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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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subite, elle se tourna vers le jeune clergyman sur qui il n’avait pas paru qu’elle eût jusqu’alors seulement porté ses regards.
    – Parle pour moi ! s’écria-t-elle, toi qui fus mon pasteur et me connais mieux que ne me peuvent connaître ces hommes ! Je ne veux pas perdre mon enfant ! Parle pour moi ! Tu sais – car tu as une pénétration que les autres n’ont point – tu sais ce que sont les droits d’une mère et combien peuvent être plus sacrés ceux d’une mère qui n’a que son enfant et la lettre écarlate ! Prends ma défense !
    À cet appel ardent et singulier qui montrait que la situation avait presque acculé Hester à la folie, le jeune pasteur répondit en s’avançant aussitôt, pâle, et la main pressée contre son cœur comme c’était sa coutume toutes les fois que sa nature particulièrement nerveuse était en proie à l’agitation. Il avait l’air plus travaillé de soucis, plus émacié que le jour de la honte publique d’Hester et, soit par suite du déclin de sa santé, soit pour toute autre raison, ses grands yeux sombres recelaient tout un troublant univers de tourments dans leurs profondeurs mélancoliques.
    – Il y a de la vérité, dit-il d’une voix frémissante, douce et pourtant si puissante qu’elle éveilla des échos dans la grande salle et fit résonner l’armure vide. Il y a de la vérité dans les paroles d’Hester Prynne et dans le sentiment qui les inspire. Oui, Dieu, qui lui a donné cette enfant, lui a en même temps donné de la nature et des besoins – assez à part, semble-t-il, – de cette même enfant une connaissance instinctive que nul autre mortel ne saurait posséder. Et n’y a-t-il pas, en outre, quelque chose de redoutablement sacré dans le lien qui unit cette mère et sa fille ?
    – Et comment cela, mon bon Révérend ? interrompit le Gouverneur. Veuillez, je vous prie, bien éclaircir ce point.
    – Il faut qu’il en soit ainsi, reprit le pasteur, car en juger différemment ne reviendrait-il point à dire que le Créateur de toute chair, Notre Père céleste, aurait légèrement reconnu un acte coupable, n’aurait point fait de différence entre la luxure et l’amour sanctifié ? Fille du crime de son père et de la honte de sa mère, cette enfant est sortie des mains de Dieu pour agir de bien des façons sur le cœur de cette femme qui réclame avec tant d’ardeur et d’amertume le droit de la garder ! Dieu l’a désignée pour être la bénédiction, la seule bénédiction de la vie de cette femme. Et pour lui être en même temps, comme cette mère nous l’a dit elle-même, un moyen d’expier – un tourment qui se fait sentir aux moments où l’on ne s’y attend point un élancement, une morsure, une torture sans cesse renaissantes au sein de joies mal assurées ! La mère n’a-t-elle point exprimé tout ceci par le costume de la pauvre enfant qui nous rappelle si irrésistiblement le symbole rouge qui marque sa poitrine ?
    – Bien dit, s’écria le bon Révérend Wilson. Je craignais que cette femme n’ait eu meilleure intention que de faire un bouffon de sa fille.
    – Oh, non, non ! reprit le jeune pasteur. Elle reconnaît, soyez-en certains, le solennel miracle que Dieu fit en créant cette enfant. Et puisse-t-elle bien reconnaître aussi ce qui me frappe comme la vérité même : qu’en lui accordant cette faveur, Dieu entendait par-dessus tout garder son âme en vie, la préserver des abîmes encore plus noirs où Satan aurait sans cela tenté de la précipiter ! Oui, il est bon pour cette pauvre pécheresse de voir confier à ses soins l’immortalité d’un être fait pour les joies ou pour les peines éternelles. D’avoir à ses côtés une ignorante à qui elle devra enseigner le bien, une innocente qui lui rappelle à chaque instant sa faute mais qui lui assure du même coup, comme par une promesse du Seigneur Lui-Même, que si elle conduit son enfant au ciel, son enfant l’y conduira en retour. En cela, la mère coupable est plus heureuse que le père coupable. Pour le bien d’Hester Prynne, tout autant que pour celui de cette pauvre enfant, laissez-les donc toutes deux à la place que la Providence a jugé bon de leur donner !
    – Vous parlez, ami, avec une étrange ardeur ! dit le vieux Roger Chillingworth en souriant.
    – Voici des paroles d’un grand poids, déclara le Révérend Wilson. Qu’en pensez-vous, digne Messire Bellingham ? Mon jeune confrère n’a-t-il

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