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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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partie, et qui passait pour chercher à donner à l’esprit de son frère et de son souverain une tendance nuisible aux intérêts et à l’attente du jeune héritier du trône. Par les intrigues d’Albany la main du jeune prince fut pour ainsi dire mise à l’encan, car il donna publiquement à entendre que le seigneur d’Écosse qui donnerait à sa fille la dot la plus considérable pourrait aspirer à la placer dans la couche du duc de Rothsay.
    Dans la contestation qui s’ensuivit pour obtenir la préférence, George de Dunbar et de March, qui possédait par lui ou par ses vassaux la plus grande partie de la frontière d’Angleterre, l’emporta sur les autres compétiteurs, et sa fille, avec le consentement du jeune couple, fut fiancée au duc de Rothsay.
    Mais il restait un tiers à consulter, et ce tiers n’était rien moins que le redoutable Archibald comte de Douglas, également à craindre par l’étendue de ses domaines, par les places et les emplois dont il était investi, et par ses qualités personnelles de prudence et de valeur, jointes à un orgueil indomptable et à une soif de vengeance plus que féodale. Le comte était aussi allié de très près du trône, ayant épousé la fille aînée du monarque régnant.
    Après les fiançailles du duc de Rothsay avec la fille du comte de March, Douglas, comme s’il eût tardé à prendre part à la négociation pour prouver qu’elle ne pouvait se conclure qu’avec lui, se présenta dans la lice pour faire rompre le contrat. Il offrit sa fille Marjory avec une dot plus considérable que celle qu’avait promise le comte de March ; et Albany, dominé par sa cupidité et par la crainte que lui inspirait Douglas, fit agir son influence sur le timide monarque, et le décida à manquer de parole au comte de March et à donner à son fils Marjory Douglas, femme que celui-ci ne pouvait aimer. La seule excuse qu’on fit au comte de March fut de lui dire que les fiançailles du prince avec Élisabeth de Dunbar n’avaient pas été revêtues de l’approbation du parlement, et que tant que cette ratification n’avait pas eu lieu, de pareils contrats n’étaient pas obligatoires. Le comte fut profondément irrité de l’insulte qui lui était faite ainsi qu’à sa fille, et l’on croyait généralement qu’il songeait à s’en venger, ce dont la grande influence dont il jouissait sur les frontières d’Angleterre paraissait devoir lui faciliter les moyens.
    De son côté le duc de Rothsay, mécontent d’avoir vu sacrifier sa main et ses inclinations à une intrigue d’état, en montra son déplaisir par tous les moyens qui étaient en son pouvoir, négligeant sa femme, méprisant son formidable et dangereux beau-père, montrant peu de respect pour l’autorité du roi lui-même, et ne faisant aucun cas des remontrances du duc d’Albany son oncle, qu’il regardait comme son ennemi déclaré.
    Au milieu de ces dissensions intestines dans le sein de sa famille, dissensions qui se propageaient dans ses conseils et dans son administration et qui introduisaient partout les funestes effets de l’incertitude et de la désunion ; le faible monarque avait été soutenu quelque temps par les conseils de son épouse la reine Annabella, issue de la noble maison de Drummond. Douée d’une sagacité profonde et d’une grande fermeté d’esprit, elle imposait quelque contrainte aux légèretés d’un fils qui la respectait, et les mêmes qualités soutenaient quelquefois la résolution chancelante de son royal époux. Mais après sa mort le faible souverain fut semblable à un vaisseau qui a perdu ses ancres, et qui est ballotté par des courans opposés les uns aux autres. On pouvait dire que Robert était passionné pour son fils, – qu’il avait un respect timide pour le caractère de son frère Albany, bien plus décidé que le sien, – que Douglas lui inspirait une terreur qui était presque d’instinct, – et qu’il doutait de la fidélité du hardi mais inconstant comte de March. Les sentimens qu’il nourrissait pour ces divers individus se mêlaient et se compliquaient tellement, qu’ils se montraient de temps en temps tout autres de ce qu’ils étaient réellement. Cédant au dernier ascendant qui avait été exercé sur son esprit flexible, le roi, après avoir été un père indulgent, devenait sévère et même cruel, – sa confiance en son frère se changeait en méfiance, – et le monarque plein de douceur et de bonté se

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