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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Kinfauns et porter ses plaintes à ce dignitaire.
    Le premier qui arriva au rendez-vous fut Simon Glover, monté sur un palefroi tranquille qui avait quelquefois l’honneur de porter une charge plus belle et moins lourde en la personne de sa charmante fille. Son manteau lui couvrait le bas du visage, soit pour indiquer à ses amis qu’ils ne devaient l’interrompre par aucunes questions pendant qu’il traversait les rues, soit peut-être aussi à cause du froid qu’il faisait. Son front était chargé d’une profonde inquiétude, comme si l’affaire dans laquelle il se trouvait engagé lui eût paru plus difficile et plus dangereuse à mesure qu’il y réfléchissait davantage. Il ne salua ses amis, quand ils arrivèrent au rendez-vous, que par un geste silencieux.
    Un vigoureux cheval noir, de l’ancienne race de Galloway {48} de petite taille, n’ayant pas plus de quatorze paumes, mais les épaules hautes et les membres robustes, bien découplés et arrondis, amena le brave armurier à la porte de l’Orient. Un connaisseur aurait pu remarquer dans l’œil de cet animal une étincelle de ce caractère vicieux qui accompagne fréquemment la forme la plus vigoureuse et la plus capable de soutenir la fatigue ; mais le poids du cavalier, sa main habile et la manière dont il se tenait en selle, ainsi que l’exercice que le coursier avait fait récemment pendant un long voyage, en avaient dompté quant à présent l’opiniâtreté. Il était accompagné de l’honnête bonnetier, qui étant, comme le lecteur en est informé, un petit homme assez chargé d’embonpoint, s’était planté comme une pelote rouge, – car il était enveloppé d’un manteau écarlate sur lequel il avait jeté en bandoulière une gibecière de fauconnerie, – au faîte d’une grande selle sur laquelle on aurait pu dire qu’il était perché plutôt que monté. La selle qui portait le cavalier était attachée par une sangle sur l’épine du dos d’une jument flamande ayant les naseaux en l’air comme un chameau, et dont chaque pied, surmonté d’une énorme touffe de poils, se terminait par un large sabot. Le contraste entre la monture et le cavalier était tellement extraordinaire, que tandis que les passans qui le voyaient par hasard s’étonnaient que celui-ci eût pu monter sur l’autre, ses amis étaient inquiets du danger qu’il courrait pour en descendre ; car les pieds du cavalier juché si haut n’atteignaient pas le bas de la garniture de sa selle. Il avait épié le départ de Smith dans le dessein de se joindre à lui, car Olivier Proudfute pensait que les hommes actifs et courageux se montraient avec plus d’avantage quand ils étaient ensemble, et il fut enchanté quand un espiègle de la classe inférieure conserva assez de gravité pour s’écrier sans éclater de rire : – Voilà l’orgueil de Perth ! – Voilà les deux vaillans bourgeois, le brave armurier Smith et l’intrépide bonnetier !
    Il est vrai que le jeune drôle qui faisait entendre ces acclamations poussait sa langue contre sa joue en faisant un signe d’intelligence à quelques autres vauriens de son espèce ; mais comme le fabricant de bonnets ne voyait pas cet à parte , il lui jeta généreusement un sou d’argent pour l’encourager à montrer du respect pour les hommes d’humeur belliqueuse. Cet acte de munificence les fit suivre d’une foule d’enfans qui riaient en poussant de grands cris ; mais enfin Henry Smith, se retournant, menaça le plus avancé d’entre eux de le châtier de sa houssine, menace dont aucun d’eux ne jugea à propos d’attendre l’exécution.
    – Voici les trois témoins réunis, dit le petit homme monté sur le grand cheval en arrivant près de Simon Glover ; mais où sont ceux qui doivent nous soutenir ? Ah ! frère Henry ! l’autorité est un fardeau qui convient mieux à un âne qu’à un coursier plein d’ardeur. Elle ne ferait qu’entraver les motivemens de jeunes gens tels que vous et moi.
    – Je désirerais, digne maître Proudfute, répondit Henry, que vous fussiez chargé de quelque partie de ce poids, quand ce ne serait que pour vous tenir ferme sur votre selle, car vous faites des bonds comme si vous dansiez une gigue sans le secours de vos jambes.
    – Oui, oui, je me lève sur mes étriers pour éviter les secousses. Ma jument a le trot cruellement dur ; mais elle m’a porté dans les plaines et dans les forêts ; elle m’a tiré d’affaire dans des

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