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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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n’arrivait toujours pas à se décider. Devait-il faire alliance avec Oskar ? Ajouter trois mille noms à la liste ?
    L’ordre chronologique des noms portés sur la liste d’Oskar est encore aujourd’hui auréolé d’un certain mystère, comme il convient d’ailleurs à toute légende. Le mystère ne porte pas sur l’existence même de la liste – on peut en voir une copie dans les archives de Yad Vashem. Ni même sur les noms de ceux qu’Oskar et Titsch avaient oublié de faire figurer et qu’ils ajoutèrent en dernière minute. Mais les circonstances de l’établissement de cette liste encouragent les légendes. Les survivants se rappellent cette liste avec une telle émotion que la réalité se brouille. La liste, c’était le bien absolu. C’était la vie. Au-delà de ces quelques feuillets bourrés de noms, il n’y avait plus qu’un trou noir.
    Certains parmi les élus de cette liste se rappellent qu’il y eut une soirée d’adieux dans la villa de Goeth, une petite fête où SS, directeurs et cadres des différentes usines se réunirent pour fêter les bons moments passés ensemble. Certains avancent même que Goeth était là, mais cela paraît impossible dans la mesure où les SS ne relâchaient jamais quelqu’un sous caution. D’autres pensent que la petite fête eut lieu dans les appartements d’Oskar, au-dessus de l’usine. Au cours des deux années précédentes Oskar avait donné là de nombreuses et très divertissantes soirées. Un prisonnier se rappelle qu’au début de 1944, alors qu’il était veilleur de nuit, il avait vu Oskar descendre de son appartement vers 1 heure du matin pour échapper au bruit que ses hôtes faisaient en haut. Il avait apporté deux gâteaux, deux cents cigarettes et une bouteille pour son ami, le veilleur de nuit.
    Quel que soit l’endroit où cette soirée eut lieu, on sait qu’y participèrent le Dr Blancke, Franz Bosch, et, selon certains, l’Oberführer Julian Scherner qui aurait pris quelques jours de permission pour se reposer de sa chasse aux partisans. Madritsch était là également, ainsi que Titsch qui dira plus tard que c’est au cours de cette soirée que Madritsch informa Oskar qu’il ne viendrait pas avec lui en Moravie.
    —  J’ai fait tout ce que j’ai pu pour les juifs, lui avait-il dit.
    Et c’était vrai. Mais il n’arrivait pas à se persuader du bien-fondé d’aller en Moravie malgré tous les arguments que Titsch lui avait assenés au cours des derniers jours.
    Madritsch était un homme juste. Et il sera plus tard honoré comme tel. Mais il ne croyait pas que l’affaire de Moravie pût être mise sur les rails. S’il l’avait cru, tout laisse à penser qu’il aurait essayé.
    Ce que l’on sait encore à propos de cette soirée, c’est qu’il y avait un élément d’urgence : la liste de Schindler devait être remise ce même soir. Tous les survivants sont formels sur ce point. Ils n’ont pu d’ailleurs être mis au courant que par Oskar qui, il est vrai, avait tendance à embellir l’histoire. Mais au début des années 60, Titsch confirmera ce point. Peut-être le nouveau commandant de Plaszow, le Hauptsturmführer Büscher, avait-il dit à Oskar : « Allez, Oskar, assez tergiversé. Il me faut maintenant tous les noms pour qu’on puisse s’occuper du transport. » Peut-être l’Ostbahn avait-elle fixé une date limite au-delà de laquelle elle ne pourrait plus assurer ce transport ?
    A la fin de la liste d’Oskar, précédant les signatures officielles, Titsch se mit à taper les noms des prisonniers de Madritsch. Il y en eut presque soixante-dix, qu’Oskar et Titsch ajoutèrent de mémoire. Parmi eux, la famille Feigenbaum – la fille, une adolescente, était atteinte d’un cancer incurable des os ; le fils, Lutek, qui n’avait pas vingt ans, possédait une toute petite expérience de réparateur de machines à coudre. Désormais, ils seraient des experts hautement qualifiés dans la fabrication de munitions. Pendant que se poursuivait la soirée, que les invités chantaient, riaient, buvaient et fumaient comme des sapeurs, Oskar et Titsch, relégués dans un coin, s’interrogeaient mutuellement pour essayer de savoir l’épellation correcte de ces sacrés patronymes polonais.
    A la fin, Oskar dut modérer l’ardeur de Titsch.
    —  On a déjà dépassé la limite autorisée, dit-il. Ils vont nous faire des ennuis si nous continuons.
      Titsch n’en continuait pas moins de

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