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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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en son monde intérieur ne pouvait suffire à expliquer les impulsions dont vint à prendre conscience, pour son grand désarroi, le pauvre pasteur. À chaque pas, il se sentait poussé à faire quelque chose d’étrange, d’excentrique, de coupable, avec le sentiment que ce serait à la fois involontaire et volontaire, qu’il agirait en dépit de lui-même et pourtant sous la force d’une intention qui aurait en lui des racines plus profondes que le mouvement qui s’opposait à sa réalisation. Par exemple, il rencontra un des diacres de sa paroisse. Le bon vieillard s’adressa à lui sur un ton d’affection paternelle que son âge vénérable, sa réputation de sainteté, sa situation dans l’église lui permettaient d’employer, mais en sachant y mêler tout le respect dû à la profession et aux qualités personnelles de son interlocuteur. Eh bien, durant les quelques minutes d’entretien qu’il eut avec cet excellent diacre à la barbe chenue, ce fut à grand-peine que le jeune pasteur put se retenir d’exprimer quelques remarques blasphématoires sur la Sainte Communion ! Il tremblait littéralement et son visage tournait au gris cendre tant il avait peur que sa langue n’allât formuler d’elle-même pareilles abominations et se réclamer de son consentement, bien qu’il ne le lui eût point, en bonne justice, donné. Et même en tremblant ainsi de terreur, il ne pouvait que difficilement s’empêcher de rire en imaginant le patriarcal vieux diacre pétrifié par l’impiété de son pasteur. Un autre incident du même genre se produisit encore. Comme il se hâtait au long de la rue, le Révérend Dimmesdale rencontra la plus âgée de ses paroissiennes. C’était une vieille dame pieuse et exemplaire entre toutes, une pauvre veuve solitaire dont le cœur était aussi rempli de souvenirs sur son mari, ses enfants et ses amis défunts qu’un cimetière peut l’être de tombes à inscriptions funéraires. Cet état de choses, qui aurait pu lui constituer un si écrasant chagrin, devenait presque une façon de joie austère pour sa vieille âme pieuse grâce aux consolations qu’elle tirait des vérités de l’Écriture, sa pâture morale depuis plus de trente ans. Depuis qu’elle faisait partie du troupeau du Révérend Dimmesdale, le plus grand réconfort terrestre de cette bonne vieille était de rencontrer son pasteur, soit par hasard, soit volontairement, et de se faire retremper l’âme par une vérité évangélique tombant toute chaude et parfumée de ces lèvres révérées en son oreille un peu dure, mais passionnément attentive. Or ce jour-là au moment où il approcha ses lèvres de l’oreille de la vieille femme, le Révérend Dimmesdale ne put – le grand ennemi des âmes s’en mêlant – se souvenir d’aucun passage des Écritures, sinon d’un qui était court, vigoureux et constituait, lui semblait-il, un argument sans réplique contre l’immortalité de l’âme. Cette citation, si elle lui avait été insufflée, eût très probablement causé sur le coup la mort de la pauvre vieille dame – aussi radicalement qu’une infusion violemment empoisonnée. Ce qu’il lui chuchota au juste, le pasteur ne put ensuite s’en souvenir. Peut-être une heureuse faute de prononciation intervint-elle et ne laissa pas la bonne veuve saisir le sens de la phrase ou lui permit, la Providence aidant, de l’interpréter à son goût. De toute façon, lorsque le pasteur se retourna pour la regarder, il lui vit une expression de gratitude extasiée qui avait l’air d’un reflet de la cité céleste brillant sur son visage si ridé et si pâle.
    Un exemple encore. Après avoir quitté la plus âgée de ses paroissiennes, le Révérend Dimmesdale rencontra la plus jeune. Cette jouvencelle avait été dernièrement amenée – et par le sermon que prêcha le Révérend Dimmesdale le dimanche qui suivit sa veillée – à échanger les plaisirs passagers de ce monde contre cet espoir en un avenir céleste qui devait se faire de plus en plus tangible et lumineux à mesure que la vie s’assombrirait autour d’elle. Elle était aussi belle et pure qu’un lys qui aurait fleuri en Paradis. Le pasteur savait bien qu’elle lui avait fait un autel dans le sanctuaire immaculé de son cœur, que son image, à lui, était là, derrière de blancs rideaux, communiquant à la religion la chaleur de l’amour, à l’amour une pureté religieuse. Satan, cet après-midi-là, avait sûrement

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