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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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rallier les bons offices du Polonais d’origine allemande qu’il rencontrerait dans les bars ou au cours de conversations d’affaires…
    Les admirateurs inconditionnels d’Oskar diront qu’il a accepté de travailler pour Canaris parce que sa fonction d’agent spécial allait lui permettre d’éviter la mobilisation. Cela a dû jouer. Mais il a sans doute pensé qu’une invasion allemande de la Pologne ne serait pas malvenue pour ses affaires. Et il devait partager les idées de son interlocuteur allemand : la patrie valait bien quelque reconnaissance, même si les pitres qui la dirigeaient ne valaient rien… De plus, aux yeux d’Oskar, Gebauer et ses agents au service de l’Abwehr semblaient appartenir à l’élite de la nation. C’étaient des chrétiens, pas des nazis. Qu’ils aient programmé, tout comme les autres, l’invasion de la Pologne ne les empêchait pas d’éprouver un certain dégoût pour Himmler et ses SS avec qui ils se disputaient la mainmise sur la conscience d’un peuple.
    Plus tard, un autre service de renseignements noterait « excellents » les rapports fournis par Oskar. Pendant ses voyages en Pologne pour le compte de l’Abwehr, il fit preuve d’un certain flair pour tirer les vers du nez aux gens qu’il rencontrait dans des cocktails ou des soirées. Nous ignorons la nature exacte des informations qu’il transmettait à Gebauer et Canaris, mais nous savons qu’il se prit d’affection pour Cracovie, ville de modeste importance industrielle, mais charmante cité médiévale à peine détériorée sur ses abords par quelques usines de textile, de chimie et de métallurgie.
    Quant à la puissance de feu des divisions polonaises, c’était un secret de Polichinelle…

CHAPITRE 2

     
    A la fin du mois d’octobre 1939, deux jeunes sous-officiers allemands entrèrent dans le hall d’exposition de la firme J. C. Buchheister et Co, située dans la rue Stradom de Cracovie pour y acheter quelques pièces de tissu qu’ils désiraient envoyer chez eux. L’employé juif, une étoile de David cousue sur sa poitrine, expliqua que Buchheister ne faisait pas la vente directe au public, mais seulement aux ateliers de couture et aux détaillants. Les militaires ne voulurent rien entendre. Ils réglèrent leur facture avec un billet bavarois datant de 1858 et des billets qui remontaient à l’occupation allemande de la Pologne en 1914. « Tout à fait valables », déclara l’un d’eux à l’employé. Ces jeunes gens frais et roses, qui avaient passé le printemps et l’été en manœuvres avant de se lancer dans la guerre éclair de l’automne, avaient le comportement type des nouveaux conquérants. L’employé n’avait pas intérêt à leur chercher querelle.
    Quelques heures plus tard, un jeune comptable allemand de l’Agence des contrôles de l’Est – un organisme créé spécialement pour réquisitionner et faire tourner les affaires juives – entra dans le magasin de Buchheister. Deux comptables étaient chargés de superviser les transactions commerciales de la firme : Sepp Aue, le chef, un homme d’âge mûr, sans grande personnalité, et son assistant venu vérifier ce jour-là les registres et le tiroir-caisse. Il s’étonna d’y découvrir des billets complètement bidons. Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
    L’employé juif tenta d’expliquer l’affaire sans toutefois parvenir à convaincre son interlocuteur : pour ce dernier, aucun doute, l’employé avait substitué quelques zlotys en échange de cette monnaie de singe. Il alla rendre compte de l’affaire à son supérieur, Sepp Aue, dont le bureau était situé à un étage supérieur qui servait d’entrepôt. Il fallait, dit-il, appeler la Schutzpolizei.
    Herr Aue et son subordonné savaient tous deux qu’une telle démarche aboutirait à l’incarcération de l’employé dans la prison SS de la rue Montelupich. Le jeune comptable était pour : ce serait, disait-il, un excellent avertissement pour les quelques juifs qui travaillaient encore chez Buchheister. Aue ne partageait pas cet avis. Il est vrai que sa grand-mère était juive, détail que tout le monde ignorait alors.
    Aue, qui avait décroché son poste par filon politique, n’avait pas la réputation d’être un foudre de comptabilité. Aussi expédia-t-il un messager quérir Itzhak Stern, un Juif polonais qui tenait les registres de la firme Buchheister. Bien que celui-ci fût affligé d’une forte grippe,

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