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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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été choisie par les magistrats comme la plus convenable et la mieux disposée pour la cérémonie. Les églises et couvens des dominicains, des chartreux, et autres du clergé régulier, avaient été richement dotées par le roi et les nobles ; aussi le conseil de ville fut-il unanimement d’avis que leur bon vieux saint Jean, dont ils étaient sûrs d’avoir les bonnes grâces et sur lequel ils pouvaient compter entièrement, devait être préféré aux nouveaux patrons pour lesquels les dominicains, les chartreux, les carmélites et autres avaient fondé de nouvelles demeures autour de la Belle Ville. La mésintelligence qui régnait entre le clergé régulier et le clergé séculier augmenta encore l’espèce de jalousie qui dicta le choix du lieu où le ciel devait opérer une sorte de miracle, en vertu de l’appel direct qui allait être fait à la décision divine dans un cas de meurtre douteux ; et le greffier de la ville désirait aussi vivement que l’église de Saint-Jean fût préférée, que s’il y avait eu dans le corps des saints un parti pour et un parti contre les intérêts de la noble cité.
    Aussi ne saurait-on croire combien de petites intrigues se tramèrent au sujet du choix de l’église. Mais les magistrats considérant que c’était une affaire qui touchait de très près l’honneur de Perth, décidèrent par un sentiment judicieux de confiance en la justice et en l’impartialité de leur patron qu’ils en remettraient la décision à l’influence de saint Jean.
    Ce fut donc après que la grand’messe eut été célébrée avec toute la solennité que les circonstances pouvaient donner à la cérémonie, et après que la nombreuse assemblée des fidèles eut adressé au ciel les plus ferventes prières, que les préparatifs furent faits pour en appeler au jugement direct du ciel, au sujet du meurtre mystérieux du pauvre bonnetier.
    Le spectacle avait ce caractère imposant et solennel que les rites catholiques sont si propres à donner. La fenêtre de l’est dont les vitraux étaient richement peints répandait un jour tout à la fois vif et doux sur le maître-autel, devant lequel étaient étendus sur un cercueil les restes mortels de l’homme assassiné, les bras croisés sur la poitrine et les mains appliquées l’une contre l’autre avec les doigts levés en l’air, comme si l’argile insensible en appelait elle-même au ciel pour obtenir vengeance de ceux qui avaient séparé violemment l’âme immortelle de son enveloppe mutilée.
    Près du cercueil s’élevait le trône où étaient assis Robert d’Écosse et son frère Albany. Le prince était sur un tabouret plus bas à côté de son père, arrangement qui occasionna quelques remarques, le siége d’Albany ne différant guère de celui du roi, tandis que l’héritier présomptif, quoique ayant atteint l’âge de majorité, semblait être ravalé au-dessous de son oncle en présence de tout le peuple assemblé. Le cercueil était placé de manière à ce qu’on pût voir de toutes les parties de l’église le corps qu’il contenait.
    À la tête du cercueil se tenait debout le chevalier de Kinfauns, le poursuivant, et au pied était le jeune comte de Crawford, comme représentant le défendant. Le témoignage du duc de Rothsay, en purgeant, c’était l’expression, sir John Ramorny, l’avait exempté de la nécessite de comparaître comme partie soumise à l’épreuve, et sa maladie lui servit de motif pour ne point sortir de chez lui. Toute sa maison, en y comprenant ceux qui quoique au service immédiat de sir John étaient regardés comme les domestiques du prince, et qui n’avaient pas encore reçu leur congé, se composait de dix ou douze hommes ; la plupart connus pour être de mauvais sujets, et que par conséquent on pouvait très bien croire capables d’avoir à la suite de quelque débauche commis le meurtre en question. Ils étaient rangés sur une seule ligne le long du côté gauche de l’église, et portaient une espèce de casaque blanche, assez semblable au costume d’un pénitent. Tous les regards étant fixés sur eux, quelques-uns semblaient si déconcertés que les spectateurs pouvaient en tirer de fortes présomptions de leur culpabilité. Le véritable assassin faisait seul bonne contenance ; il avait une de ces figures sombres et graves que jamais l’influence du vin ni de la bonne chère n’avait déridée, et sur laquelle ni la crainte, ni la mort, ni le danger

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