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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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d’être dénoncé ne pouvaient faire impression.
    Nous avons déjà indiqué la position du cadavre. La figure était découverte ainsi que les bras et la poitrine. Le reste du corps était enveloppé dans un linceul de toile de la plus grande finesse, afin que si le sang venait à couler de quelque endroit couvert, on ne pût manquer de s’en apercevoir à l’instant.
    Après la célébration de la grand’messe, qui fut suivie d’une invocation solennelle à Dieu pour qu’il lui plût de protéger l’innocent et de faire connaître le coupable, Eviot, page de sir Ramorny, fut appelé pour subir l’épreuve. Il s’avança d’un pas mal assuré. Peut-être pensait-il que la conviction où il était intérieurement que Bonthron était l’assassin suffirait pour l’impliquer dans le crime sans qu’il y eût pris directement part. Il s’arrêta devant le cercueil, et sa voix trembla lorsqu’il jura par ce qui avait été créé en sept jours et en sept nuits, par le ciel, par l’enfer, par sa part du paradis, et par le Dieu et l’auteur de toutes choses, qu’il était innocent de l’attentat sanglant commis sur le corps devant lequel il était debout, et sur la poitrine duquel il fit le signe de la croix, comme pour attester qu’il disait la vérité. Le corps resta aussi raide qu’auparavant ; le sang ne sortit par aucune blessure.
    Les bourgeois de Perth se regardèrent l’un l’autre d’un air de morne désappointement. Ils s’étaient persuadés qu’Eviot était coupable, et leurs soupçons avaient été confirmés par sa démarche incertaine et par sa voix tremblante ; aussi leur surprise de le voir échapper fut-elle extrême. Les autres domestiques de Ramorny prirent courage, et s’avancèrent pour prêter le serment avec une hardiesse qui augmenta à mesure qu’ils subissaient l’épreuve l’un après l’autre, et qu’ils étaient déclarés par la voix des juges lavés de tous les soupçons qui pouvaient planer sur eux relativement au meurtre d’Olivier Proudfute.
    Mais il y eut un individu qui n’éprouva point ce redoublement de confiance. Trois fois le nom de Bonthron retentit sous la voûte de l’église sans que celui qui le portait répondit à l’appel autrement que par une sorte de mouvement convulsif avec son pied, comme s’il eût été tout à coup frappé de paralysie.
    – Parle, chien, lui dit tout bas Eviot, ou prépare-toi à mourir comme un chien !
    Mais le meurtrier était tellement troublé par le spectacle qu’il avait devant les yeux, que les juges voyant son embarras hésitaient s’ils le feraient traîner de force devant le cercueil, ou s’ils prononceraient un jugement par défaut ; et ce ne fut que, lorsqu’on lui demanda pour la dernière fois s’il voulait se soumettre à l’épreuve, qu’il répondit avec sa brièveté ordinaire :
    – Non, je ne veux point. Sais-je, moi, à quelles jongleries on peut avoir recours pour perdre un pauvre homme ? J’offre le combat à quiconque prétend que j’ai fait le moindre mal à ce corps.
    Et suivant l’usage il jeta son gant sur le pavé de l’église.
    Henry Smith s’avança aussitôt au milieu d’un murmure général d’approbation que la présence même du roi ne put entièrement comprimer, et ramassant le gant du scélérat qu’il mit à sa toque, il jeta le sien selon la forme ordinaire, en signe qu’il acceptait le combat ; mais Bonthron ne le releva point.
    – Il n’est pas mon égal, murmura le sauvage, et il n’a point qualité pour relever mon gant. Je suis attaché à la maison du prince d’Écosse en servant son grand-écuyer. Ce drôle est un misérable artisan.
    Le prince l’interrompit : – Tu es attaché à ma maison, malheureux ! eh bien ! je te chasse à l’instant. Prends-le, Smith, et frappe sur lui comme tu n’as jamais frappé sur ton enclume ! – C’est un coquin et un lâche coquin, qui n’a pas même le courage de soutenir son crime. Je ne puis le regarder sans dégoût, et si mon auguste père veut bien m’en croire, il donnera à l’un et à l’autre une bonne hache écossaise, et nous verrons avant une demi-heure d’ici lequel des deux l’emportera.
    Le comte de Crawford et sir Patrice Charteris, parrains des deux parties, y consentirent volontiers, et comme les champions étaient d’un rang inférieur, ils décidèrent qu’ils combattraient le casque en tête, vêtus du justaucorps de buffle, et avec des haches, dès qu’ils

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