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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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dans les plus
profonds abîmes de la mer, avec vous, vos armes maudites, vos
canons du diable, votre capitaine chanteur, vos croissants
blasphématoires, Oui ! jusques au fond de l’insondable parfond
du royaume de Satan, où vous ne brûlerez point, non ! mais où
vous gèlerez, tremblerez, mourrez de froid pendant là toute longue
éternité. Oui ! le Dieu du ciel éteindra ainsi le feu de votre
haine impie contre notre douce mère sainte Eglise romaine, contre
messieurs les Saints, messeigneurs les évêques et les benoîts
placards qui furent si doucement et mûrement pensés. Oui, et je
vous verrais du haut du paradis, violets comme des betteraves ou
blancs comme des navets tant vous auriez froid.
‘T sy ! ‘t
sy ! ‘t sy !
Ainsi soit-il, soit, soit-il.
    Les matelots, soudards et mousses se gaussaient de lui, et lui
lançaient des pois secs, au moyen de sarbacanes. Et il se couvrait
des mains le visage contre cette artillerie.

II
     
    Le duc de sang ayant quitté les pays, messires de Medina-Cœli et
de Requesens les gouvernèrent avec une moindre cruauté. Puis les
États Généraux les régirent au nom du roi.
    Dans l’entre-temps, ceux de Zélande et Hollande, bien heureux à
cause de la mer et des digues, qui leur sont remparts et
forteresses de nature, ouvrirent au Dieu des libres de libres
temples ; et les papistes bourreaux purent à côté d’eux
chanter leurs hymnes ; et monseigneur d’Orange le Taiseux
s’empêcha à fonder une stadhoudérale et royale dynastie.
    Le pays Belgique fut ravagé par les Wallons malcontents de la
pacification de Gand, devant, disait-on, éteindre toutes les
haines. Et ces Wallons
Pater-noster knechten
, portant au
cou de gros chapelets noirs, dont deux mille furent trouvés à
Spienne en Hainaut, volant les bœufs et les chevaux par douze
cents, par deux mille, choisissant les meilleurs, par champs et par
marais emmenant femmes et filles, mangeant et ne payant point,
brûlaient dans les granges les paysans armés prétendant ne point se
laisser enlever le fruit de leurs durs labeurs.
    Et ceux du populaire s’entre-disaient : « Don Juan va
venir avec ses Espagnols, et Monsieur sa Grande Altesse viendra
avec ses Français non huguenots, mais papistes : et le
Taiseux, voulant régir paisiblement Hollande, Zélande, Gueldre,
Utrecht, Overyssel, cède par un traité secret les pays belgiques,
afin que Monsieur d’Anjou s’y fasse roi ».
    D’aucuns du populaire avaient toutefois confiance.
« Messeigneurs des États, disaient-ils, ont vingt mille hommes
bien armés, avec force canons et bonne cavalerie. Ils résisteront à
tous les soudards étrangers. »
    Mais les bien avisés disaient : « Messeigneurs des
États ont vingt mille hommes sur le papier, mais non en campagne,
ils manquent de cavalerie et laissent à une lieue de leur camp
voler les chevaux par les
Pater-noster knechten
. Ils n’ont
point d’artillerie, car en ayant besoin chez nous, ils ont décidé
d’envoyer cent canons avec de la poudre et des boulets à don
Sébastien de Portugal ; et l’on ne sait où vont les deux
millions d’écus que nous avons payés en quatre fois par impôts et
contributions, les bourgeois de Gand et Bruxelles s’arment, Gand
pour la réforme, et Bruxelles comme Gand ; à Bruxelles, les
femmes jouent du tambourin tandis que leurs hommes travaillent aux
remparts. Et Gand la Hardie envoie à Bruxelles la Joyeuse de la
poudre et des canons, qui lui manquent pour se défendre contre les
Malcontents et les Espagnols.
    « Et un chacun, dans les villes et le plat pays,
in ‘t
plat landt
, voit que l’on ne doit point avoir confiance ni en
Messeigneurs ni en tant d’autres. Et nous bourgeois et ceux du
commun peuple, sommes marris en notre cœur de ce que, donnant notre
argent et prêts à donner notre sang, nous voyons que rien n’avance
pour le bien de la terre des pères. Et le pays Belgique est
craintif et fâché, n’ayant point de chefs fidèles pour lui donner
occasion de bataille et lui bailler victoire, à grands efforts
d’armes toutes prêtes contre les ennemis de la liberté. »
    Et les bien avisés s’entredisaient :
    « Dans la pacification de Gand, les seigneurs de Hollande
et Belgique jurèrent l’extinction des haines, la réciprocité
d’assistance entre les États belgiques et les États
néerlandais ; déclarèrent les placards non avenus, les
confiscations levées, la paix entre les deux religions ;
promirent d’abattre

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