sans la dot d’Anna, il eût été contraint de réduire son train de vie depuis longtemps. Trois ans après son mariage, la dot était quasiment épuisée.
    ***
    Son service terminé et peu pressé de subir les inévitables récriminations d’Anna (Avec quelle roulure as-tu déjeuné cette fois ?), Aloïs marcha jusqu’à son rucher pour une seconde inspection. Celle-ci terminée, il ne put se résoudre à rentrer chez lui.
    Hier, il avait rendu visite à Olga, la bonne de l’apothicaire, ce soir il prit la direction de l’Altes Weinhaus où travaillait Ida, une serveuse de vingt ans originaire du Tyrol.
    En attendant qu’elle eût terminé son service, il but deux bières, dîna, lut le Warte am Inn , fuma une pipe d’Extra-Choice hollandais.
    Les douze coups de minuit sonnant, il quitta le lit d’Ida, se vêtit à la lueur d’une chandelle, alluma son énième pipe et parcourut à pas nonchalants les cent soixante mètres séparant l’Altes Weinhaus de la Gasthof Steif.
    – Vous avez vu l’heure ? l’apostropha Anna d’une voix perçante capable de réveiller l’étage. Avec quelle souillure avez-vous encore traîné ?
    La routine.
    Sans lui répondre, sans même soupirer, il passa derrière le paravent et se dévêtit. Une puissante odeur se répandit dans la chambre, mélange de transpiration, de sperme, de parfum bon marché.
    Victime d’une terrible quinte de toux, Anna avala la cuillère de sirop de laudanum que lui proposa Aloïs pour la calmer.
    Épouser une vieille fille en échange d’une confortable dot (cinq cents florins) lui avait paru à l’époque une fine opération rondement menée ; pourtant, dès sa nuit de noces, il avait déchanté. La mariée était vierge comme il se devait, mais le fait qu’elle le fût depuis plus de quarante-neuf ans avait compliqué leurs rapports.
    Élevée dans une famille de fervents catholiques, tout ce qu’Anna connaissait de l’amour physique relevait de la furtive observation des animaux domestiques, aussi fut-elle totalement surprise par les exigences de son vigoureux autant qu’imaginatif époux (Voyons, mon ami, vous n’y songez pas, seuls les chiens se comportent ainsi ! Ou encore : Allons donc, vous ne vous attendez pas à ce que je vous fasse une chose pareille ?). Trois semaines plus tard, tout Braunau savait qu’Aloïs avait installé un second lit dans sa chambre, comme il était clair qu’il recommençait à coucher avec des serveuses, des cuisinières, des nourrices, des soubrettes et bien sûr des lingères.
    – Cette fois, c’en est trop, s’écria Anna, je vais me plaindre à mon père. Je vais lui apprendre la façon dont vous me traitez.
    Aloïs fut tenté de saisir sa femme par les cheveux, de la tirer hors du lit et de l’expulser de son existence, de préférence par la fenêtre. Pourtant, il se borna à simuler l’indifférence en lui tournant le dos pour enfiler sa chemise de nuit.
    – Vous n’êtes qu’un rustre,

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