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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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il devait rappliquer immédiatement : Aue voulait avoir son avis sur cette histoire de billets bidons. A peine avait-il donné des ordres dans ce sens que sa secrétaire lui rappela le rendez-vous qu’il avait donné à un certain Herr Schindler. Ce monsieur était arrivé. Aue alla jeter un coup d’œil dans l’antichambre où il aperçut un grand jeune homme en train de fumer tranquillement. C’était bien la même personne qu’il avait rencontrée la veille au cours d’une soirée où Oskar était accompagné d’une Allemande des Sudètes, Ingrid, qui exerçait les mêmes fonctions que lui pour le compte de l’Agence des contrôles de l’Est. Ingrid et Oskar formaient un couple parfait, manifestement très amoureux. Ils semblaient avoir tous deux des tas d’amis haut placés dans l’Abwehr.
    Dans le cours de la conversation, Oskar avait suggéré qu’il aimerait s’installer à Cracovie. «Dans les textiles, peut-être, avait lancé Aue en ajoutant : Vous savez, il n’y a pas que les uniformes. Le marché polonais offre des tas de possibilités…» Pourquoi Oskar ne viendrait-il pas voir comment ça se passait chez Buchheister ? Aue se mit à regretter cette proposition faite à 2 heures du matin sous l’influence de l’alcool.
    Schindler, dans l’antichambre, perçut tout de suite ses réticences :
    —  Si je vous dérange, monsieur le chef comptable…
    —  Mais non, mais non, répliqua Herr Aue, qui entreprit de faire faire à Oskar le tour des entrepôts et de la filature situés de l’autre côté de la rue.
    Schindler demanda à son interlocuteur si le fait de travailler avec des Polonais lui posait des problèmes. Non, pas de problèmes. Les Polonais se montraient même assez coopératifs. Mais, après tout, ici, ce n’était pas une usine d’armements.
    Aue aurait aimé savoir si Oskar avait le bras aussi long qu’il le laissait paraître. Connaissait-il les gens du service des armements ? Et le général Julius Schindler ? Quelqu’un de la famille peut-être ?
    —  Quelle importance ? répondit Oskar avec un sourire désarmant. (En fait, le général n’était pas de sa famille.) C’est un homme compétent, surtout si on le compare à quelques autres.
    Aue ne pouvait qu’en convenir. Mais lui, le chef comptable, ne s’assiérait jamais à la même table que le général Schindler. C’était toute la différence.
    De retour à son bureau, Aue aperçut dans l’antichambre le comptable juif, Itzhak Stern, qui toussait et se mouchait bruyamment, mais qui se leva néanmoins immédiatement à l’approche des deux hommes en leur lançant un regard apeuré. Après avoir offert un verre à Oskar, Aue s’excusa pour aller trouver Stern.
    Le jeune homme, très mince, très sérieux, aurait pu passer pour un de ces experts en études talmudiques. Aue lui raconta toute l’histoire survenue le matin entre l’employé de Buchheister et les sous-officiers. Il alla chercher dans le coffre les billets sans valeur.
    —  Je pensais que vous auriez peut-être institué une procédure comptable pour faire face à ce type de situation, dit Aue. Je suppose que ça doit être assez courant à Cracovie en ce moment.
    Itzhak examina les billets. Oui, en effet, il avait institué une procédure. Sans l’ombre d’un sourire, il s’approcha du poêle et y jeta les billets.
    — Je fais entrer ces déchets dans la colonne « pertes et profits » sous la rubrique « échantillons gratuits », dit-il. Depuis septembre, il y a eu beaucoup d’échantillons gratuits.
    Aue apprécia la réponse : efficace, sans fioritures et valable d’un point de vue comptable. Il se mit à rire en regardant le visage sec et tiraillé de Stern. « Un visage à l’image de Cracovie », pensait-il. Une petite ville déchirée où l’on ne s’en tirait que grâce au système D. Herr Schindler, toujours assis dans le bureau, gagnerait peut-être à être mis au courant des pratiques locales.
    Aue fit signe à Stern d’entrer dans le bureau où Oskar se réchauffait près de la cheminée, un verre à la main. Quand il vit Schindler, Stern pensa immédiatement : « Cet Allemand-là ne doit pas être facile à manipuler. » Aue, comme tous les bons Allemands de l’époque, portait à la boutonnière le badge de fidélité au Führer, un petit insigne qui aurait pu aussi bien être celui d’un club cycliste. Rien à voir avec le gros macaron de Schindler dont l’émail reflétait les flammes de

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