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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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semblant par un commun accord remettre la décision de la querelle aux deux vaillans chefs. Le corsaire combattit aussi bien qu’un homme pouvait le faire, mais Wallace avait plus que la vigueur d’un homme. Il fit sauter l’épée des mains du pirate et le mit en un tel péril, qu’il n’eut d’autre ressource pour éviter la mort que de se jeter sur le champion écossais pour tâcher de le vaincre à la lutte : il échoua encore dans ce dessein. Ils tombèrent tous deux sur le tillac, enlacés dans les bras l’un de l’autre ; mais Wallace maintint le dessus, et portant la main sur le hausse-col de son adversaire, il le serra si fortement, quoiqu’il fût fait du meilleur acier, qu’il lui fit jaillir le sang par les yeux, par le nez et par la bouche, et ce ne fut que par signes que le corsaire put demander quartier… Ses gens jetèrent bas les armes et implorèrent merci, quand ils virent leur chef à la disposition du vainqueur. Wallace leur accorda la vie à tous, mais il les retint prisonniers et s’empara de leur vaisseau.
    Quand il fut en vue du port de Dieppe, Wallace alarma cette ville en déployant le pavillon du corsaire, comme si De Longueville arrivait pour mettre la ville au pillage. On sonna le tocsin, le son des cors donna l’alarme, et les citoyens couraient aux armes quand la scène changea. Le lion d’Écosse sur son champ d’or fut arboré au-dessus de la bannière du pirate, et annonça que le champion écossais s’approchait comme un faucon tenant sa proie dans ses serres. Il débarqua avec son prisonnier, le conduisit à la cour de France, où, à sa prière, le roi pardonna à De Longueville toutes les pirateries qu’il avait commises, et lui conféra même les honneurs de la chevalerie en lui offrant de lui donner du service. Mais le corsaire avait contracté une telle amitié pour son généreux vainqueur, qu’il voulut unir sa fortune à celle de Wallace. Il retourna avec lui en Écosse, combattit à son côté dans bien des batailles sanglantes, et donna des preuves d’une prouesse qui ne le cédait à personne si ce n’est au héros écossais. Son destin fut plus heureux que celui de son ami. Distingué par un bel extérieur comme par une force et une valeur à toute épreuve, sir Thomas de Longueville obtint les bonnes grâces d’une jeune demoiselle de l’ancienne famille de Charteris, qui le choisit pour époux et lui apporta en mariage le beau château de Kinfauns et tous les domaines dépendans de cette baronnie. Leurs descendans prirent le nom de Charteris comme étant celui de leurs ancêtres maternels, anciens propriétaires de leurs biens, quoique le nom de Thomas de Longueville fût également honoré parmi eux. La grande épée dont il se servait dans les batailles est encore conservée dans la famille. Une autre tradition dit que De Longueville lui-même se nommait Charteris. Ce domaine passa ensuite dans la famille de Blair, et il appartient aujourd’hui à lord Gray.
    Ces barons de Kinfauns avaient rempli de père en fils pendant plusieurs générations les fonctions de prévôts de Perth, le voisinage du château et de la ville rendant cet arrangement convenable aux deux parties pour se soutenir mutuellement. Sir Patrice Charteris dont il est question dans cette histoire avait plus d’une fois combattu à la tête des habitans de Perth dans des escarmouches contre les incorrigibles maraudeurs des montagnes, et contre d’autres ennemis étrangers et domestiques. Il est vrai qu’il était souvent fatigué des plaintes légères et frivoles qu’on portait devant lui sans nécessité, en le priant d’y faire droit. C’était ce qui l’avait fait quelquefois accuser d’avoir trop de fierté comme noble, trop d’indolence comme riche et comme adonné aux plaisirs de la chasse et à ceux de l’hospitalité féodale, pour se mettre en avant dans toutes les occasions avec autant d’activité que la belle ville l’aurait désiré. Mais quoiqu’il en résultât quelques murmures, les citoyens, quand ils avaient quelque cause sérieuse d’alarmes, n’en avaient pas moins coutume de se rallier autour de leur prévôt, et celui-ci les soutenait avec chaleur de sa tête et de son bras.

CHAPITRE VIII.
     
    Ayant dans notre dernier chapitre tracé l’esquisse du caractère de sir Patrice Charteris prévôt de Perth, et fait connaître sa qualité, nous allons rejoindre la députation qui devait se réunir à la porte de l’Orient pour se rendre à

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