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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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montrait un tyran jaloux et intéressé. Comme le caméléon, son esprit faible réfléchissait la couleur de l’âme plus ferme dont il suivait les conseils pour le moment, et dont il recevait l’assistance. Quand il cessait d’écouter les avis d’un membre de sa famille pour ouvrir l’oreille à ceux d’un autre, il n’était pas extraordinaire de voir un changement total de mesures, instabilité qui ne faisait pas honneur au caractère du roi et qui mettait en danger la sûreté de l’état.
    Il en résulta naturellement que le clergé de l’église catholique obtint une grande influence sur un homme dont les intentions étaient excellentes, mais dont les résolutions étaient si chancelantes. Non-seulement Robert était tourmenté par le sentiment intime des erreurs qu’il avait réellement commises, mais il était déchiré par les craintes qui assiègent une âme superstitieuse et timide. Il est donc à peine nécessaire d’ajouter que les membres du clergé régulier ou séculier n’avaient pas peu d’influence sur un prince si facile, quoique à la vérité ce fût une influence à laquelle un petit nombre de personnes savaient se soustraire dans ce siècle, quelque fermeté et quelque résolution qu’elles eussent dans leurs affaires temporelles. – Nous terminerons ici cette longue digression, sans laquelle nos lecteurs n’auraient pas pu bien comprendre ce que nous avons à rapporter.
    Le roi s’était avancé avec peine, et d’un pas qui n’avait rien de gracieux, vers le fauteuil bien rembourré et placé sous un dais qui lui avait été préparé. Il s’y laissa tomber avec l’air charmé d’un homme indolent qui a été retenu quelque temps dans une position gênante. Lorsqu’il fut assis, l’air doux et les traits vénérables du bon vieillard n’annonçaient que la bienveillance. Le prieur, debout en face du fauteuil du roi, dans une attitude de profond respect qui voilait son air naturellement hautain, était un homme qui pouvait avoir entre quarante et cinquante ans ; mais pas un seul de ses cheveux n’avait pas encore perdu sa couleur noire. Des traits intelligens et un regard vif attestaient les talens grâce auxquels le vénérable père s’était élevé au poste éminent qu’il occupait dans sa communauté, et nous pouvons ajouter dans les conseils du royaume où il les avait employés souvent. Les principaux objets que l’éducation et l’habitude lui avaient appris à avoir en vue étaient l’augmentation des domaines et des richesses de l’église et la suppression de l’hérésie ; il s’efforçait d’arriver à ce double but par tous les moyens que lui procurait sa situation. Mais il faisait honneur à sa religion par la sincérité de sa croyance et par sa fidélité aux règles de morale qui guidaient sa conduite dans toutes les occasions ordinaires. Les défauts qui entraînaient le père Anselme dans des erreurs funestes, et même jusqu’à la cruauté, doivent peut-être s’attribuer à son siècle et à sa profession ; ses vertus lui appartenaient en propre.
    – Cela une fois fait, dit le roi, et les terres dont je viens de parler étant assurées par une charte à ce monastère, vous croyez, mon père, que je serai assez dans les bonnes grâces de notre sainte mère l’Église pour me nommer son fils respectueux ?
    – Sans doute, sire, répondit le prieur ; plût au ciel que tous ses enfans apportassent au sacrement de la pénitence un sentiment aussi vif de leurs erreurs, et autant de bonne volonté pour les réparer ! Mais j’adresse ces paroles de consolation, sire, non à Robert roi d’Écosse, mais à mon humble et dévot pénitent Robert Stuart de Carrick.
    – Vous me surprenez, mon père. Ma conscience me fait bien peu de reproches sur ce que j’ai fait comme roi ; car j’ai moins consulté mon opinion pour agir que l’avis de mes plus sages conseillers.
    – Et c’est en cela qu’est le danger, sire. Le saint père reconnaît dans chacune de vos pensées, de vos paroles, de vos actions, un vassal obéissant de la sainte Église. Mais il existe des conseillers pervers qui suivent l’instinct de leurs cœurs corrompus, qui abusent de la bonté et de la facilité de leur souverain, et qui sous prétexte de servir ses intérêts temporels, prennent des mesures qui peuvent préjudicier à son bonheur pour toute l’éternité.
    Le roi Robert se leva, et prit un air d’autorité qui lui convenait parfaitement, mais qui

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