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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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femme ?… courir après Catherine, qui est déjà trop loin d’ici et qui a de bien meilleures jambes que les miennes ? non, le mieux est de me rendre chez Nicol Barber et de lui conter, tout cela.
    Pendant que la prudente Dorothée exécutait cette judicieuse résolution, Catherine courait dans les rues de Perth d’une manière qui en tout autre moment aurait attiré sur elle l’attention de tous ceux qui la voyaient précipiter ses pas avec une impétuosité irréfléchie, bien différente de sa démarche ordinairement si calme et si modeste, et sans le plaid, l’écharpe ou le manteau que – les femmes de bien, – d’une réputation intacte et d’un certain rang, ne manquaient jamais de prendre toutes les fois qu’elles sortaient. Mais occupé comme on l’était, les uns à demander, les autres à dire la cause du tumulte, chacun la racontant à sa manière, le désordre de sa toilette et son air effaré ne frappèrent personne, et elle put continuer librement la route qu’elle avait prise sans être plus remarquée que les autres femmes qui, attirées par la curiosité ou poussées par la terreur, étaient sorties pour s’informer du motif d’une alarme si générale, et peut-être bien pour chercher des amis à la sûreté desquels elles s’intéressaient.
    En passant dans les rues Catherine éprouva l’influence irrésistible de la scène d’agitation qui l’entourait, et elle eut peine à ne point répéter les cris de lamentation et d’alarme qui retentissaient à ses côtés. Elle courait toujours, tourmentée, comme une personne qui rêve, d’un sentiment vague de malheur terrible dont elle ne pouvait définir la nature, mais d’où sortait l’affreuse conviction que l’homme qui l’aimait si tendrement, dont elle estimait tant les bonnes qualités, et qu’elle sentait alors lui être plus cher qu’elle n’eût voulu peut-être auparavant se l’avouer à elle-même, était assassiné, et que très probablement elle en était la cause. Le rapport que dans le premier moment de son extrême agitation elle avait trouvé entre la mort supposée de Henry et la descente de Conachar et de ses compagnons était en effet assez vraisemblable pour avoir dû la frapper, quand même sa raison lui eût permis de l’examiner froidement. Sans savoir ce qu’elle cherchait, sans autre idée qu’un vague désir d’acquérir la certitude de son malheur, elle se précipita vers le quartier de la ville que, de tous les autres, le souvenir de ce qui s’était passé la veille aurait dû lui faire le plus soigneusement éviter.
    Qui aurait pu croire le mardi soir que Catherine Glover, elle qui était si fière, si timide, si réservée, si rigide sur les convenances ; que cette même Catherine, le mercredi des Cendres, avant l’heure de la messe, courrait à travers les rues de Perth, au milieu du bruit et de la confusion, les cheveux flottans, les vêtemens en désordre, pour chercher la maison de ce même amant qui, comme elle avait raison de le croire, l’avait si bassement trahie, si grossièrement outragée en se livrant à de viles et brutales amours ! Cependant c’était ce qui arrivait. Suivant comme par instinct la route qui était la plus libre, elle évita High-Street où la foule se pressait, et prit les ruelles étroites qui bordaient la ville du côté du nord, et à travers lesquelles Henry Smith avait escorté Louise précédemment. Mais ces ruelles même, comparativement désertes, étaient alors remplies de passans, tant l’alarme était générale. Cependant Catherine Glover se glissa rapidement à travers la foule, tandis que ceux qui l’observaient se regardaient l’un l’autre et secouaient la tête d’un air de compassion pour son infortune. Enfin, sans savoir précisément ce qu’elle voulait faire, elle arriva devant la porte de son amant, et frappa à coups redoublés.
    Le silence qui succéda au bruit qu’elle venait de faire redoubla les alarmes qui lui avaient fait prendre cette mesure désespérée.
    – Ouvrez ! ouvrez, Henry ! s’écria-t-elle. Ouvrez, si vous vivez encore ! Ouvrez, si vous ne voulez pas voir Catherine Glover expirer à votre porte !
    Comme elle poussait ces cris frénétiques destinés à des oreilles qu’elle croyait que la mort avait fermées pour jamais, l’amant qu’elle appelait ouvrit lui-même la porte juste à temps pour l’empêcher de tomber contre terre. L’excès de sa joie dans une circonstance si inattendue ne

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