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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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quelques bons soudards de
plus, répondit Thomas Utenhove.
    Faisant alors mander à son de cloche ses valets et servantes il
leur dit :
    – Vous tous qui êtes de Zélande, hommes et femmes, oyez :
Ulenspiegel le Flamand, ci présent, veut que vous passiez par
l’armée du duc nuptialement accoutrés.
    Hommes et femmes de Zélande crièrent ensemble :
    – Danger de mort ! nous le voulons !
    Et les hommes s’entredisaient :
    – Ce nous est joie de quitter la terre de servitude pour aller
vers la mer libre. Si Dieu est pour, qui sera contre ?
    Des femmes et des filles disaient :
    – Suivons nos maris et amis. Nous sommes de Zélande et y
trouverons asile.
    Ulenspiegel avisa une jeune et mignonne fillette, et lui dit se
gaussant :
    – Je te veux épouser.
    Mais elle rougissante, répondit :
    – Je veux de toi, mais à l’église seulement.
    Les femmes riant s’entredirent :
    – Son cœur tire à Hans Utenhove, fils du
baes
. Il part
avec elle sans doute.
    – Oui, répondit Hans.
    Et le père lui disait :
    – Tu le peux.
    Les hommes se mirent en habit de fête, pourpoint et
haut-de-chausses de velours, et le
opperst-kleed
par-dessus, et coiffés de larges couvre-chefs, garants de soleil et
de pluie, les femmes en bas-de-chausses noirs et souliers
déchiquetés ; portant au front le grand bijou doré, à gauche
pour les fillettes, à droite pour les femmes mariées ; la
fraise blanche au cou, le plastron de broderie or, écarlate et
azur, le jupon de laine noire à larges raies de velours de même
couleur, les bas de laine noire et les souliers de velours à
boucles d’argent.
    Puis Thomas Utenhove s’en fut à l’église prier le prêtre de
marier incontinent pour deux
rycksdaelders
qu’il lui mit
dans la main, Thylbert fils de Claes, c’était Ulenspiegel, et
Tannekin Pieters, ce à quoi le curé consentit.
    Ulenspiegel alla donc à l’église suivi de toute la noce, et là
il épousa devant le prêtre Tannekin si belle et mignonne, si
accorte et bien en chair qu’il eût volontiers mordu dans ses joues
comme en une pomme d’amour. Et il le lui dit, n’osant le faire par
respect qu’il avait de sa douce beauté. Mais elle, boudeuse, lui
dit :
    – Laissez-moi ; voici Hans qui vous regarde pour vous
tuer.
    Et une fillette, jalouse, lui dit :
    – Cherche ailleurs ; ne vois-tu point qu’elle a peur de son
homme ?
    Lamme, se frottant les mains, s’écriait :
    – Tu ne les auras point toutes, vaurien.
    Et il était tout aise.
    Ulenspiegel, prenant son mal en patience, retourna à la ferme
avec la noce. Et là, il but, chanta et fut joyeux, trinquant avec
la fillette jalouse. Ce dont Hans fut joyeux, mais non Tannekin, ni
non plus le fiancé de la fillette.
    À midi, par un clair soleil et un vent frais, les chariots s’en
furent verdoyants et fleuris, toutes enseignes déployées, au son
joyeux des tambourins, des scalmeyes, des fifres et des
cornemuses.
    Au camp d’Albe était une autre fête. Les vedettes et sentinelles
avancées, ayant sonné l’alarme, revinrent les unes après les
autres, disant :
    « L’ennemi est proche, nous avons entendu le bruit des
tambourins et fifres, et aperçu les enseignes. C’est un fort parti
de cavalerie venu là pour vous attirer en quelque embuscade. Le
corps d’armée est plus loin sans doute. »
    Le duc fit aussitôt avertir les mestres-de-camp, colonels et
capitaines, ordonna de mettre l’armée en bataille et envoya
reconnaître l’ennemi.
    Soudain apparurent quatre chariots allant vers les arquebusiers.
Dans les chariots, les hommes et les femmes dansaient, les
bouteilles trottaient et joyeusement glapissaient les fifres,
geignaient les scalmeyes, battaient les tambours et ronflaient les
cornemuses.
    La noce ayant fait halte, d’Albe vint lui-même au bruit et vit
la nouvelle épousée sur l’un des quatre chariots ;
Ulenspiegel, son époux, tout fleuri, à côté d’elle, et tous les
paysans et paysannes, descendus à terre, dansant tous autour et
offrant à boire aux soudards.
    D’Albe et les siens s’étonnaient grandement de la simplicité de
ces paysans qui chantaient et festoyaient quand tout était en armes
autour d’eux.
    Et ceux qui étaient dans les chariots donnèrent tout leur vin
aux soudards.
    Et ils furent par eux bien applaudis et fêtés.
    Le vin manquant dans les chariots, les paysans et paysannes se
remirent en route au son des tambourins, fifres et cornemuses, sans
être inquiétés.
    Et les

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