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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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passant, une constante habitude ? Était-il donc las de ses travaux ? Désirait-il mourir ? Autant de questions qui lui furent solennellement posées par les plus anciens pasteurs de Boston et par les diacres de sa paroisse. Ces dignes personnages « vinrent enfin à bout de lui », pour user de leur propre expression, en lui représentant que c’était pécher de repousser une aide que la Providence offrait si manifestement. Le jeune pasteur les écouta en silence et finit par promettre de s’entretenir avec le médecin.
    – Si telle était la volonté du Seigneur, dit-il quand, fidèle à sa parole, il demanda l’avis médical de Roger Chillingworth, je préférerais que mes efforts, mes peines et mes péchés prissent fin le plus vite possible avec moi, que ce qu’il y a de terrestre en eux fût enterré dans la tombe, que ce qu’il y a de spirituel suivît mon sort dans l’éternité, plutôt que de vous voir mettre pour moi votre science à l’épreuve.
    – Ah, répondit Roger Chillingworth, avec cette tranquillité naturelle ou voulue qui caractérisait son comportement, un pasteur de votre âge est porté à parler ainsi. Les jeunes hommes qui n’ont pas encore profondément pris racine renonceraient à tout si aisément ! Et les hommes pleins de sainteté qui marchent avec Dieu sur cette terre préféreraient s’en aller marcher avec Lui sur les chemins dallés d’or de la Jérusalem Nouvelle {59} .
    – Oh, répliqua le Révérend Dimmesdale en portant la main sur son cœur, tandis qu’une expression douloureuse passait sur son front, si j’étais plus digne de marcher là-haut, je serais plus content de peiner ici-bas.
    – Les hommes de mérite ont toujours tendance à se rabaisser, dit le médecin.
    Et ainsi le mystérieux vieux Roger Chillingworth devint le conseiller médical du Révérend Dimmesdale. Comme ce n’était pas la maladie seulement qui intéressait, en ce cas, le médecin, mais aussi et surtout le caractère du malade, ces deux hommes d’âge si différent en vinrent à passer beaucoup de leur temps ensemble. Pour améliorer la santé de l’un et permettre à l’autre de récolter des plantes aux sucs bienfaisants, ils allèrent faire ensemble de longues promenades au bord de la mer ou dans la forêt. Ils mêlèrent le bruit de conversations variées au déferlement et aux murmures des vagues, aux cantiques solennels que chantaient les vents à la cime des arbres. Il arrivait souvent aussi que l’un fût l’hôte de l’autre. Il y avait pour le jeune ministre du Seigneur quelque chose de fascinant dans la compagnie de cet homme de science en qui il reconnaissait une culture intellectuelle de très grande étendue, en même temps qu’une liberté de vues qu’il aurait vainement cherchée parmi ses confrères. En vérité, il était effaré, sinon même scandalisé, de trouver cette qualité chez le médecin. Le Révérend Dimmesdale était un véritable prêtre, un véritable croyant. Le sentiment du respect était en lui très développé ; sa tournure d’esprit le poussait à s’engager sur les traces d’une foi religieuse, à les suivre de plus en plus à mesure que passait le temps. Il n’aurait, en nul état social, été ce qu’on appelle un homme aux vues libérales. Une pression, l’armature rigide d’une foi qui tout en emprisonnant soutient, aurait toujours été essentielle à sa paix intérieure. Voir l’univers à travers un esprit tout à fait différent de celui des gens avec qui il s’entretenait d’habitude n’en représentait pas moins pour lui un plaisir, une sorte de soulagement dont il jouissait non sans frémir un peu. C’était comme si une fenêtre avait été ouverte, laissant entrer l’air libre dans le cabinet à l’air épais où sa vie s’usait dans la lueur pâle des lampes, la lumière trop voilée des rayons du soleil, l’odeur sensuelle ou morale, mais moisie, qui s’exhale des livres. Seulement cet air était trop frais, trop froid pour être longtemps respiré avec agrément. Aussi le pasteur, et avec lui le médecin réintégraient les limites de ce que leur Église tenait pour orthodoxe.
    Roger Chillingworth étudiait ainsi avec soin son malade à la fois tel qu’il se montrait dans la vie ordinaire, lorsqu’il cheminait aux côtés de pensées qui lui étaient familières et tel qu’il apparaissait au milieu d’un paysage moral dont la nouveauté aurait pu faire monter quelque chose de différent à

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