Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
Vom Netzwerk:
passion coupable. Cela paraissait bien étrange à la pauvre Hester, tandis qu’elle regardait grandir son enfant, la voyait devenir de plus en plus belle, constatait que ses petits traits s’ensoleillaient sous les rayons frémissants de l’intelligence. Sa petite Pearl ! Car ainsi Hester avait-elle appelé sa fille. Non que le nom s’accordât à un aspect physique qui n’avait rien de l’éclat blanc et calme de la perle, mais parce que l’enfant représentait pour sa mère un trésor, le seul trésor qu’elle possédât, un trésor qu’elle avait dû payer très cher – de tout son avoir {44} . Que c’était donc en vérité étrange ! Les hommes avaient stigmatisé la faute de cette femme par la lettre écarlate, d’un effet désastreux tellement efficace, que nulle sympathie humaine ne pouvait plus atteindre la condamnée, à moins d’être ressentie par un autre coupable. Dieu, comme conséquence directe de la faute ainsi punie par les hommes, avait placé sur le même sein déshonoré une jolie petite fille qui devait rattacher sa mère à la lignée des mortels et devenir un jour une âme dans le ciel ! Ces pensées apportaient pourtant à Hester moins de réconfort que d’appréhension. Elle savait que son acte avait été mauvais et ne pouvait croire que les conséquences en seraient jamais bonnes. Jour après jour, elle surveillait le développement de l’enfant, craignant sans cesse de voir poindre quelque particularité sinistre qui correspondrait au péché auquel la petite créature devait d’être en vie.
    Il ne pouvait, en tout cas, être question de défauts physiques. Par ses formes parfaites, sa vigueur, son adresse à se servir de ses petits membres tout neufs, l’enfant était digne de sortir du Paradis terrestre, d’y avoir été laissée pour servir de jouet aux anges après que les premiers parents du genre humain en furent chassés. Elle avait cette grâce naturelle qui ne s’allie pas toujours à la beauté impeccable. Les vêtements qu’elle portait donnaient, quels qu’ils fussent, l’impression d’être entre tous faits pour lui aller. La petite Pearl n’était pas d’ailleurs vêtue en paysanne. Sa mère, dans une intention morbide que l’on comprendra mieux plus tard, avait acheté les plus riches étoffes qu’elle avait pu se procurer et laissé libre cours à son imagination d’artiste pour confectionner les robes que l’enfant portait. Ainsi vêtue, sa petite personne était magnifique et sa beauté brillait d’un tel éclat à travers ces somptueux atours – qui auraient pu éteindre une beauté plus pâle – qu’elle projetait vraiment un cercle radieux autour d’elle sur le sol de la chaumière. Cela n’empêchait point une robe de bure, déchirée et salie par ses jeux violents, de faire d’elle un tableau tout aussi parfait.
    L’apparence de Pearl était caractérisée par un charme d’une variété infinie. En cette enfant, il y avait toute une série d’enfants, qui allait de la simple petite paysanne, gentille comme une fleur sauvage, à l’infante majestueuse comme une princesse en miniature. On retrouvait toujours en elle, cependant, quelque chose de passionné, d’accusé, de profond, comme une teinte chaude qu’elle ne perdait jamais. Si en une seule de ses incarnations, elle s’était montrée plus faible ou plus pâle, elle aurait cessé d’être elle-même – il n’y aurait plus eu de Pearl !
    Ces changements d’aspects indiquaient, ne faisaient même en somme que parfaitement exprimer, les propriétés diverses de cette nature d’enfant. Une nature qui comportait autant de profondeur que de variété mais qui, à moins qu’Hester ne fût abusée par ses craintes, semblait manquer de points d’appui extérieurs, être dépourvue du don de s’adapter au monde qui l’avait vue naître.
    L’enfant se refusait à plier devant des règles. Pour lui donner la vie, une grande loi avait été enfreinte : d’où un être composé d’éléments, beaux et brillants sans doute, mais tout en désordre, ou ayant un ordre à eux, parmi lesquels il était impossible de se reconnaître. Hester ne pouvait s’expliquer le caractère de l’enfant – et encore seulement d’une façon vague et imparfaite – qu’en se souvenant de ce qu’elle avait été elle-même, du temps où l’âme de Pearl tirait sa substance du monde spirituel et sa structure corporelle de notre monde terrestre. Pour blancs et clairs qu’ils

Weitere Kostenlose Bücher