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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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quelques drôles portant il est vrai le cœur sanglant sur leurs épaules ; mais ils fuyaient trop vite pour appartenir au comte de Douglas.
    Douglas comprit la raillerie, et n’y répondit que par un de ces regards sombres qui exprimaient ordinairement son ressentiment.
    – Sire, dit-il avec calme et hauteur, je dois sans doute répondre à cette attaque, par la raison qu’il n’y a jamais eu de querelle ni de sang répandu en Écosse sans que des langues calomniatrices n’aient assuré que c’était un Douglas ou un partisan des Douglas qui en était la cause. Nous avons ici de bons témoins. Je ne parle pas de milord d’Albany, qui s’est contenté de dire qu’il était, suivant son devoir, auprès de Votre Majesté. Je ne dirai rien de milord de Rothsay qui, suivant aussi sans doute ce qu’il doit à son rang, à son âge, à lui-même, cassait pendant ce temps des noisettes avec une chanteuse ambulante : il sourit, il peut dire ici ce qui lui plaira ; je n’oublierai pas que je suis dans un lieu dont il semble avoir oublié lui-même la majesté. Mais voilà le comte de March qui a vu mes gens fuir devant les rustres de Perth ! Je puis dire à ce seigneur que ceux qui suivent le cœur sanglant avancent ou se retirent quand leur chef l’ordonne ou que le bien de l’Écosse l’exige.
    – Et moi je puis répondre… s’écria le fier comte de March dont tout le sang sembla se porter à son visage ; – mais le roi l’interrompit.
    – Paix ! seigneurs vindicatifs, dit le monarque ; souvenez-vous devant qui vous êtes. Et vous, milord de Douglas, dites-nous, si vous le pouvez, la cause de cette mutinerie, et pourquoi vos gens, dont nous reconnaissons en général les bons services, prenaient à la querelle une part si active.
    – J’obéis, milord, répondit Douglas inclinant légèrement une tête qui se courbait bien rarement. Je me rendais de ma maison au couvent des chartreux, en traversant la principale rue de Perth avec quelques personnes de ma suite ordinaire, lorsque j’aperçus des gens de la plus basse classe se pressant autour de la croix contre laquelle on avait cloué ce placard et ceci qui était à côté.
    Le comte tira d’une poche de son buffetin une main humaine et un morceau de parchemin. Le roi parut surpris et agité.
    – Lisez, dit-il, bon père prieur, et qu’on ôte de devant mes yeux cet horrible spectacle.
    Le prieur lut le placard qui était ainsi conçu :
    « Attendu que la maison d’un citoyen de Perth a été attaquée la nuit dernière, veille de Saint-Valentin, par des vagabonds nocturnes appartenant à quelque compagnie des étrangers qui résident maintenant dans la belle ville, et vu que cette main a été coupée dans la querelle qui s’ensuivit à un de ceux qui étaient en contravention avec la loi, le prévôt et les magistrats ont ordonné que ladite main serait clouée à la croix de la ville, en défi et comme une marque de mépris envers ceux qui ont occasionné cette émeute. Et si quelqu’un, noble de naissance, prétend que nous avons eu tort d’agir ainsi, moi, Patrice Charteris de Kinfauns, chevalier, je justifierai ce cartel avec les armes des chevaliers, en champ clos ; ou si quelqu’un d’une naissance moins distinguée donne un démenti à ce qui est déjà mentionné, il trouvera pour lui répondre un citoyen de la belle ville d’une naissance proportionnée à la sienne. Sur ce, que Dieu et saint Jean protégent la belle ville ! »
    – Vous apprendrez sans surprise, milord, ajouta Douglas, que lorsque mon aumônier m’eut fait connaître le contenu de cet insolent parchemin, j’ordonnai à un de mes écuyers d’arracher un trophée si injurieux à la chevalerie et à la noblesse d’Écosse. Il paraît qu’à ce sujet quelques-uns de ces impertinens bourgeois ont hué et insulté le reste de ma suite, qui les a chargés avec ses chevaux, et aurait bientôt terminé la querelle sans l’ordre positif que je leur donnai de me suivre aussi paisiblement que ces vilains voudraient le permettre. Ainsi ils arrivèrent jusqu’ici, ayant l’air de fuir, au lieu que si je leur avais ordonné de repousser la force par la force, ils auraient pu mettre le feu aux quatre coins de cette maudite ville et asphyxier ces bourgeois arrogans comme de jeunes renards dans des genêts enflammés.
    Lorsque Douglas eut fini de parler il y eut un moment de silence, jusqu’à ce que le duc de Rothsay répondit en s’adressant à son

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