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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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Elle constata à son attitude à la fois un peu polissonne et très homme du monde qu’il appréciait les jolies femmes. Il lui fit signe, avec toute la courtoisie qu’on accorderait à une star, de le suivre dans l’escalier. Elle voulait lui parler en tête à tête ? Mais bien sûr. Il passa avec elle devant le bureau de Klonowska qui prit la chose très calmement : la fille était sans doute venue pour une combine de marché noir ou de trafic de billets. Peut-être faisait-elle partie d’un réseau de résistance ? Peut-être même y avait-il là-dessous quelque raison sentimentale ? Quoi qu’il en soit, une fille aussi délurée que Klonowska ne pouvait pas prétendre avoir Oskar pour elle toute seule. Et l’inverse était également vrai.
    Arrivé dans son bureau, Schindler fit asseoir la jeune femme et alla s’installer dans son fauteuil, derrière lequel trônait le portrait rituel du Führer. Une cigarette ? Ou peut-être un cognac ou un Pernod ? Non, non, mais que cela ne l’empêche pas d’en prendre. Oskar alla se verser une rasade dans son placard à liqueurs. «Alors, quelle est donc cette affaire urgente ? » s’enquit-il en prenant soudain le ton de l’homme occupé. L’attitude de la jeune femme avait changé, elle aussi. Il lui paraissait absurde de tout lâcher – les faux papiers que son père s’était procurés contre cinquante mille zlotys, les parents à Plaszow – devant un Sudetendeutscher mi-ironique, mi- inquiet, qui tenait un verre à dégustation de cognac dans une main. Et pourtant, ce fut la chose la plus facile qu’elle eût jamais faite.
    —  Voilà, Herr Schindler. Je ne suis pas une Polonaise d’origine aryenne. En fait, je m’appelle Perlman. Mes parents sont à Plaszow. Ils disent, et je le crois, qu’être transféré à Emalia, c’est obtenir en quelque sorte une Lebenskarte – une assurance sur la vie. Je n’ai rien à vous donner en échange. J’ai dû emprunter les vêtements que je porte pour venir ici. Pouvez-vous faire quelque chose ?
    Schindler posa son verre et se leva.
    —  Vous voulez que je m’arrange en douce, n’est-ce pas ? Je ne mange pas de ce pain-là. Ce que vous proposez, Fräulein, est illégal. J’ai la charge d’une entreprise, ici à Zablocie, et la seule question qui m’intéresse est de savoir si telle ou telle personne est qualifiée ou non. Si vous voulez bien me laisser votre adresse, je pourrai éventuellement vous envoyer une lettre indiquant que j’ai besoin d’ouvriers qualifiés.
    —  Mais ils ne peuvent pas venir en tant qu’ouvriers qualifiés, dit Fräulein Perlman. Mon père est un importateur, pas un métallurgiste.
    —  Nous avons également des employés de bureau, répondit Schindler, mais ce dont j’ai le plus besoin, c’est d’ouvriers.
    Elle ne pouvait plus rien. A moitié aveuglée par les larmes, elle écrivit son faux nom et son adresse. Il en ferait ce qu’il voudrait. Mais une fois dans la rue, elle commença à réfléchir. Peut-être Schindler avait-il pensé qu’elle jouait les moutons et qu’elle était venue pour le coincer. Pourtant, il s’était montré bien distant. Il ne lui avait même pas montré le moindre geste de sympathie en la priant de quitter son bureau.
    Moins d’un mois après cette entrevue, M. et Mme Perlman furent transférés à Emalia. Ils n’étaient pas les seuls. En fait, ils faisaient partie d’un groupe de trente travailleurs. De temps à autre, Regina Perlman allait pouvoir se rendre rue Lipowa et pénétrer à l’intérieur de l’usine en distribuant quelques pots-de-vin. Son père servait d’homme à tout faire, plongeant les casseroles dans les cuves, pelletant le charbon, déblayant les rebuts autour des machines.
    —  Mais il parle à nouveau, dit Mme Perlman à sa fille. A Plaszow, il était devenu muet.
    En fait, malgré les baraques ouvertes à tous les vents, la plomberie défectueuse, on respirait à Emalia un certain air de sérénité fragile, un sentiment de permanence qu’elle-même ne pourrait jamais connaître à Cracovie avec ses faux papiers.
    Mlle Perlman-Rodriguez eut la délicatesse de ne pas compliquer la vie d’Oskar en forçant la porte de son bureau pour lui témoigner sa gratitude. Mais chaque fois qu’elle quittait la DEF par le grand portail jaune, elle ne pouvait s’empêcher de jalouser un peu ceux qui restaient à l’intérieur.
    Il y eut ensuite toute une campagne pour tenter de faire transférer à

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