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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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le cou cassé. Le Cosaque nous chercha des noises, mais nous le ficelâmes, lui et son cheval crevé, sur un radeau que le courant de la rivière qui traversait le village emporta bien gentiment.
    Il y eut aussi la chasse au chat. Un chat détestable qui fauchait les poules d'un de nos copains russes. Porta organisa l'expédition de main de maître. Le Chat s'en sortit indemne, mais quand la chasse se termina, faute de munitions adéquates, Porta avait descendu un chien et trois poules, blessé une vache et une chèvre, troué d'une balle le chapeau du propriétaire du chat. Notre copain russe le consola en lui disant qu'il s'agissait d'un chat vraiment très, très difficile à toucher.
    Une nuit, nous soulevâmes une truie de deux cents kilos au 89 e Régiment d'Artillerie, cantonné dans le village voisin. Après ça, nous mangeâmes du lard bouilli pendant des jours et des jours, assis sur nos latrines, en jouant aux cartes et buvant de la vodka.
    Et l'histoire des dents de Porta... L'une d'elles, depuis longtemps, lui en faisait voir de cruelles, mais il n'osait pas aller chez le dentiste. Nous avions essayé le vieux truc qui consiste à relier la dent à la poignée d'une porte, à l'aide d'un fil, puis à claquer violemment la porte, mais le fil avait cassé. Un jour, le Vieux mit la main sur un davier usagé. Nous attachâmes Porta et le Vieux arracha la dent douloureuse. Manque de pot, ce n'était pas la bonne. Il arracha aussi l'autre molaire, ce qui ne laissait plus, à Porta, que son unique incisive noire. Mais le Vieux déclara qu'il serait absurde de s'arrêter en si bon chemin, et la fit sauter également, avant que nous ne détachions le « patient » vociférant.
    Nous dûmes les tenir à distance, pendant pas mal de jours, mais finalement, Porta eut sa revanche. Ayant réussi à ficeler le Vieux, par surprise, il le déchaussa, lui attacha les pieds à deux piquets, les lui frotta de gros sel, puis invita deux chèvres à ce régal particulier. Pendant que le Vieux braillait et sanglotait et rigolait convulsivement, Porta but calmement de la bière, en nous interdisant d'approcher à l'aide d'un long fouet cosaque.
    Oui, ce fut un été magnifique!
    Très loin, en Prusse-Orientale, il y avait un grand conciliabule de tous les commandants de corps d'armée allemands. Il y avait là des Generaloberst et des Generalf eldmar schall avec de beaux pantalons bien pressés garnis de beaux lisérés rouge sang. La tresse d'or de leurs beaux cols rouges rivalisait d'éclat avec les brillants de ces croix de chevalier qui pendent généralement au cou de ces beaux messieurs... Monocle à l'œil, ils étudiaient les immenses cartes de l'immense front et passaient des heures à déplacer des petits drapeaux multicolores, montés sur des épingles. Chaque drapeau indiquait une division de dix-huit à vingt mille hommes qu'ils déplaçaient ainsi entre le pouce et l'index. Se faire remarquer par le petit Führer hystérique, être l'objet de sa satisfaction, signifiaient toujours plus de pouvoir, plus d'horreurs, plus de gloire.
    « ... et je vous demande de transmettre mon salut aux milliers d'hommes à qui va échoir le sort glorieux de mourir en combattant pour la Patrie et l'honneur de notre armée. »
    Ainsi parla notre commandant de corps aux commandants de division placés sous ses ordres, parmi lesquels celui de la division dont faisait partie notre 27 e Régiment Blindé. Puis le gras assassin-en-masse médaillé, monoclé, doré sur tranche, salua d'un air martial et regagna son Q.G., loin, très loin des premières lignes, tandis que les commandants de division réintégraient leurs propres Q.G. divisionnaires pour préparer l'offensive, afin que les pourceaux médaillés, monoclés, dorés sur tranche, pussent continuer à faire joujou, devant leurs belles cartes d'état-major, avec leurs drapeaux, leurs crayons, leurs épingles.

Le sort glorieux

    DEHORS, dehors ! hurla le Vieux. Grouillez bon Dieu ! C'est la fin du 27 e Blindé !
    Vingt minutes plus tard, nos six cents tanks n'étaient plus que six cents masses de ferraille tordue, rongée par le feu. Puis le colonel von Lindenau arriva dans sa voiture, jeta un coup d'oeil aux chars détruits et dit d'un ton las :
    — Tous les hommes valides vont se replier sur nos anciennes positions. Le 27 e Régiment ne compte plus, maintenant que la Luftwaffe en a fait cette bouillie.
    Car les avions avaient été les nôtres. Par suite de je ne sais quel

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