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La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler

Titel: La jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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l’incendie et à l’invasion turque. Il y a la même à Vienne.
    – C’est Dieu qui l’a faite ?
    – Mais non, nigaude, c’est un sculpteur qui a taillé la pierre.
    – Alors avant c’était que de la pierre ?
    – Oui, un gros morceau.
    – Et comment le sculpteur il a su qu’il y avait la colonne dedans ?
    – Dedans quoi ?
    – Dedans la pierre.
    Aloïs secoua la tête avec une pointe d’accablement.
    – Ne te fais pas plus bête que tu ne l’es déjà.
    Le lendemain, la diligence entra dans Braunau et les déposa devant la Gasthof Steif, domicile des Schicklgruber depuis leur mariage. L’auberge avait l’avantage d’être située proche du poste des Douanes et du pont-frontière reliant l’autrichienne Braunau am Inn à la bavaroise Simbach am Inn.
    Pendant que Klara et Herr Steif s’occupaient des bagages, Aloïs monta au premier étage saluer son épouse.
    Plongée dans l’obscurité, la chambre aux volets clos sentait le renfermé et la valériane. Anna reposait dans son lit, invisible sous la couette.
    – Qui est là ? grommela une voix faible.
    – C’est moi, je suis de retour avec une bonne surprise.
    Traversant la chambre, il ouvrit la fenêtre et rabattit les volets.
    Klara entra dans la pièce et vit une femme au teint crayeux, aux cheveux gris, au menton pointu, aux lèvres minces.
    – Anna, voici Klara Pölzl, ma nièce. C’est elle qui va s’occuper de vous et de la maison.
    Tournant lentement la tête vers la jeune fille, Anna la fixa de ses yeux anormalement cernés.
    – Ça va être pratique, n’est-ce pas ? Vous n’aurez plus à sortir le soir pour faire vos cochonneries, vous allez les faire à domicile, sous mon propre toit ! Ah, misérable ! Quand Dieu vous punira, vous ne pourrez plus jouer les innocents ! Et toi non plus, petite gourgandine, tu n’as pas honte ?
    Victime d’un subit accès de toux, Anna n’eut que le temps de se saisir du crachoir de porcelaine posé sur la table de nuit. Une fois son souffle revenu, elle tendit à Klara le récipient à demi rempli de glaires sanguinolentes qui indiquaient combien elle était gravement phtisique.
    – Vide-le.
    ***
    En accord avec le propriétaire de l’auberge, Klara fut logée sous les combles, dans un réduit doté d’une lucarne s’ouvrant sur la Stephanskirche. Ayant toujours partagé sa chambre et son lit avec Johanna, il lui fallut plusieurs jours pour s’habituer à s’endormir seule.
    Affable, courageuse à la tâche, d’une humeur égale qui la faisait chantonner tandis qu’elle balayait le couloir, préparait les repas ou vidait les vases de nuit, Klara sut se faire apprécier de tous jusqu’à gagner la confiance de sa maîtresse.
    Comme toutes les bergères, Klara avait souvent rêvé d’être remarquée, puis épousée par un prince charmant de passage dans le Waldviertel : devenue jeune fille, son rêve s’était plus modestement limité à attendre un mari aisé qui l’élèverait au-dessus de sa condition. Ses ennuis commencèrent lorsque les traits de ce mari idéal prirent ceux de son oncle, la culpabilisant pour toujours : une culpabilité qui ne fit que croître lorsqu’elle se surprit à souhaiter la disparition d’Anna.

4
    « Je n’ai rien su de la famille de mon père. La coutume n’était pas aux histoires familiales. […] Seuls les parents que nous avions du côté de notre mère étaient pour nous de véritables parents. […] Je n’ai connu aucun parent du côté de mon père, si bien que ma sœur Angela et moi nous sommes souvent dit : nous ne savons rien du tout, notre père doit quand même bien avoir eu de la famille. »
    Interrogatoire de Paula Hitler à Berchtesgaden, le 26 mai 1945.
    Braunau am Inn.

    Planté devant le miroir ovale de la table de toilette, en chemise et bretelles pendantes, Aloïs se rasait à la lumière de la lampe à pétrole, l’esprit concentré sur son souci quotidien, le manque d’argent. Ses problèmes de trésorerie dataient du jour où il s’était offert un rucher, un passe-temps dispendieux qu’affectionnait la haute bourgeoisie.
    L’horloge des Steif sonnait la demie de cinq heures quand il s’attabla dans la cuisine de l’auberge, répondant distraitement au Grüss Gott mein Onkel de Klara. La jeune fille posa devant lui une omelette au lard et un pot de café. Aloïs mangea lentement, affichant l’expression préférée de ceux
qui réfléchissent à des sujets difficiles à résoudre (où

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