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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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tenir à peu près ce langage : « Brave guerrier du 27e Fer-et-Feu ! Afin de vous aider à combattre mieux encore pour le Führer et pour le Peuple, je vous offre, dans ma gratitude, cette bouteille de rhum que M. Joseph Porta, Obergefreiter par la grâce de Dieu, avait, dans sa bonté infinie, décidé de remettre à ma misérable personne. » N'est-ce pas exactement ce que tu t'apprêtais à dire ? Ces mots ne tremblaient-ils pas sur le bout de ta langue ? Mon cher ami, nous vous remercions du fond du cœur et ceci dit, vous pouvez disposer...
    La main de Joseph Porta décrivit un magnifique moulinet. Puis il leva son képi en hurlant :
    — Grüss Gott !
    Et dès que le malheureux cheminot nazi se fut éloigné en grinçant des dents, nous ouvrîmes le paquet.
    Il y avait là cinq bouteilles de vin ; il y avait un gigantesque rôti de porc; il y avait deux poulets rôtis ; il y avait...
     

Curiosites des Balkans

    M AIS nous devons nous rappeler que nous partons en guerre, dit-il d'une voix tremblante, et que la guerre peut être parfois une chose très dangereuse. D'après ce qu'on entend raconter, il y a même des gens qui en meurent. Supposez qu'une balle perdue nous bouzille brusquement, tous à la fois. Ou supposez...
    La voix de Porta n'était plus qu'un chuchotement horrifié.
    — ... supposez que personne ne soit touché, mais qu'elle casse ces trois bouteilles alors qu'il reste encore quelque chose dedans ! Voilà ce que j'appellerais les horreurs de la guerre !
    Malgré ces terribles perspectives, nous en gardâmes tout de même une partie pour plus tard.
    Et bientôt, le train s'ébranla.
    — Ça y est, on démarre, on démarre !
    Dieu seul sait peut-être pourquoi nous éprouvions le besoin de gueuler comme ça, car le démarrage du train était un fait évident, aussi bien pour nous autres, installés dans notre fourgon, que pour tous ceux qui restaient à terre. Les grandes portes à glissières étaient ouvertes, de chaque côté, et nous y pendions en grappes, cramponnés les uns aux autres et braillant à qui mieux mieux. Tout nous était bon pour pousser des vivats retentissants : un chat, une vache, à plus forte raison une femme !
    — Vous pourriez me dire un peu ce qu'on est en train d'acclamer comme ça ? questionna le Vieux tout à coup. Est-ce qu'on est tellement joyeux d'aller à la boucherie ?
    Porta s'interrompit au beau milieu d'un hourra et réfléchit profondément.
    — Ce qu'on est en train d'acclamer ? Eh bien, ma petite tête de libellule, j'en sais trop rien. On gueule, c'est un fait, mais pourquoi ?
    Il nous consulta tous du regard.
    — Moi, je crois que je sais, dit Tom Pouce.
    — Vas-y, on t'écoute.
    — On gueule des hourras parce que personne a jamais entendu parler d'une guerre où on gueulait pas des hourras !
    Tom Pouce nous regarda solennellement, puis ajouta, sous le coup d'une brusque inspiration :
    — Et aussi parce qu'on est en route pour remplir une noble mission. On est en route pour aider notre cher Führer, notre grand Adolf à remporter une magnifique défaite, afin que cette saloperie de guerre finisse au plus vite et que le merveilleux effondrement de ce régime pourri devienne une glorieuse réalité !
    Porta le souleva de terre, l'embrassa sur les deux joues, le remit sur ses pieds, allongea son cou de cigogne et lança un rugissement de jubilation pure que le Führer entendit probablement, mais dont il ne put comprendre la signification.
    Je suis mal placé pour exprimer une opinion sans parti pris, mais du point de vue du simple soldat, le fameux génie germanique de l'organisation me paraît grandement surfait, tout au moins en ce qui concerne le transport des troupes. L'impression donnée au simple soldat par les plans tant vantés de l'Etat-Major Général est que lorsqu'il doit être transporté d'un point à un autre, il importe avant tout de l'y transporter en zigzag.
    Amener un simple soldat du point A au point B en ligne droite et sans haltes prolongées au milieu des champs ou sur les voies latérales des petites gares de triage, en un mot, sans le moindre gaspillage de temps et de combustible, équivaudrait à révolutionner l'art de la guerre, en réalisant tous ces jolis plans prévus sans pagaye d'aucune sorte. Or, c'est un fait bien connu que tous les simples soldats du monde pourront vous confirmer : on ne fait pas une guerre sans pagaye. La pagaye de la guerre, et le gaspillage titanesque de vies humaines, de nourriture,

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