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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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la cheminée. Cet insigne, plus l’aspect cossu de l’Allemand, réveillait les sentiments de frustration que pouvait éprouver un jeune Polonais affligé d’une grippe.
    Aue fit les présentations.
    —  Je dois vous dire, monsieur, que je suis juif, annonça Stern, conformément à l’ordonnance promulguée par le gouverneur Frank.
    —  Bon, eh bien moi, je suis allemand, grogna Schindler.
    Stern était démangé par l’envie de lui dire : « Dans ce cas, pourquoi ne faites-vous pas supprimer l’ordonnance ? »
    Il est vrai qu’après seulement sept semaines de l’ordre nouveau en Pologne, Stern n’était pas seulement victime de ce décret, mais de beaucoup d’autres. Pas moins de six avaient été promulgués par le gouverneur général, Hans Frank, à lui tout seul. Sans compter ceux qu’avait émis son adjoint, le Gruppenführer SS, Otto Wächter. Outre l’obligation de faire savoir qu’il était juif, Stern devait porter sur lui en tout temps une carte d’identité frappée d’une bande jaune. Les décrets interdisant la préparation de nourriture kasher et institutionnalisant le travail forcé avaient été proclamés trois semaines auparavant. Et la ration quotidienne des Untermenschen, les sous-hommes comme Stern, ne dépassait guère de moitié celle consentie aux Polonais non juifs, déjà considérés comme des moins-que-rien.
    Enfin, une ordonnance, datée du 8 novembre, obligeait tous les juifs de Cracovie à se faire enregistrer auprès des autorités d’occupation dans les quinze jours à venir.
    Et ce n’était qu’un début. Stern était assez clairvoyant pour imaginer que d’autres ordonnances seraient prises, qui ne manqueraient pas de rétrécir encore plus son espace vital. La plupart des juifs partageaient cet avis. Ils avaient déjà eu un avant-goût de ce qu’on leur préparait : les juifs des shtetls (petites bourgades rurales) étaient expédiés dans les grandes villes pour y pelleter le charbon, les intellectuels des villes étaient envoyés à la campagne pour récolter les betteraves. Ils savaient qu’ils n’étaient pas à l’abri d’un massacre. Déjà, dans le village de Tursk , une unité SS d’artillerie avait, quelque temps auparavant, obligé des membres de la communauté juive à réparer un pont pendant toute une journée avant de les conduire dans la synagogue pour les y fusiller. Oui, tout cela se reproduirait. Mais, en fin de compte, les choses parviendraient à un statu quo, croyaient-ils. La race survivrait. A force de tractations, de pétitions, de pots-de-vin – c’était la vieille méthode, imparable, et que toutes les communautés juives en péril avaient utilisée au cours de l’Histoire depuis l’Empire romain. Et puis, de toute façon, les autorités civiles auraient besoin des juifs, de leur travail. Ne représentaient-ils pas, dans ce pays, près d’un dixième de la population ?
    Stern, en fait, n’y croyait qu’à moitié. Il ne pensait pas que les décrets à venir, si sévères soient-ils, puissent faire l’objet d’un quelconque marchandage. Et même s’il ignorait ce que réservait l’avenir, il le pressentait déjà assez sombre pour penser « parfait, Herr Schindler, mais votre geste pour nous mettre sur un pied d’égalité, ça ne signifie strictement rien ».
    —  Cet homme est le bras droit de Buchheister, dit Aue en présentant Itzhak Stern. Il a ses entrées dans les milieux d’affaires de Cracovie.
    Inutile, pour Stern, de prétendre le contraire. Il se demanda si le chef comptable n’était pas en train de dorer la pilule à ce visiteur distingué.
    Aue les pria de l’excuser.
    Resté seul avec Stern, Schindler dit à son interlocuteur qu’il lui serait reconnaissant s’il pouvait lui donner quelques précisions sur ces milieux d’affaires. Stern tenta d’en savoir plus sur Oskar : pourquoi ne s’adressait-il pas aux directeurs de l’Agence des contrôles ?
    —  Tous des voleurs ! répliqua Schindler. En plus, ce sont des ronds-de-cuir. J’ai besoin d’un peu de souplesse… Je suis capitaliste de tempérament et je n’aime pas travailler dans un carcan administratif.
    C’était gagné. Et ce fut sur un ton presque amical que les deux hommes se mirent à discuter. Stern, manifestement, était l’homme de la situation. Il paraissait avoir des amis ou des parents dans tous les secteurs industriels ou commerciaux de Cracovie, textile, confection, ateliers de montage,

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