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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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joie, sur le visage crasseux de Porta.
    — Herr Major, dit-il d'une voix lamentable, je ne vois pas de quelles oies ces gens veulent parler. Mais vous savez vous-même combien de fois déjà on a pu me prendre pour quelqu'un d'autre. Je suis l'homme le plus malheureux de la terre et je suis convaincu de posséder au moins deux sosies. Ma grand-mère l'a toujours affirmé...
    Les muscles des joues du Major Hinka tremblèrent dangereusement, mais il parvint à garder son sérieux, et, se tournant vers le lieutenant hongrois, il lui assura que Porta serait sévèrement puni. Pour pillage en terre alliée.
    Ce soir-là, le Major Hinka mangea, lui aussi, de l'oie rôtie.
    Rampant sur et sous une quantité infinie de wagons de marchandises, nous en atteignîmes un énorme, que scellait le cachet de la Wehrmacht. Sceau et lourd cadenas ne résistèrent pas longtemps, cependant, et le Vieux poussa de côté la porte à glissières.
    — Regardez un peu ça, grogna-t-il, et dites-moi ce que vous en pensez.
    Le spectacle qui s'offrait à nos yeux faillit nous expédier dans la nature, les quatre fers en l'air. Dieu du ciel! Des choses pareilles existaient donc encore ? Boîtes d'ananas, de poires, filets de bœuf, jambon, asperges, langoustes, crevettes, olives, sardines portugaises, bocaux de gingembre, abricots et pêches. Vrai thé, vrai café, chocolat, cigarettes et vins fins. Vin blanc, vin rouge, cognac, champagne. Une épicerie montée sur roues, un poème épique, une féerie orientale.
    — Dieu Tout-Puissant ! haleta Tom Pouce. A qui ce wagon est-il destiné ?
    — Tu veux dire : à qui ce wagon était-il destiné ? rectifia Pluton. Même un monstre tel que toi doit pouvoir comprendre que c'est Dieu qui a guidé nos pas. Et si Dieu s'est donné cette peine, c'est pas pour que tu restes là sur tes pattes de derrière à poser des questions idiotes !
    Quand nous pénétrâmes le lendemain dans la grande gare de marchandises de Bucarest, où nous devions être transbordés. Porta disparut avec une caisse de pinard et, peu de temps après, surgit, une loco haut le pied qui vint chercher notre wagon pour le ranger sur une discrète voie de garage, à l'abri des yeux trop inquisiteurs.
    Porta fit même établir par un Stabsfeldwebel un bulletin de fret attestant que le wagon était la propriété légitime du 18 e Bataillon.

Les splendeurs des Balkans

    Nous fûmes cantonnés dans une caserne roumaine proche de la rivière Dombrovitza, à quelque distance de la cité. Un samedi soir, Porta se rendit à Bucarest pour y jouer au poker avec des Roumains de sa connaissance et, le dimanche matin, il était absent à l'appel. Je répondis : « Présent » à sa place, mais il était bien évident qu'une telle situation ne pouvait pas s'éterniser.
    L'idée de Pluton était que Porta, ayant joué et perdu tout ce qu'il possédait, y compris ses vêtements, attendait maintenant, en compagnie de quelque souris roumaine, que nous venions le récupérer. Cette version nous semblait difficile à ingurgiter, car Porta était un tricheur de génie. L'explication la plus probable — beaucoup plus inquiétante, aussi — était qu'il avait dû, lui, ratisser tous les autres, et tomber sur un bec à la sortie !
    Aussitôt après la « soupe » de midi, nous partîmes à travers la ville. Rechercher Porta dans une cité d'un million d'habitants était une entreprise d'autant plus désespérée que Bucarest couvre une surface considérable avec ses immenses parcs, ses larges boulevards et ses rues interminables où les maisons possèdent toutes leur propre jardin.
    Mais nous avions tort de nous tracasser. Comme nous parcourions en tous sens l'un des plus beaux quartiers résidentiels de la ville, notre attention fut attirée par une étrange et bruyante procession. Tellement bruyante, tellement étrange que tout le monde cavalait pour la regarder passer.
    Quatre hommes — deux soldats roumains, un bersaglier italien, un civil en tenue de soirée — chancelaient joyeusement sous le poids d'une chaise à porteurs grande comme un compartiment de chemin de fer et, tout en trimbalant ce bizarre équipage, braillaient à qui mieux mieux « Sur un marché persan », stimulés et accompagnés par une invisible flûte.
    Des entrailles du monstre d'or et de laque rouge jaillit soudain la voix du flûtiste :
    — Halte, esclaves ! Préparez l'atterrissage ! Attention... HALTE !
    L'engin, en touchant le pavé, fit un vacarme considérable,

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