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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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mille cent prisonniers accordés à Oskar. Oskar ne pouvait pas non plus être derrière Goldberg à chaque moment de la journée. Déjà, il passait le plus clair de ses heures de bureau à ergoter avec des fonctionnaires, et les soirées à leur graisser la patte.
    Il devait obtenir des services du général Schindler, où il avait pourtant pas mal d’amis, les autorisations spéciales pour le transport des grosses machines Hilo et des presses. Mais certains fonctionnaires vétilleux avaient soulevé des problèmes susceptibles de faire capoter toute l’affaire.
    Un rond-de-cuir de l’Inspection des armements avait découvert que les machines destinées à la fabrication des obus avaient été délivrées à Oskar sur la recommandation de la section berlinoise de l’Inspection des armements et avec l’aval du service de contrôle des licences. Aucun de ces deux organismes n’avait été notifié du transfert en Moravie. Or, il fallait absolument obtenir leur avis favorable. Cela prendrait peut-être un mois. Or, Oskar ne disposait pas d’un mois. Plaszow serait vidé à la fin d’octobre et tous les prisonniers seraient transférés soit à Gröss-Rosen, soit à Auschwitz. Le problème fut finalement résolu comme à l’habitude, à coups de pots-de-vin.
    Oskar avait d’autres soucis. Que manigançaient les services SS de police qui s’occupaient d’Amon? En fait, il s’attendait presque à être arrêté ou, en tout cas, soumis à des interrogatoires serrés sur les relations qu’il entretenait avec l’ancien commandant. Heureux encore qu’il ait anticipé la chose, car Amon, pour expliquer ses quatre-vingt mille Reichsmark, n’avait rien trouvé de mieux à dire que :
    —  C’est Oskar Schindler qui me les a remis pour que j’y aille doucement avec les juifs.
    Oskar se devait donc de garder des contacts avec quelques amis de la rue Pomorska qui pourraient éventuellement lui dire dans quelle direction allait tourner le vent.
    Dans la mesure où son camp de Brinnlitz allait être placé sous la juridiction du KL de Gröss-Rosen, il lui fallait également se mettre en relation avec le commandant de Gröss-Rosen, le Sturmbannführer Hassebroeck. Cet homme serait responsable de plus de cent mille morts. Mais, tant au téléphone qu’au cours d’un entretien qu’il eut ensuite avec Oskar, il apparut que ces morts-là ne pesaient guère sur sa conscience. Les gentlemen-tueurs, Schindler en avait trop rencontré pour ignorer comment les prendre. Il remarqua que Hassebroeck lui était presque reconnaissant d’étendre son empire jusqu’aux confins de la Moravie. Car Hassebroeck se voyait déjà à la tête d’un empire. Il avait sous sa juridiction cent trois camps annexes. (Brinnlitz serait le cent quatrième et constituerait un superbe fleuron avec ses mille et quelques prisonniers et ses usines performantes.) Soixante-dix-huit de ces camps étaient situés en Pologne, seize en Tchécoslovaquie, dix en Allemagne. C’était un fromage dont Amon lui-même n’aurait jamais pu rêver.
    Oskar n’en pouvait plus de caresser les gens dans le sens du poil et de remplir des circulaires. Aurait-il eu le temps de surveiller les agissements de Goldberg, il n’est pas certain qu’il eût pu les contrôler. Quoi qu’il en soit, les survivants témoigneront que le jour et la nuit qui précédèrent la fermeture du camp, ils eurent l’impression de sombrer dans un chaos indescriptible. Goldberg – Lord des Listes – jouait les partants dans le désordre.
    Il avait été sollicité par le Dr Idek Schindel pour qu’il l’inscrive, ainsi que ses deux frères. Goldberg avait différé sa réponse et Schindel ne découvrirait que le 15 août, alors que tous les prisonniers mâles étaient rassemblés pour le départ, que ni lui ni ses frères n’étaient inscrits. Ils tentèrent pourtant de s’immiscer dans le groupe des partants. Ce fut une scène du Jugement dernier : les exclus tentant de rejoindre le groupe des élus, tandis que l’ange exterminateur – dans ce cas l’Oberscharführer Müller – jouait les justiciers. Il s’approcha du médecin, un fouet à la main, et le frappa à tour de bras sur le visage tandis qu’il lui demandait avec un sourire amusé : « Pourquoi diable tenez-vous tant à rejoindre ce groupe ? »
    Schindel resterait à Plaszow encore un petit moment avec quelques autres prisonniers laissés en arrière-garde pour démanteler le camp. Il serait ensuite

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