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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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de cuir noir et prit dans sa poche un petit revolver à crosse de nacre qui semblait sorti tout droit des histoires de cow-boys que le rabbin Levartov avait lus dans sa jeunesse. « Cette fois, ça y est, pensa-t-il. Il n’y aura pas de rémission pour défaillance technique. Il ira jusqu’au bout. C’est ce revolver de cow-boy qui va provoquer ma mort, et même si le percuteur refuse de fonctionner, le Hauptsturmführer Goeth se rabattra sur des armes plus primitives. »
    Alors que Goeth visait et tirait à nouveau, continuait à raconter Stern à Schindler, Levartov, tout ébahi d’être encore en vie après les deux ratés successifs du pistolet, regardait autour de lui pour voir s’il n’y aurait pas un objet qui pourrait servir de massue. Mais il n’y avait rien qu’un tas de charbon empilé au coin d’un mur.
    —  Herr Kommandant…, commença Levartov.
    Mais il entendait déjà le bruit sinistre du pistolet d’opérette qu’Amon était en train d’armer. Et puis, un nouveau « clic ». Amon, furieux, semblait vouloir arracher le barillet de la crosse.
    Levartov décida d’adopter la même attitude que les chefs d’équipe dans son atelier.
    —  Herr Kommandant, je voudrais très respectueusement vous signaler que mon tas de charnières n’était pas ce qu’il aurait dû être pour la raison suivante : les machines ont été recalibrées dans le courant de la matinée. C’est pourquoi on m’a ordonné d’abandonner mon établi pour pelleter du charbon.
    Levartov ne venait-il pas de transgresser les règles d’un jeu qui devait se terminer par sa mise à mort ?
    Une sorte de poker menteur où l’un des deux partenaires aurait cessé de mentir. C’était un peu comme si le rabbin avait subtilisé les dés et que la partie se terminait par un fiasco. De sa main gauche qui était libre, Amon lui envoya une claque magistrale. Levartov sentit le sang couler dans sa bouche : c’était donc qu’il était encore en vie.
    Le Hauptsturmführer Goeth tourna les talons. Mais Levartov savait que ce n’était que partie remise.
    Pendant qu’il racontait l’affaire à Oskar dans son bureau de l’administration, Stern en mimait toutes les péripéties. Tour à tour, il se baissait, joignait les mains, levait les yeux vers le ciel comme pour mieux essayer de convaincre son interlocuteur.
    —  Pas de problème, dit Oskar. (Puis, ne résistant pas à l’envie de taquiner Stern, il ajouta :) Mais pourquoi toute cette longue histoire ? Vous savez très bien qu’il y aura toujours de la place à Emalia pour quelqu’un qui sait fabriquer une charnière en moins d’une minute.
    Quand, dans le courant de l’été 1943, Levartov et son épouse arrivèrent dans le camp annexe d’Emalia, le rabbin dut subir ce qu’il prit d’abord pour une petite plaisanterie anticléricale de la part de Schindler. Les vendredis après-midi, alors que Levartov s’affairait sur son tour dans l’atelier de munitions de la DEF, Schindler s’approchait derrière lui pour dire :
    —  Vous ne devriez pas être ici, rabbin. Vous devriez vous préparer pour le sabbat.
    Mais quand Schindler lui remit une bouteille de vin pour la cérémonie religieuse, Levartov sut que Herr Direktor n’avait pas voulu plaisanter. Tous les vendredis, un peu avant le crépuscule, le rabbin allait être relevé de son travail pour se rendre dans sa baraque derrière les ateliers de la DEF. Là, sous des rangées de linge humide suspendu à des bouts de ficelle, au milieu des paillasses à quatre étages, et à l’ombre des miradors SS, il réciterait le kiddush en tenant son gobelet de vin.

CHAPITRE 24
     
    L’Oskar Schindler qu’on pouvait voir à cette époque sauter de cheval dans la cour d’Emalia était encore le prototype du grand capitaine d’industrie. Il avait toujours cette allure de jeune homme mince qui le faisait ressembler aux George Sanders ou Curd Jürgens d’autrefois à qui on l’avait souvent comparé. Sa veste comme sa culotte de cheval sortaient du meilleur faiseur. Ses bottes brillaient comme un miroir. C’était véritablement un homme dans le vent.
    Mais quand il rentrait de ses balades équestres pour se rendre dans son bureau, il devait se colleter avec toutes sortes de factures qui, même pour une entreprise aussi excentrique que la DEF, pouvaient paraître bizarres.
    Chargements de pain en provenance de la boulangerie de Plaszow à raison de quelques centaines de miches délivrées deux fois

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