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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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allégé de moitié. L’instant d’après, son sort l’accablait derechef de tout son poids, voire plus cruellement encore car, durant ce bref intervalle, Hester avait succombé de nouveau au mal. Était-elle la seule à avoir péché ?
    Son imagination était quelque peu affectée – et l’imagination d’une personne à la fibre morale et intellectuelle plus faible l’eût été bien davantage encore – par l’étrange tourment et l’isolement de sa vie. Allant et venant de son pas solitaire par le petit univers auquel elle était extérieurement rattachée, il lui semblait – et s’il ne s’agissait que d’une illusion, elle était trop puissante pour se laisser écarter – il lui semblait que la lettre écarlate l’avait dotée d’un sens nouveau, d’une connaissance intuitive (elle frissonnait de ne pouvoir s’empêcher de le croire) des péchés que d’autres cachaient en leurs cœurs.
    Les révélations qui lui étaient ainsi faites la frappaient d’épouvante. D’où provenaient-elles ! Pouvaient-elles être autre chose que d’insidieux chuchotements de son mauvais ange qui aurait bien voulu la persuader, elle qui se débattait encore, qui n’était encore qu’à moitié sa victime, que toute apparence de pureté n’était que mensonge ? Que si la vérité avait éclaté partout, une lettre écarlate aurait flamboyé sur bien d’autres poitrines que sur celle d’Hester Prynne ? Ou fallait-il accepter ces suggestions si obscures et pourtant si nettes comme des vérités ? Rien dans tout son misérable sort n’était plus abominable, plus odieux pour Hester, que ce don de pseudo-clairvoyance. Il la bouleversait, la choquait par l’irrévérencieux manque d’à-propos de ses manifestations. Parfois la marque rouge sur sa poitrine palpitait comme par sympathie cependant que la route d’Hester croisait celle d’un pasteur ou d’un magistrat vénérable, modèle de piété et d’équité que cet âge, porté au respect, considérait comme un frère des anges. « Qu’est-ce donc que j’approche de mal ? » se demandait Hester et, levant les yeux à regret, elle ne voyait personne, à part ce saint terrestre ! Une autre fois, un lien de fraternité mystérieuse s’entêtait à prétendre se révéler cependant que le regard d’Hester rencontrait le regard sévère d’une matrone qui, d’après toutes les langues de la ville, se serait gardée aussi froide que neige tout au long de sa vie. Que pouvaient avoir de commun cette neige conservée froide dans la poitrine d’une épouse irréprochable et l’infamie qui brûlait la poitrine d’Hester ? Ou bien la petite secousse bien connue lui lançait encore son avertissement : « Regarde, Hester ! Une compagne ! » Et, levant les yeux, elle apercevait une jouvencelle qui timidement, à la dérobée, jetait à la lettre écarlate un coup d’œil qu’elle détournait bien vite, glaciale, avec, aux joues, une faible rougeur comme si sa pureté avait été un instant ternie par ce coup d’œil. Ô démon qui prenais pour talisman le fatal symbole, ne laissais-tu donc personne, jeune ou vieux, que cette pauvre pécheresse pût vénérer ? Pareille perte de foi est une des plus tristes conséquences du péché. Qu’on voie la preuve que tout n’était pas corrompu en cette pauvre victime de sa propre faiblesse dans le fait qu’elle luttait encore pour croire qu’aucun de ses compagnons d’ici-bas n’était aussi coupable qu’elle.
    Le vulgaire qui apportait toujours, en ces sombres vieilles époques, sa contribution d’horreur et de grotesque à ce qui intéressait son imagination, contait, au sujet de la lettre écarlate, une histoire qui pourrait aisément devenir le sujet d’une légende terrifiante. Il affirmait que cette marque symbolique n’était point un bout d’étoffe passé au pot de teinture, mais qu’elle avait été rougie au feu de l’enfer et qu’on la pouvait voir rutiler lorsque Hester Prynne sortait la nuit. Et elle corrodait la poitrine d’Hester assez profondément pour que nous nous voyions forcés de reconnaître qu’il y avait plus de vérité dans ces rumeurs que notre incrédulité moderne n’est portée à l’admettre.

CHAPITRE VI – PEARL
    Nous n’avons jusqu’ici parlé qu’à peine de l’enfant – de cette petite créature dont la vie innocente avait, par un inscrutable décret de la Providence, jailli, telle une charmante fleur immortelle, d’un excès de

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