Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
Vom Netzwerk:
trouver de l’argent ?).
    À deux pas en retrait, Klara l’observait, prête à devancer ses désirs. Ce tête-à-tête matinal était le meilleur moment d’une journée exclusivement consacrée au travail.
    Repu, Aloïs bourra sa première pipe. Aussitôt, Klara lui présenta une boîte d’allumettes, en disant :
    – Le tailleur est passé hier pour dire que votre uniforme est prêt.
    – Je sais, puff, puff, puff.
    Il regrettait d’avoir cédé à la vanité en commandant un nouvel uniforme en prévision des prochaines cérémonies du 13 août, date anniversaire de Sa Majesté impériale et royale François-Joseph. L’ancien aurait fait l’affaire tout aussi bien. Depuis, il retardait l’échéance en disparaissant de la vue du maître tailleur. Mais cette situation ne pouvait se prolonger : ses maîtresses alimentaient déjà les commérages, aussi ne tenait-il pas à s’attacher de surcroît une réputation de mauvais payeur. Les distractions étaient rares dans ce petit bourg dépourvu de théâtre, et les nouvelles, surtout les mauvaises, voyageaient à la vitesse d’un coup de poing sur le nez.
    – Quand il revient, dis-lui de passer me voir aux Douanes.
    – Bien, mon oncle.
    ***
    « Ayez des abeilles,
    Vous aurez des beaux fruits. »

    Un dicton si vrai qu’Aloïs n’avait eu aucune difficulté à convaincre l’arboriculteur Herr Mittelmayer d’accueillir dans son verger sa demi-douzaine de ruches. Grâce au butinage des ouvrières, l’arboriculteur avait vu sa production de fruits augmenter de vingt pour cent.
    L’aurore se levait lorsque Aloïs entra dans le verger. Il bourra sa deuxième pipe et l’alluma en contemplant ses six ruches peintes en bleu (la couleur préférée des abeilles), impeccablement alignées sous l’auvent. Évitant les mouvements brusques qui auraient alerté les sentinelles postées au trou d’envol, Aloïs inspecta la ruche Lili, puis les ruches Olga, Paula, Angela, Gertrud et Ida, baptisées d’après le nom de ses maîtresses successives.
    Si dans un premier temps son engouement pour l’apiculture avait relevé de la pose, il s’était vite pris au jeu ; s’abonnant aux revues, achetant des ouvrages, rencontrant d’autres apiculteurs, développant un profond respect pour ses abeilles, particulièrement pour leur impitoyable organisation qui ne laissait aucune place aux oisifs et aux parasites. Il suffisait d’assister en automne au massacre généralisé des bourdons pour comprendre.
    L’une de ses premières constatations fut de découvrir le nombre indécent de mammifères, de volatiles, de reptiles, d’insectes de toutes sortes qui raffolaient non seulement du miel, mais parfois des abeilles : ainsi, deux visites quotidiennes au rucher n’étaient pas superflues si l’on voulait éviter les mauvaises surprises.
    L’été dernier, un sphinx atropos s’était introduit dans Gertrud, trompant la vigilance des sentinelles en imitant le cri d’une reine, les plongeant dans une sorte de stupeur respectueuse.
    À l’approche des grandes miellées, un Galleria mellonella avait réussi à pondre ses œufs à l’intérieur d’Angela : les larves s’étaient nourries de la cire des rayons, creusant des galeries qui, sans son intervention, auraient anéanti l’essaim entier.
    Aloïs se demandait parfois ce qu’il représentait pour elles. L’avaient-elles seulement distingué des autres phénomènes de la nature tels la grêle, la neige, ou le vent ?
    Son inspection terminée, il retourna à l’auberge passer son uniforme, répondant par des hum, hum aux jérémiades d’Anna, toujours alitée mais rarement muette : ces derniers mois, elle ne se levait que pour s’alimenter et aller à confesse.
    Le bourdon de Saint-Étienne sonnant huit heures, Aloïs franchit le porche du bâtiment des Douanes et pénétra dans la cour où le personnel du poste, aussi impeccablement aligné que ses ruches, attendait le lever du drapeau.
    En fin de matinée, il reçut un billet du père Raedecker l’invitant à lui rendre visite (J’ai sous les yeux un objet qui vous intéressera au plus haut point).
    À l’heure du déjeuner, Aloïs traversa le pont-frontière et entra dans Simbach, saluant au passage ses homologues bavarois. Il marcha jusqu’à l’église où le père Gustav Raedecker le reçut avec un large sourire. Apiculteurs avertis, ils s’appréciaient et se rendaient régulièrement visite.
    – Herr Schicklgruber, regardez, dit

Weitere Kostenlose Bücher